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Presquevoix...
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30 janvier 2017

Apprendre une langue : une histoire d’amour…

Être européen – si tant est que ce concept puisse devenir un jour réalité -  ne devrait-ce pas être, entre autre, se donner la " peine " d’apprendre une autre langue afin, peut-être, de mieux connaître l'autre et de mieux se connaître ?

L’autre langue ne devient-elle pas, alors, le miroir de notre propre langue dont nous saisissons mieux, ainsi,  les réticences et les jardins secrets ?

Voici un site - Conversation exchange – qui vous permet de faire des « échanges de langues » et le tout,  gratuitement. Vous donnerez des clefs pour apprendre votre langue à votre partenaire qui lui, fera la même chose pour que vous appreniez la sienne, selon le rythme que vous aurez choisi, ensemble.

C’est ce que je fais depuis plus de deux ans, par skype,  avec des correspondants brésiliens et anglais. Et ma foi, ça marche  !

 

 

28 janvier 2017

le nouvel ordre économique

Dans cet état gouverné par une équipe libérale menée par un jeune freluquet aux dents blanches que les dernières élections avaient porté au pouvoir, les nouvelles agences pour l'emploi fonctionnaient de la façon suivante : les employeurs proposaient une offre d'emploi et, les candidats au recrutement, proposaient leur candidature avec le montant de la rémunération minimale qu'ils accepteraient. Quant aux allocations chômage, elles avaient été réduites, pour tous, à un montant confinant à l'indigence.

Pour parachever ce système d'une utopie glaçante, le gouvernement avait démantelé - à l'exception de la police et de la justice -  tous les services publics. Ceux-ci avaient été  confiés au secteur privé afin de leur rendre leur efficacité perdue.

Hélas, après une illusion de "plein emploi" et de remise en marche de l'économie, le pays avait  peu à peu sombré dans une morosité sans nom que ni les fréquentes apparitions du président aux dents blanches, ni la société des écrans, ni le sexe, ni le jeu, ni l'alcool, ni les antidépresseurs ne purent aténuer...

 

24 janvier 2017

La carrière

Le commissaire divisionnaire referme le dossier, presque soulagé ; il a un coupable tout trouvé. Ça tombe bien, l’enquête doit être bouclée au plus vite. Le Ministre veut des résultats.

 - Surtout, pas d’états d’âme, a tranché le Directeur de cabinet lors de l’entretien qu’il a eu avec lui.

Soulagé par la tournure que prennent les choses, le commissaire téléphone chez lui afin de rappeler à sa femme que, le soir même, elle doit porter cette robe rouge qui lui va comme un gant. Ne lui a t-on pas fait comprendre, en haut lieu, que les épouses représentaient un atout non négligeable dans la carrière de leurs maris ?

 

PS : Le prochain texte sera publié le 28 janvier

 

 

22 janvier 2017

Le conte

Son professeur lui avait demandé d’écrire un conte en espagnol mais ni l’inspiration, ni le niveau de langue – pourtant elle en était à sa cinquième année d’espagnol -  n’étaient au rendez-vous. Elle a opté pour le copier-coller et, comme Cendrillon était son héroïne, elle a  tapé « Cenicienta* conte » dans google. Une série de réponses lui ont été données. Elle ne s’est pas donné la peine de faire le tri et la première a fait l’affaire.

Une semaine plus tard, lors du rendu des copies, le professeur l’a assassinée.

-          Des copies très inégales mais une a retenu mon attention, celle dont l’auteur s’essaie au conte pornographique.

Rires  au fond de la classe.

-          Eh oui, le copier-coller c’est sympa mais il faut peut-être essayer de comprendre avant de recopier. N’est-ce pas Leila ?

Leila, abasourdie dans un premier temps,  n’a eu pour seule défense que de répéter en boucle qu’elle n’avait pas copié.

-          Ah bon, pas copié ? Mais quand même, ne me dis pas que c’est toi qui as choisi de dire en espagnol que le prince a « baisé » la princesse et que la princesse « a joui » ?

Rire général dans la classe et Leila est devenue écarlate.

