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30 octobre 2018

La folle

Ecoutez, moi quand je vous ai embauchée, je ne m’attendais pas à ça ! Il va falloir revoir votre copie ! Vous avez bien caché votre jeu : un tailleur sympa, une coiffure sage, le vocabulaire branché juste ce qu’il faut, l’attitude positive façon US, le CV en béton, et tout ça pour ça. J’hallucine !  On est dans un truc complètement surréaliste, ça c’est clair.

Et qu’est-ce que je fais maintenant ? Vous avez pensé à moi ? C’est juste au moment où vous avez votre CDI que vous trouvez moyen de péter les plombs, non mais j’hallucine ! Vous trouvez que c’est normal de vous engueuler avec tout le monde et d’arriver avec un pot de fleurs sur la tête parce que c’est le premier jour du printemps ! Vous trouvez que c’est raisonnable de dire au chef de service que c’est un « connard de macho » - je cite vos mots. Vous trouvez que c’est banal de dire au patron que vous n’en avez « rien à battre » - je vous cite encore – des objectifs du directeur de l’innovation ? C’est clair que vous n’en avez rien à foutre – vous voyez vous me faites sortir de mes gonds – mais à cause de vous, je vais gicler et ça, c’est très clair aussi !

Vous me dites que vous êtes une « arracheuse de temps » et que vous voulez prendre du bon temps avec moi avant de tirer un trait sur l’entreprise ? C’est quoi encore que ces salades ? Je n’ai pas du tout envie de prendre du bon temps avec vous ! Je suis marié, père de famille, j’aime ma femme et vous ne me plaisez absolument pas. Ce que je veux c’est mon salaire à la fin du mois, atteindre les objectifs de l’entreprise et qu’on ne me fasse pas chier, c’est tout ! Bon, résumons, soit vous revoyez votre copie soit, si vous avez besoin de vous reposer un peu, vous vous faites interner. Quoi ? Vous avez déjà été internée à Sainte Anne ? Merde alors ! Pour pas grand-chose ? Ça c’est vous qui le dites ! Eh ben retournez-y à Sainte Anne, qu’est-ce que vous voulez que je vous dise. Vous n’aimez pas le service où vous étiez hospitalisée ?

 Ecoutez, je suis un type plutôt patient et accommodant, mais j’ai aussi mes limites et…. mais pourquoi vous… pourquoi vous m’attachez ? Bon si vous pensez que comme ça vous serez internée plus vite, allez-y après tout ! Mais pas de bâillon, hein, pas le bâillon sinon je deviens dingue, je vous en prie. Mais pourquoi vous m’arrachez mon pantalon ! Quoi ? Vous voulez me… Putain, vous êtes vraiment cinglée vous… mais bon, si vous y tenez, allez-y, après tout, qu’on en finisse !

 

PS : retour mardi 6 novembre.

25 octobre 2018

Duo d'octobre

Caro voulait bousculer nos habitudes lors de nos duos. Voici donc, ci-dessous,  la photo qu'elle propose. Après son texte, voici le mien.


Corinne

 

Les gobelets

 

Cette idée de soirée était d’une nullité crasse. Pourquoi se bourrer la gueule pour parler ou s’envoyer en l’air ? Elle a fini par lui dire le fond de sa pensée et il s’est emporté.

-          N’importe quoi !

-          N’importe quoi ?

-          Oui. T’es une petite bourge.

-          Moi, une bourge ?

-          Bien sûr. Une  cérébrale qui ne sait pas sortir de ses rails.

-          Mais tu te rends compte que cette fête c’est du vide ?

-          Toi qui sais tout, au lieu de tout foutre en l’air en permanence,  milite, change de vie, fonde un parti !

-          C’est ça. En tout cas, une chose est sûre, je ne resterai pas.

-          Parfait, aurevoir.

Elle a  placé les gobelets sur la table : rose et vert de droite et de gauche, bleu foncé et bleu clair au centre.

Risible. « Il devrait y avoir ça à toutes les soirées » disait l’affiche ; ça quoi ? a-t-elle crié.

Une fois le rangement accompli, elle  s’est habillée, elle lui a jeté un dernier regard - celui de l’exilée - puis elle est partie.

Dehors il faisait froid. Le vent soufflait et la pluie avait fait son apparition. Des parapluies s’ouvraient dans la nuit, et le bonheur traçait son chemin de vie, la vraie vie, la sienne, une vie où elle ne boirait plus dans de détestables gobelets en plastique !

 

PS : prochain texte le 31 octobre.

23 octobre 2018

Duo d'octobre

Caro voulait bousculer nos habitudes lors de nos duos. Voici donc, ci-dessous,  la photo qu'elle propose. Aujourd'hui vous lirez son texte. Le mien sera publié deux jours plus tard. Bonne lecture.


