Les masques
On était le mardi deux juin 2020 et, depuis cette rentrée post-coronavirus, dans les salles de classes, c’était masque obligatoire pour tout le monde. Sans parler du plexiglass qui faisait aussi son entrée au lycée. Elle avait l’impression d’être au tribunal, en prison ou dans une chambre funéraire, mais pas dans sa salle de classe.
Faire cours avec un masque sur la bouche la mettait à rude épreuve, d’autant plus qu’elle enseignait une langue étrangère. Quant aux élèves, non seulement ils ne comprenaient plus rien, mais ils évitaient de parler. Même les 5 % qui, d’ordinaire, donnaient un petit élan de vie au cours n’ouvraient plus la bouche. « Pas pratique », avaient-ils dit, « on préfère se taire ». Un monde de fous, pensa-t-elle, mais jusqu’à quand cette mascarade allait-elle durer ? Elle attendait les vacances avec impatience, mais des vacances pour aller où ?