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6 mars 2019

Rossini

Après le texte de Mado, voici le mien. Toujours Rossini, et toujours le duo des chats.

 

 

Duo or not duo

 

En quittant la fête à laquelle ils avaient été invités, il lui avait dit.

-          J’en ai marre de ce duo de cons !

-          Lequel ?

-          Le nôtre.

Elle se tut.

-          Pas grave, murmura-t-elle, habituée à ses colères soudaines.

-          Quoi, pas grave, réagit il. Mais si, c’est très grave, parce que maintenant, quand je t’entends chanter je ne peux plus jouer de piano pour la seule raison que je ne supporte plus ta voix parlée.

Ce type était un obsessionnel de première. Elle ajouta tout de même en souriant.

-          Mais nous pouvons ne plus vivre ensemble et continuer notre duo piano et voix, non ?

Son silence dura  deux minutes. Il  sortit un calepin de son sac à dos, il prit ses lunettes, les chaussa et commença sa lecture :

«  Le jeu de l’Auguste et du clown blanc me rend malade. Je ne veux être ni Laurel, ni Hardy, ni Sancho Pança ni Don Quichotte. Je ne veux ni tragédie, ni comédie, ni pleurs, ni rires, ni enfants, ni beaux-parents, ni soprane, ni voix. J’ai décidé que c’était la scène finale. Rideau. »

Il ferma son calepin et le remit dans son sac à dos en laissant ses lunettes sur les yeux. Aussitôt elle applaudit.

-          Bravo, bravissimo maestro. Un soliste et un seul c’est bien mieux. L’emmerdeuse ne va plus te sucer ton sang afin que ta brillante carrière s’épanouisse. Peu importe d’ailleurs, je trouverai un autre pianiste mais cette fois-ci, j’éviterai de vivre avec lui.

-          Alors tu t’en fous !

-          Déménage au plus vite, ce sera mieux pour moi. Et surtout n'oublie pas que le piano est à moi, c’est un cadeau de mes parents. Et d'ailleurs, ce soir, je ne rentrerai pas, je vais dormir chez Alice.

-          Alice ? La pianiste qui vit au pays des merveilles ?

-          Celle-là même, pourquoi ?

Il ne répondit pas. Il détestait tout chez Alice, sa joie, la façon dont elle attaquait l’instrument, ses longues mains blanches à la souplesse déconcertante et surtout, sa complicité avec Marie. Mais il était trop tard. Il ne pouvait plus faire marche arrière.

En rentrant, il lui revint à l'esprit que c’était la troisième fois qu’il se séparait d’une  soprane. Mais que ne supportait-il pas chez elles ? Etait-ce leurs aigus troublants qui lui rappelaient ceux de sa mère - soprane elle-même - ou les cris qui  accompagnaient encore le duo que ses parents formaient ? Un duo que les années n'avaient en rien perfectionné...

 

PS : prochain texte mardi 12 mars

4 mars 2019

Rossini

 Mado est de retour chez Presquevoix et, toutes deux, nous avons planché sur le Duo des chats de Rossini que vous pourrez écouter ci-dessous.

Aujourd'hui vous pouvez lire son texte, le mien sera en piste  mercredi 6 mars.

 

Montserrat Caballé e Montserrat Martì - Duetto buffo di due gatti (Rossini)

 

 

(Cha) ba da ba da…

Tout le long du chemin  elle avait  eu l’impression qu’on la suivait. Et quand il eut  franchi le seuil de la maison, elle n’avait pas eu le courage de le renvoyer. Ils étaient vite devenus inséparables, lui toujours collé à ses talons ; elle, à le flatter, le mignoter, le balader, lui vouant tout son loisir. Le  matou s’était mis à dormir au pied du lit, puis entre elle et son mari ; lequel  la quitta.

 Il avait tant souffert  lors  de son précédent  mariage. Dès  la naissance  de leur enfant, sa première femme  se l’était accaparé, lui réservant  tout son temps, tout son amour.  A son insu, sans doute, avait-elle même tenu à distance père et  fils, qui demeurèrent étrangers l’un à l’autre malgré les efforts du premier. L’enfant élevé, elle s’en était allée vivre avec un homme plus jeune ;  lui refaisait sa vie avec une femme ayant passé l’âge de la maternité- Chat échaudé craint l’eau froide. Pourquoi  à  nouveau, avait-il ressenti les picotements du sentiment  d’exclusion ? Il avait beau aimer cette femme et son chat, par peur de  se dissoudre  une seconde fois dans l’existence d’une autre, il  préféra  s’éloigner. Pourtant loin d’elle,  il déprimait.

Elle, toute à son minet,  s'était à peine aperçu de son départ. Ainsi la vie coulait-elle joyeuse et sereine. Jusqu’à ce que  le minon commence à préférer   la vadrouille buissonnière,  découche  plus  souvent, pour finir par ne plus rentrer du tout. A  son tour elle déprima.

Un jour, on gratta à la porte. L’amoureux mari  ne supportait pas de la savoir malheureuse- et la couche était libre à présent… Ils restèrent  un moment silencieux puis il lui prit la main : « Mon aaamour… ». Il avait ronronné ces mots, comme un  doux feulement chantant. Toute émue, elle s’entendit  à son tour minauder sur une note aussi câline : « Mon aaamour… ». Il posa la tête sur son épaule et lui lécha  avec délicatesse le cou, les oreilles… Elle  plissait les yeux de plaisir… Le temps d’échanger encore quelques chatteries de retrouvailles, ils  roulèrent  sur les coussins du canapé, s’enroulèrent, se dévorèrent  avec passion  jusqu’à potron-minet, avant de se jurer, harassés, un amour tout neuf et  éternel.

Depuis, quand ils se bécotent sur les bancs publics, il arrive  fréquemment  que  d’honnêtes chats freinent  leur course et les observent. On dirait qu’ils sourient  avec, dans le regard,  un air de leur trouver, complice, une petite gueule bien sympathique.

2 mars 2019

stage

Elle se demandait si la grossièreté n’était pas devenue sa seconde nature. Aucune agressivité  physique  de sa part, certes, mais il ne se passait pas un jour où elle n’avait pas envie de dire « merde », « connard », « la ferme » quand certains  se comportaient d’une façon qui frisait  l'égocentrisme. 

Elle se dit qu’il était peut-être temps pour elle de participer à un stage de méditation de pleine conscience

 

 

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