Corinne

C’est la fête.

 

 « Tu vois Clémence a organisé une fête. Oui une fête. Pour nous changer un peu des meetings politiques et des actions coup de poing. Alors ? »

Vick’ éteint son portable. Pas la peine d’attendre la réponse, on verra bien. C’est vrai que la bande n’a pas trop l’occasion de s’amuser. L’époque est à la lutte et à l’insoumission, à l’urgence à la veille de voir le monde connu se désagréger de plus en plus vite. L’amour, la reproduction de l’espèce, les lendemains heureux et chantants sonnent comme des idées pernicieuses, du temps gaspillé. Alors pourquoi Clémence, leur fer de lance, a-t-elle décidé de faire une fête… Vick’ lui a bien posé la question ; pas de non-dits entre eux telle est la règle. « Un pari, Vick’, un stupide pari avec Gérald mais si on gagne, on a de quoi financer les actions jusqu'à l’a fin de l’année. Tu sais que les scrupules et les atermoiements, je pense que c’est pour les faibles. » Elle lui avait confié cela en passant négligemment une main dans ses cheveux, en s’y attardant peut-être un peu trop. Gérald, bien sûr, ne pouvait qu’être le point de départ de cette idée aberrante, Gérald le frère de Clémence et pur produit d’une civilisation en cours de désintégration, argenté, séduisant, noceur, surfant à toute vitesse sur les jet-lags et les übers et collectionneur compulsif de cyber-aventures.

Vick’ consulte une dernière fois ses mails sur l’unique ordinateur de la colocation. Il faut encore ranger les tracts, relire le manifeste, vérifier que rien n’a été hacké. Ici même si la technologie est antédiluvienne, elle n’a pas pu être éradiquée totalement. Un ordi pour tous, une connexion, des téléphones basiques, pas de réseaux sociaux ni de petites annonces. La bande a investi cette barraque de banlieue parisienne il y a trois ans déjà. Spartiate et communautaire, la colocation est un peu rêche mais demeure un chez-soi.

Depuis 6 h ce matin, Clémence a barricadé la salle communautaire et la cuisine. Elle s’y est enfermée avec deux des membres de la bande pour d’étranges va-et-vient, des bruits de chaises et des fous rires. Et dans trois-quarts heure maintenant, les portes s’ouvriront pour les invités.

Vick’ regarde des orangés et des dorés, un bleu presque turquoise et des lumières de ville se diluer et s’étaler sur la fenêtre ; cette nuit la vitre froide du vélux rappellera que c’est l’hiver, tandis qu’ils danseront et boiront, baiseront peut-être. Ça fait combien de temps ? La lutte laisse peu de place à la tendresse. Vick’ range les tracts, il faut se saper, une douche froide et rapide mais une douche, trouver des fringues potables dans le placard, jeter le dernier regard dans le miroir. Un peu de luxe sur leurs peaux, une once de beauté déposé sur leurs existences.

Les planchers et les murs vibrent soudain, la sono martèlent un vieux Dead Purple. Les invités arrivent, Gérald est le premier. Clémence joue à l’hôtesse dans une petite robe noire qu’elle a dégotée, on peut se demander où. Vick’ s’approche derrière un groupe inconnu qui jettent leurs blousons sur le sofa du corridor. Déjà certains se sont jetés sur la piste de danse improvisée. Une boule à facettes brille de tous ses feux.

Vick’ aperçoit sur une table, parmi une floppée de bouteilles et de jarres de cocktails, les quatre couleurs des verres en plastique recyclable soigneusement alignés. Mettre un peu plus de gobelets c’est compliqué est une bonne idée. Une voix dans son dos l’interpelle : « Tu n’as pas soif ? De toute façon, on a toute la nuit et ici on peut changer plus facilement d’option que sur un site de rencontre. » Vick’ se retourne, Clémence éclate de rire tandis que Gérald se penche sur elle pour lui glisser un mot. Sur le visage de sa sœur, un sourire carnassier se dessine. Le beau gosse se redresse et sourit à la cantonade en s’emparant d’un verre mauve. Il avance vers les danseurs, la démarche assurée. Au fond de la salle, la porte s’ouvre sur de nouvelles têtes.

Vick’ s’avance au milieu de tous ces étrangers, un verre à la main. Dans son verre le premier Negroni, la nuit s’annonce longue tandis que les murs blancs se colorent de rose, de mauve, de turquoise et de vert.

21 octobre 2018

Jésus

20150719_152628Magdalena avait toujours eu de drôles de choses dans sa tête et, quand elle lui dit « C’est ici que je l’ai connu. », il se sentit obligé de lui demander.

-          Et il te parle toujours ?

-          Oui,  dès qu’il me voit et que je suis seule, il descend de sa croix et vient vers moi.

