Il y a bien longtemps – et cela n’a pas dû changer, bien au contraire - j’avais entendu deux policiers dire que lorsqu’ils voyaient des jeunes de banlieue qui détalaient à leur approche, c’était certainement parce qu’ils avaient quelque chose à se reprocher… Mouais, je veux bien ! Mais qu’est-ce qu’ils voudraient qu’ils fassent les jeunes de banlieue ? Qu’ils les attendent pour leur donner l’accolade et leur parler de leurs problèmes avec leurs parents ?
Je dois dire que moi-même – alors que je pense entrer dans la catégorie des gens intégrés socialement - la dernière fois que j’ai été arrêtée par des gendarmes mobiles sur le bord de la route je n’ai eu qu’une envie c’est de détaler car je me suis sentie en faute ; sans doute de vieux réflexes reptiliens réactivés par tout ce qu’on voit à la télé ! Tout, dans le comportement du gendarme à qui j’ai eu affaire, tendait à me prouver que j’étais coupable : « Descendez de voiture ! » « Suivez-moi ! » « Montez dans notre voiture ! » « Et le contrôle technique ? Vous auriez dû le faire ! » « Donnez-moi vos papiers ! » « Ce qu’on va faire de vos papiers ? On les garde et vous viendrez les rechercher dans nos bureaux ! ». Une soudaine bouffée de colère contre lui est montée mais je me suis contrôlée.
Total, une semaine plus tard, le même gendarme mobile sonnait chez moi pour me rapporter mes papiers – ordre du chef ! - parce qu’il avait commis une erreur. Ah, il n’était pas si fier sur mon palier, le regard terne, la botte moins conquérante, l’uniforme en berne et l’excuse aux lèvres. Je vous jure que j’ai tout fait pour ne pas l’humilier !
Tout ça pour dire que Jeudi 5 décembre, je serai dans la rue car cette réforme des retraites - comme toutes les précédentes depuis 1993 - n’a qu’un objectif : diminuer les retraites, sauf que, avec ce projet de retraite par points, nous allons encore plus loin dans la duperie. Maintenant, j’ose espérer que les policiers ne réagiront pas jeudi, comme ils l’ont fait depuis novembre 2018 dans la plupart des manifestations qui ont eu lieu. Par prudence, je garderai mon casque dans ma sacoche de vélo, au cas où… sans oublier un foulard, bien sûr.
PS : prochain texte, samedi matin. C'est fatigant une grève !