L’ange de la mort
Marie lui avait dit qu’elle avait rencontré l’ange de la mort.
- L’ange de la mort, rien que ça ?
Il avait l’habitude des rencontres étranges qu’elle prétendait avoir faites. N’avait-elle pas eu, aussi, un tête-à- tête avec le président de la République, il y a quinze jours ? Moment où il lui aurait confié que l’après serait comme l’avant et qu’il ne croyait en rien, sinon en lui-même ?
Mais avec cet ange de la mort, le duo avait été délirant et Marie en était ressortie hystérique, ou presque. Dans sa longue robe rouge aux volants verts et jaunes, elle lui avait dit en tournant autour de lui comme un derviche : « On ira tous au paradis, bonnes sœurs ou voleurs, saints ou assassins, professeurs ou bonimenteurs, soignants ou contrevenants, protestants ou musulmans, athées ou cinglés…»
- Arrête, lui avait-il dit, tu m’emmerdes !
- Pourquoi tu t’énerves puisque la résurrection t’attend ?
- La résurrection, je m’en tape. Je préfère le présent, avait-il conclu.
Soudain, en observant le visage de Marie, il pensa à cette phrase de Christian Bobin « J’aimerais tellement aimer ceux que je vois, mais pourquoi sont-ils si peu présents à eux-même. »…
PS : Photo prise à la Bouille en 2018.