Inutile de lui poser d’autres questions, n’était-elle pas devenue folle à lier ? Il aurait préféré que son amie continue  à marcher sur son chemin d'avant, mais le Christ l’avait appelée il y a six mois. Humour et création avaient disparu de son âme et son quotidien se limitait maintenant aux visites d’église et à la lecture des évangiles.

 

 

PS : photo prise à l'abbaye de St Wandrille.

19 octobre 2018

Je te veux ?

Quand ils écoutaient « Je te veux », elle avait l’habitude de lui dire, presque exaltée « Cette musique, c’est la nôtre, c’est toi et moi ! »

Aujourd’hui, il est assis au premier rang de cette salle de concert et il écoute le pianiste  jouer « Je te veux », leur musique, mais il est seul. Elle, il y a six mois qu’elle est partie, sur un désaccord.

A la fin du morceau, il sent une main se poser  sur son épaule. Il se retourne, sûr de la voir, pourtant non,  ce n’est pas elle, c’est une  femme inconnue, qui ne lui ressemble pas. Elle est jeune, le teint mat, tout aussi brune qu’elle était rousse.

-           Je vous connais, affirme-t-elle, mais je ne me souviens  plus d’où.

Il est sur le point de lui dire qu’il ne la connaît pas, mais il se retient et dit.

- Votre visage me dit quelque chose, mais vous dire où je vous ai rencontrée...

Je les observe depuis un certain temps, c’est moi qui les ai rapprochés. Je me doutais que lui était prêt pour une rencontre et qu’elle, aimait les hommes mélancoliques. J’ai cru préférable que ce soit elle qui fasse le premier pas, je savais que lui n’en aurait pas le courage. Je les regarde  sortir ensemble du théâtre. Joli couple, vraiment, j’ai bien fait de les unir, ils ont déjà l’air complice, vous ne trouvez pas ? Je me demande, maintenant, quelle partition ils vont jouer… mais ça, même un ange ne le sait jamais d’avance.

 

 

17 octobre 2018

Love

 

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L’imbécile, il mettait ce " Love " sur tous les murs de la ville. Elle se demandait bien qu’elle était le rôle de ces deux points en équilibre au-dessus du vide. Etait-il en train d’imaginer une revanche à leur histoire ?

Avec lui il fallait s’attendre à tout. Elle aurait mieux fait de ne jamais sortir avec ce type. Il avait vingt ans, elle en avait vingt de plus, et il la prenait de toute évidence pour la mère qu’il aurait aimé avoir. Un genre d’Emmanuel, peut-être…

 

PS : photo prise à Paris, je pense.

15 octobre 2018

La boîte

Quand il allait dans le cabanon au fond du jardin, c’était toujours avec le masque de plongée et le tuba, il faut dire qu’il  y avait les odeurs … Aller « aux cabinets », comme sa grand-mère disait, c’était toute une expédition, surtout pour lui qui venait de la ville.

Ce matin-là, dans la cuisine,  il avait  astiqué le masque de plongée avec le produit à vitre afin de mieux voir les ailes des petites mouches bleues qui voletaient près des « cabinets ». Une fois le masque et le tuba installés, il était parti en courant. Juste avant d’arriver au cabanon, il avait remarqué un monticule de terre qui n’était pas là la veille. L’explorateur s’était baissé, avait fouillé le sol de ses doigts impatients et il avait découvert la boîte de bonbons : une petite boîte en fer avec des violettes dessus. Il l’avait ouverte et son visage était devenu d’une pâleur mortelle. Il lui avait fallu s’asseoir pour reprendre ses esprits. Autour de lui, le paysage semblait s’être figé. Le soleil avait disparu et les nuages couvraient le ciel d’un voile menaçant. La boîte, elle, était toujours sur l’herbe, ouverte, et il  y avait encore dedans ce  doigt, tout petit et si blanc.

Lentement il s’était levé, les yeux mi-clos, il avait fermé la boîte, l’avait glissée dans sa poche et avait placé son mouchoir dessus. Toute la journée,  il avait eu l’étrange sensation que le petit doigt bougeait et cherchait dans l’intimité de sa poche des indices sur le petit garçon qu’il était ; sans doute voulait-il savoir s’il pouvait se confier à lui ? Parfois l’enfant sortait la boite du tiroir de la table de nuit – il avait décidé que ce serait sa « maison » -  et la déposait sur son lit, mais jamais il ne l’ouvrait.

Puis un jour, des policiers arrivèrent. Ils étaient deux. L’un avait une moustache, l’autre non. On interrogea sa grand-mère, on l’interrogea. Un corps d’enfant avait été  trouvé non loin de chez eux, près de la rivière et le petit doigt de sa main droite avait disparu. On leur montra une photo de la petite fille. Elle devait avoir le même âge que lui, 10 ans peut-être, et elle s’appelait Marine.  Rien de ce que dirent les policiers n’étonna l’enfant, son petit doigt  lui avait déjà tout raconté. Devait-il pour autant leur confier qu’il lui avait aussi révélé qui était l’assassin ?