-          Tu auras zéro Leila, ce n’est pas google que je veux noter mais toi.  Et il y aura  peut-être même une colle. A moins que je ne te fasse traduire le conte en respectant le niveau de langue !

Quelques gloussements retentirent dans la classe, puis le cours a  suivi son cours habituel, entre ennui et bavardages plus ou moins discrets…

 *Cenicienta : Cendrillon en espagnol

 

20 janvier 2017

Le mandala (en souvenir de Patricia)

patriciaDessiner ce mandala sur le quai du Pré-aux-Loups lui avait pris six heures. Une fois l’œuvre achevée, il l’avait longuement contemplée puis il s’était assis au centre ; cet espace doré serait le lieu du départ.

Si la journée avait été belle, il savait que   le linceul de la nuit apporterait sa brassée de peurs.

Peu à peu, le silence s’était imposé, les passagers de la vie avaient déserté le quai et la solitude caressait ombres et formes de ses reliefs étranges.

Il l’attendit. Elle s’annonça par un léger feulement.

-          C’est toi ? chuchota-t-il.

Elle ne dit rien mais effleura sa peau.

-          Je suis prêt.

Il se retourna pour la voir mais son visage était caché par un voile sombre.

-          Suis-moi, lui intima-t-elle.

Ce voyage ne ressembla à aucun autre. Quand elle s'arrêta, il fit de même.

En très peu de temps, un grand cercle se forma autour de lui. Chacun voulait lui souhaiter la bienvenue avec un mot gentil et il en fut surpris.

Cette fin n'était-elle donc qu'un début ?

 

PS : photo empruntée sur le site de Patricia qui nous a quittés en aout 2015.

18 janvier 2017

La fève

Dans cette école catholique bretonne, les traditions étaient respectées à la lettre, notamment  la Nativité et l’Epiphanie.

Le 6 janvier, dans la matinée, Chaque institutrice avait fait un rappel solennel de la signification de l’Epiphanie, cette fête qui célèbre la visite et l'adoration de l'enfant Jésus par les mages, relatée dans l'Évangile selon Matthieu.

La perspective d’une galette des rois dorée ravissait les enfants qui, dès 11 heures, commençaient à dire à qui mieux-mieux : « j’ai faim, j’ai faim » au grand dam des maîtresses. Le savoir donne nettement moins d’appétit que les galettes.

A 11 h 45 les élèves étaient à la cantine et à 12 h 30, ils avaient tous dévoré leur part de galette. Les plus chanceux avaient eu la fève et une rumeur s’est mise à enfler dans la cantine.

C’est une petite fille de CE2, Aurore de Chastelain,  qui est venue voir la maîtresse pour lui dire que sur sa fève il y avait un zizi. La maîtresse, médusée, lui a demandé de montrer sa fève. Quand elle a vu la « chose »,  elle est devenue blême.

-          Donne-moi ça tout de suite, a-t-elle dit à l’enfant sans plus d’explications.

Cinq minutes plus tard, la directrice était sur le pied de guerre et exigeait de chaque enfant qu’il lui remette sa fève. Le cœur battant, elle a constaté que sur chacune d’entre elles, la même chose se répétait : une scène du Kama sutra.

Baptiste a été le seul à ne pas rendre sa fève. Il trouvait ça intrigant ce zizi si grand qui rentrait dans la dame. En arrivant chez lui,  il a montré la fève à son grand frère qui s’est empressé de la montrer à leur mère : « Maman, regarde la fève de Baptiste, il y a un zizi dessus ! »

Madame de Gontran a manqué de s’évanouir en regardant la « chose ».

-          Quoi ? C’est à l’école Sainte Marie que tu as eu ça ?  

Et elle a appelé son mari qui a appelé l’école.

-          Je voudrais parler à la directrice.

-          C’est moi-même.

-          C’est quoi ces fèves ?

-          Quelles fèves monsieur ?

-          Cette fève pornographique que mon fils a eue avec la galette des rois.

La Directrice a bafouillé avant de pouvoir expliquer que l’apprenti boulanger avait confondu les galettes destinées au club de rugby avec les galettes destinées à l’école Sainte Marie.

