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7 mai 2016

La serre

 

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C’est dans la vieille serre que le corps mutilé fut découvert, par un petit matin frileux, de ceux qui enserrent la Normandie dans un étau de brume. Il s’agissait d’une élève de première L dont le doux prénom – Ophélie - était sur toutes les lèvres.

L’enquête avait duré de longs mois. Interroger une communauté scolaire présente de nombreux inconvénients et les policiers – peu habitués aux adolescents versatiles - avaient essuyé revers sur revers. Ils n’avaient pas eu plus de chance avec les professeurs qui jugeaient qu’aucun des leurs n’aurait pu commettre ce crime crapuleux. Ils étaient là pour transmettre, non pour ôter la vie.

Les blessures commençaient à peine à se refermer lorsque des lettres anonymes se  mirent à circuler ; croustillantes, comme il se doit, et déposées dans les casiers de tous les professeurs ainsi que dans les bureaux du proviseur et du proviseur adjoint.  On y parlait d’événements que tout un chacun aurait préféré ignorer. Des noms surgissaient, les rumeurs enflaient et tout le corps enseignant se regardait avec méfiance. Quant aux parents, ils retiraient peu à peu leurs enfants de l’établissement et les classes étaient à moitié désertées, pour le plus grand plaisir de certains professeurs las de leur sacerdoce.

C’est le 2 mai que l’on sut qui était l’assassin et ce fut un nouveau choc. La coupable –  un jeune professeur de français - avait tous les attributs de l’innocence. C’était une  femme belle et appréciée des élèves que rien, à priori, n'aurait pu disposer au meurtre. Pourquoi  avait-elle tué ? Toute la communauté éducative résonnait de ces « pourquoi » et chacun y allait de ses hypothèses, toutes aussi saugrenues les unes que les autres.

La raison que la criminelle donna était si « pragmatique » que personne ne l’avait imaginée : « Je devais absolument me mettre dans la peau de l’assassin pour écrire mon livre : c’était une question de vie ou de mort. » avait-elle avoué lors de l’interrogatoire.

Comment pouvait-on être à ce point dépourvue d’humanité ? fut la question qui agita le lycée les jours qui suivirent…

 

PS : photo prise dans le parc du lycée où je travaille.

Commentaires
G
Oui, le cadre est magnifique, par contre les élèves ne sont pas tous magnifiques ;)
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P
C'est ce qui s'appelle de la conscience professionnelle, j'espère qu'elle en tirera un best-seller ;) <br /> <br /> (beau cadre pour enseigner ce parc)
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P
Dune est un cycle de 6 romans. Il est possible de s'arrêter au premier, ou de continuer jusqu'au 3e si on veut voir la destinée si hors de portée au héros lui-même, qui pourtant peut voir tous les avenirs possibles. Ce paradoxe est très intéressant, et même poignant au final : connaître tous les instants en tout lieu et "les avenirs possibles" ne te rendent pas pour autant maître des événements, ni même de ta propre vie.<br /> <br /> On peut poursuivre dans les 3 derniers tomes le récit de la transformation de l'humanité dans l'univers qui fait suite à l'enchaînement des événements à partir du 1er roman. Etrangement, plus tu parcours les tomes, plus ils deviennent statiques, philosophiques. Les idées remplacent l'action au fur et à mesure.<br /> <br /> <br /> <br /> Franck Herbert dessine un univers politique complexe, il dessine une étude des mœurs, des intérêts, des caractères, c'est vraiment passionnant. Une société du futur avec un arrière-goût moyenâgeux pour certaines factions. Il a, ai-je trouvé du moins, une capacité à restituer une intensité, une tension palpable dans certains passages d'affrontements. Des affrontements d'intérêts, de points de vue politique, où la promesse d'assassinat est larvée bien des paroles anodines.<br /> <br /> <br /> <br /> Il y a une réflexion sur le pouvoir, sur la religion également (qui est un pouvoir à part entière).<br /> <br /> <br /> <br /> Si tu as l'occasion, essaye au moins le premier, même si tu n'étais pas orientée SF :)
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G
merci de ce long mail qui ouvre la voie de la maîtrise du "mal" ;) Je ne connait pas F. Herbert ( à voir donc). Il est vrai que les "serial killers" passionnent. Certaines femmes, même, les épousent en prison ;)<br /> <br /> Le serial writer a du mérite, je le préférerais, mais cela a un prix aussi : la ténacité !
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P
Une pincée de Seven et un soupçon du Silence des agneaux pour s'imprégner de l'ambiance, une petite étude de certains passages de Stephen King pour sa façon d'amener une scène d'épouvante, s'inspirer de Franck Herbert lorsqu'il restitue une intensité dense dans les affrontements verbaux entre ses personnages (Dune 1 notamment ; on pourrait aussi trouver cette efficacité dans Inglorious Bastards de Tarentino), disséquer la formidable scène cinématographique de la découverte du cadavre dans Lost Highway de David Lynch, et la lecture terrifiante de la psychologie d'un serial-killer. Pour ce dernier point, il faut avoir le cœur bien accroché, parce qu'on bascule dans une horreur réelle celle-là, concrète, sans nom, celle où l'on constate qu'il existe des êtres d'apparence humaine dépourvus complètement d'humanité, animés d'une perversion morbide qui dépasse le sens commun.<br /> <br /> <br /> <br /> J'avais eu l'occasion de tomber sur un site d'information sur les serial-killers au début des années 2000, qui existe toujours. La lecture devenait difficile après quelques articles décrivant ce qui se passait dans la tête de ces meurtriers d'un genre particulier lorsqu'ils s'adonnaient à leurs actes monstrueux (récits basés sur le témoignage des coupables lors de leur procès).<br /> <br /> <br /> <br /> Je te le concède : écrire dans ce registre, même fictif (pourvu que ce soit bien documenté), ne doit pas laisser indemne l'auteur !<br /> <br /> <br /> <br /> Mais l'idée d'une serial-writer... c'est très intéressant :)
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