La statue
A 80 ans passés, il était lourd et presque sourd. Son dos s’était courbé et il marchait à petits pas. La vie ne l’avait pas épargné ; lui non plus n’avait pas épargné la vie. C’est en entendant des pleurs qu’il se tourna vers l’homme nu. Etait-ce lui qui pleurait ou un autre ? Et cet homme immobile, les yeux perdus, n’était-ce pas lui, jeune ? Mais n'était-ce pas l’autre ? Il est vrai que l’autre lui ressemblait tant, qu’il s’était parfois demandé si lui et l'autre était une seule et unique personne. Puis il entendit la statue prononcer une phrase, une seule, et c’est juste après l’avoir entendue qu’il disparut à jamais. Voici cette phrase qui m’a été transmise par quelqu’un qui était en ce jardin, à ce moment-là. Et depuis, cette phrase me hante. Voici ce qu’elle disait :
« Un jour, vous croiserez un être qui vous ressemble mais que vous aviez oublié ; et ce qu’il vous montre, c’est exactement ce que vous n’avez jamais voulu voir en vous. »
PS : photo prêtée par Espiguette, merci à elle.