-          Vous comprenez, a-t-elle ajouté, nous ne pouvions pas savoir !

-          Vous auriez dû Madame. La renommée d’une école religieuse est à ce prix. Croyez bien que je ne vais pas me priver de téléphoner à la direction diocésaine.

-          Mais Monsieur, nous n’y sommes pour rien.

-          Peut-être, mais quand on a charge d’enfants, on ne laisse rien au hasard, et il a raccroché. Monsieur de Gontran n’était pas du genre à plaisanter avec la morale.

Le soir-même, effondrée, la directrice a raconté l’histoire à son mari qui, lui, s’est contenté de lui dire.

-          Alors, elles sont où ces fèves ? On pourrait peut-être se faire une soirée Kama Sutra, non ? Ça nous ferait du bien !

Elle s’est prise à penser que décidément, elle ne pourrait jamais compter sur lui…

 

PS : texte écrit en m’inspirant de cet article.

 

 

 

 

 

 

16 janvier 2017

Le souvenir

Prenez un simple fait, plantez un décor avec des objets et des couleurs adjoignez-lui un ou deux personnages choisis avec soin, associez à ce décor une odeur et une émotion,  remémorez-vous cette scène plusieurs fois par jour, dans des endroits différents et endormez-vous en pensant à elle !

Voilà, le nouveau souvenir est prêt et remplacera avantageusement certains vieux souvenirs que vous préférez peut-être oublier…

14 janvier 2017

La boîte à musique

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Elle voulait lui faire un cadeau symbolique et ce fut une boîte à musique. Il apprécierait l’objet à sa juste valeur. Après une demi-heure d’arrêt devant ces merveilles, elle avait jeté son dévolu sur une boîte où figuraient des oiseaux. Sans doute comprendrait-il ?

12 janvier 2017

Le prénom

C’était étrange : quand elle appelait son fils elle lui donnait le nom de son  chien et quand elle appelait son chien, elle lui donnait  le prénom de son fils. Encore une histoire sans queue ni tête ?

 

10 janvier 2017

Jumelles

vuedeManhattanAprès la nuit qu’elles avaient passée, elles étaient épuisées. Il faut dire qu’elles n’avaient pas lésiné : elles avaient bu, sniffé, sans parler de ce que jamais elles ne pourraient avouer à quiconque. Maintenant elles se reposaient, espérant n’avoir laissé aucunes traces de leur forfait.

Elesha a pris son téléphone alors qu’Ebony continuait de somnoler sur le banc.

Devait-elle appeler Marvin ou non ? Le oui l’a emporté. Il a répondu aussitôt.

-          Qu’est-ce que tu fous ? T’es où ? Tu te rends pas compte que je me faisais du souci ?

Elle a marqué un temps d’arrêt. Elle devait rapidement faire un tri entre ce qui pouvait être dit et le reste.

-          On est à  Manhattan. On a un peu fait la fête avec Ebony.

-          Qu’est-ce que tu fous encore avec Ebony ?

C’était son anniversaire, alors on est allé en boîte, on a fumé, voilà, c’est tout.

Silence.

-          Et pourquoi tu m’appelles que maintenant ?

-          Avant je pouvais pas.

-          Mais avec qui tu vis putain ? Ebony ou moi ?

Elle a appuyé sur la petite touche rouge pour ne plus l’entendre. Elle se demandait pourquoi elle vivait encore avec lui. Un crétin, et au lit,  l’horreur. Quand il était sur elle et qu’il  labourait son corps, elle se forçait à penser à la mer ou aux nuages pour ne pas crier stop.

 « C’est fini Marvin. », voilà ce qu’elle devait lui dire, mais elle avait peur de lui.

Elle a regardé au loin les tours jumelles, aussi semblables qu’elle et Ebony.

Elle avait 22 ans et la vie devant elle mais, au creux de son ventre, il y avait toujours cette peur qui ne demandait qu'à se réveiller.

C’est au moment où elle a éternué – toujours ces allergies qui la minaient – que l’explosion a eu lieu. Avait-elle vraiment voulu ça ?

 

PS : photo gentiment prêtée par Sylvie Farges

 

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