Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Presquevoix...
Archives
9 novembre 2017

Le banana split

Ils étaient installés à la terrasse du café de la Coupole et parlaient de tout et de rien. Lui, les tempes  grisonnantes, le complet impeccable ; elle, aurait pu être sa fille. Elle ne souvenait plus de ce que l’homme lui avait dit, mais elle avait répondu amusée

- Vous pensiez avoir un masque ? Mais tout le monde vous a démasqué !

Quand elle vit son visage s’assombrir, elle continua.

-           Vous êtes fâché ? Mais pourquoi être fâché quand la vérité entre en scène.

Il lui répondit calmement.

-           Vous me semblez bien jeune pour parler de la Vérité.

Elle ne se démonta pas et ajouta.

-           Alors, ce n’est pas pour me  sauter  que vous êtes là, à discuter  et à faire semblant que vous vous intéressez à ma conversation ?

Il sourit vaguement,  s’arrêta sur son visage où il avait aimé ce reste d’enfance accroché au regard, puis conclut durement.

-           Là, vous me bluffez, vous êtes plus intelligente que je ne l’aurais pensé. Eh bien, puisque vous êtes une fille avisée, passons aux choses sérieuses : quand m’accorderez-vous votre corps ? Je suis prêt à payer, très cher même.

-           Eh bien jamais, monsieur le baiseur, lui dit-elle en affichant son plus beau sourire.

Et elle partit, sans payer l’énorme banana split dont elle s’était goinfrée.

7 novembre 2017

La robe

20171023_162803_1Elle lui avait dit.

-          Dévore-moi toute crue.

Sans hésiter un seul instant,  il l’avait mangée de la tête aux pieds. Deux heures plus tard, penché au-dessus du lavabo, il vomissait chaque petit morceau de la femme  chocolatée. Arrivé au bout de son marathon, il se dit que l'anthropophagie exigeait un estomac qu'il ne possédait pas. Sans doute valait-il mieux qu'il ingurgitât des nourritures abstraites telles que la philosophie ou la littérature...

 

PS : photo prise à Bruxelles d'une robe en chocolats

 

5 novembre 2017

Vérité

A 85 ans, elle se disait toujours "jeune d'esprit", "très ouverte" et "tolérante". Ces vérités,  gravées dans sa chair, était rarement remise en cause par ses proches, qui le devenaient de moins en moins. A quoi bon contrarier ceux qui croient à tel point en eux qu'ils n'écoutent plus les autres ?

3 novembre 2017

Les origines

Le taxi nous ramène des urgences. Le chauffeur est noir et nous enjoint de nous préparer au gendarme couché. L’un des deux passagers demande.

-          C’est une expression qu’on utilise beaucoup aux Antilles. Vous êtes antillais ?

-          Non.

-          Mais alors vous êtes de quelle origine ?

-          Ma mère est bretonne.

Cette réponse ne suffit pas.

-          Ah, et votre père ? demande le même passager.

-          Mon père est du Mali.

Ouf, soupir de soulagement ; car peut-on être tout à fait  breton si l’on est noir ?

 

3 novembre 2017

Cendrillon

20171022_142056_1Lisa se rêvait en Cendrillon, mais sa vie oscillait entre le magasin de chaussures où elle naviguait dans un océan de boîtes en carton et le studio qu’elle louait rue du Sud. Jusqu’au jour où il est apparu. Non, pas le prince charmant, mais l’homme qui lui a posé la question insolite qui a changé sa vie.

-          A quoi rêvent les vendeuses de chaussures ?

Lisa n'a   pas  répondu tout de suite car elle était occupée à observer le pied  gauche de l'homme. Sa cambrure était si mal faite qu'elle se demandait comment elle allait le chausser.

-          Eh bien, on ne rêve pas monsieur - a-t-elle fini pas dire - on subit.

-          Les vendeuses  de chaussures ont aussi  le droit de rêver, même si elles ne s’appellent pas Cendrillon. Tenez, voici ma carte de visite.

-          A propos de Cendrillon, a t-elle rétorqué malicieuse, je dois vous dire que pour chausser un pied comme le vôtre, ce n’est pas de la tarte !

Elle a pris sa carte de visite et a lu : Monsieur Derviche, magicien, 10 Cour du Nom de Jésus, Paris.

-          Vous faites tourner les tables ?

-          Pas vraiment, mais j’exerce mes talents dans la magie et la divination. Une séance gratuite pour vous si vous voulez connaître votre avenir.

-          Mon avenir ? Il est tout tracé.

-          Tout tracé !  Autant de fatalisme à votre âge, ça fait peine. Rêvez jeune fille, rêvez !

En rentrant chez elle, elle a mis  la carte de visite dans le tiroir de sa table de nuit, peut-être qu'un jour, qui sait ?

Un mois plus tard, elle l'appelait. Comment passe-t-on de la vente de  chaussures à la magie ? Seul Monsieur Derviche pourrait l'expliquer. Mais les magiciens n'expliquent jamais leurs tours, sinon rêverait-on ?

 

PS : photo prise à Bruxelles

1 novembre 2017

Reproches

Il reprochait toujours aux autres les défauts qui étaient les siens. Mais il avait des circonstances atténuantes : il ne savait pas qui il était lui-même !

<< < 1 2
Presquevoix...
Newsletter
10 abonnés