13 octobre 2018

Vous avez dit Schubert ?

20150707_214613Ils s’étaient rencontrés dans la cafeteria de l’hôpital psychiatrique. A voix basse – il croyait que le monde l’épiait - il lui avait assuré que pour suivre le chemin, il lui suffirait, quand elle serait prête,  d'écouter le trio numéro deux de Schubert ; piano et cordes entameraient alors un andante sur une sonate qui la conduirait vers l'autre vie.

Elle n’avait jamais oublié leur rencontre – c’était pourtant il y a bien longtemps -  et, le jour où l’arc en ciel apparut, elle suivit ses mots sans hésiter…

11 octobre 2018

La voyante

Il avait lu cette annonce dans Libération : “ Je prévois le passé 7 jours sur 7. Appelez-moi au 08258962 ”

Intrigué, il avait appelé, non pour connaître son passé, suffisamment remâché pour ne pas l’oublier, mais pour se souvenir de  détails qui lui échappaient toujours, mais étaient-ce bien des détails ?

Au téléphone, la voyante lui avait paru sympathique et son prix défiait toute concurrence : 40 euros la séance de 30 minutes. Rendez-vous avait été pris à 9 heures, le mardi suivant. La veille il s’était montré un peu anxieux mais le jour J il partit  le cœur plus léger. Il allait enfin connaître les pièces manquantes du puzzle.

La voyante habitait à l’Est de la ville, dans un quartier bourgeois. Elle le conduisit dans une pièce où la lumière entrait à flots et précisa en le voyant cligner des yeux.

-          Pour voir son passé, il faut de  la lumière, beaucoup de lumière.

Il acquiesça par lassitude. Elle lui fit signe de s’installer en face de lui et le regarda longuement dans les yeux. Au bout d’une minute qui lui parut très longue elle lui dit, l’air découragée.

-          Je ne vois rien.

-          Comment ça vous ne voyez rien ?

-          Non, c’est bien la première fois que ça m’arrive. Votre passé m’est inaccessible, fermé, verrouillé, comme si vous me défendiez d’aller y voir. Je ne peux rien pour vous. Peut-être qu’un psychanalyste… et elle laissa la phrase en suspens.

Jamais il n’alla voir de psychanalyste et sa mémoire déclina peu à peu au fil des mois. Un an plus tard il était amnésique.

 

9 octobre 2018

Les tapis persans

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-          Très jolie salle que la vôtre, lui a-t-il dit en s’installant. Vous habitez seule dans cette maison ?

-          Non, avec maman, lui a-t-elle répondu le visage blanc.

Il l’a regardée en souriant.

-          Oui, avec une maison aussi grande, il vaut mieux ne pas être seule. Vous vous intéressez donc aux tapis persans.

-          Non, pas moi, ma mère. Elle pense que la pièce gagnerait ainsi en beauté.

-          Votre mère n’est pas là ?

-          Non, elle est partie faire des courses.

Elle se demandait pourquoi il lui posait des questions avec autant d’insistance. Afin d’éviter cette peur qui montait en elle, elle a appelé son chien.

-          Rex ! Rex ! Viens ici.

Rex est arrivé aussitôt, fidèle à sa maîtresse,  et il s’est installé à ses pieds.

-          Rex ? Un joli nom.

-          Du latin regere, « diriger, gouverner ». Un sacré guerrier que Rex.

-          Je vais chercher quelques petits tapis dans la voiture, ainsi que le catalogue, afin que vous voyiez notre collection.

Elle s’est dirigée immédiatement vers la cuisine pour prendre un couteau - au cas où - puis elle s’est assise au même endroit. Rex, lui, ne semblait pas inquiet.

Le représentant est revenu avec un grand sac rouge à la main. Elle n’aurait jamais dû le faire entrer en l’absence de sa mère. Mais celle-ci avait disparu la veille.

Pauvre maman, a-t-elle pensé les yeux embués de larmes, jamais elle n’aurait imaginé que sa propre fille, un jour, lui aurait fait suivre ce chemin de l’exil.

-          Alors,  si  je vous montrais maintenant notre collection, a dit le marchand en approchant sa chaise de la sienne.

« Il est beaucoup trop prêt », s’est-elle dit à voix basse, « s’il continue comme ça, il n’en sortira pas vivant. ».

Obsédé par son catalogue de ventes, le représentant ne remarqua pas le couteau qu'elle tenait...

 

PS : photo prise non loin de Rouen, dans une chambre d’hôtes.

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