Les chiens
Plus je connais les Hommes, plus j'adore les chiens. Les humains me dépriment, surtout ceux qui se réjouissent de la vie, avec leur bonne conscience poisseuse. Franchement, merde, donnez-moi une bonne raison d’être heureux dans la vie, une seule ? Je déteste ceux qui insistent avec leurs « Et puis toi, tu peux décemment pas te plaindre, t’as un travail ! » C’est vrai que j’ai un travail et qu’est-ce qu’il me rapporte mon travail, à part des problèmes !
Le matin, quand mon réveil sonne, je n'ai qu’une envie, lui asséner un grand coup de poing dans sa gueule farcie de minutes ! Et quand j’arrive au boulot, ça me démange de défoncer le portrait de mon chef de service qui nous rabâche toujours les mêmes slogans éculés : « Il ne suffit pas de répondre aux demandes des clients, il faut aller au-devant de leurs demandes » etc.
Le triple imbécile. Un jour je lui serrerai le cou jusqu’à ce qu’il ne puisse plus respirer. Et à ce moment-là il se rendra compte que vivre, ce n'est pas vendre.
Oui, je plains les chiens. Je me demande comment ils font pour supporter les hommes, les chiens ? A chaque fois que je vois un chien avec son maître, j’ai envie de me mettre à chialer et de lui dire : « Pauvre bête, obéir, toujours obéir, même quand on te dit des conneries tu obéis, tu ne crois pas que tu devrais partir ? »
Pourtant je ne dis rien. Je me demande si je ne suis pas lâche. Si je ne l'étais pas, il y a longtemps que j’aurais dit à ma mère ce que je pensais d'elle, elle qui n’a jamais arrêté d'emmerder ses chiens…