Le départ
Des goélands affolés tournoyaient dans ses rêves diurnes et rien ne la consolait, pas même le sifflement de merles qui conversaient sur la branche de cerisier que, de son lit, elle pouvait entrevoir.
Elle se cognait à l’Impossible. La porte de l’avenir lui était fermée ; elle avait beau frapper chaque jour, personne, jamais, ne répondait. Elle s’en retournait alors dans le couloir désert, puis elle se recouchait dans son lit de solitude.
Des voix persécutrices lui avaient laissé entendre qu’elle aurait dû frapper à l’autre porte, la noire, celle qui indiquait « Inventaires », en lettres rouges. Mais cette porte la terrifiait, elle préférait s’abriter au cœur du déni.
Résignés, les goélands continuaient de tournoyer dans le ciel de son cerveau cotonneux, emportant dans la folie de leurs mouvements circulaires une farandole de souvenirs heureux. Un jour, quand la fatigue les gagnerait, ils mourraient sur la grève, drapés du linceul de leur vol absurde.
PS : oeuvre de Patricia