L’exaspération

Quand elle lui avait demandé comment il allait après le décès de sa mère, il avait répondu énervé.

-          Putain, il y a des morts exaspérants, je t’assure !

Elle n’avait pas compris. Lui si attentif, si gentil avec sa mère.

-          Mais pourquoi tu dis ça ?

Il avait hésité puis avait fini par lâcher le morceau.

-          Quand elle était vivante je n’en venais pas à bout et depuis qu’elle est morte, elle envahit le territoire, elle est toujours là.

-          Et si tu allais voir quelqu’un pour t’aider ?

Le « quelqu’un » le fit rugir aussitôt.

-          Quelqu’un ? Tu me prends pour un dingue ou quoi ?

-          Tout de suite les grands mots. Je voulais dire quelqu’un qui t’écouterait et te remettrait sur le chemin de la vie, celle que tu aimerais vivre, maintenant, la tienne.

Il ne lui répondit rien et continua à maugréer, en boucle. Puis, avant de partir, il conclut.

-          Putain, il y a des morts exaspérants ! Tu verras quand ta mère mourra.

Comments

[alainx]

Il y a des mères courageuses pour avoir supporté des fils aussi exaspérants que celui-là !

[K]

Faudrait voir à pas trop exaspérer, là hein ?

[Chinou]

Oh, zut, il avait oublié que sa belle mère était déjà morte depuis belle lurette.

[LOU]

Il n'a donc rien compris. Car l'éternité ne s'atteint que si l'on reste dans la mémoire des vivants !

Sinon, il n'a qu'à ouvrir les fenêtres et laisser l'âme de sa maman s'évader, ailleurs.

[D. Hasselmann]

Il faudrait arriver à inverser les choses : les fils mourraient toujours avant les mères (du moins, les "exaspérantes" !)... ;-)