Duo d'avril 2016
Deuxième partie du Duo avec Caro du blog " les heures de coton". Aujourd'hui, voici mon texte, avec toujours la même photo comme point de départ.
A son retour d’Angleterre, Juliette avait parlé de son nouveau petit copain comme d’un « trophée ». Elle l’appelait « The boy friend » et vantait ses qualités ex-tra-or-di-naires.
Il est vrai que son séjour outre-manche l’avait transformée : non seulement elle fumait – chose qu’elle détestait avant de partir à Londres – et parlait merveilleusement anglais, mais elle avait changé de style.
Fatiguée d’entendre parler du « boy friend » sans jamais le voir, Léa lui a dit.
- Alors, tu nous la présentes quand ta chimère ?
Juliette a piqué un fard et lui a répliqué que certaines aimeraient bien avoir des chimères comme la sienne !
Les semaines ont passé et la bonne humeur de Juliette a sensiblement fané. Certaines amies bien intentionnées disaient déjà que son « boy friend » ressemblait fort à un paravent que l’on exhibe pour cacher la misère !
Et puis la nouvelle que tout le monde pressentait est arrivée trois mois plus tard : Juliette a annoncé qu’entre son « boy friend » et elle, ce n’était plus ça. Elle exhibait une tête de six pieds partout où elle allait, se plaignant des hommes et de leur égoïsme.
Lors d’une fête entre copines, après avoir avalé quelques Margarita bien corsées, elle a crié : « The END ! Don’t ask me any more question about this fucking asshole*. »
Marie lui a demandé.
- Mais dis-moi, il existe ou non ce mec ?
Juliette a fouillé dans son sac et en a ressorti une photo chiffonnée qu’elle a lissée avec le plat de sa main.
- C’était lui.
- OK, c’était lui, mais tu as eu une relation avec lui, oui ou non ? a repris Marie
- En partie, a-t-elle concédé.
- Comment ça en partie ? Tu veux dire que ce type, c’est du virtuel ?
- Qu’est-ce que ça peut faire ! De toute façon, ce salop s’est foutu de moi et maintenant je compense en bouffant parce que j’ai arrêté la clope. Il me reste plus qu’à boire. Quel enfoiré, quand je pense à tout ce que j’ai fait pour lui…
Décidant de couper court à ses jérémiades, Marie a conclu.
- Ecoute Juliette, à ta place j’essaierais de rencontrer un type en chair et en os. Je me demande si c’est pas ça qui te manque. Il te faut du concret, tu comprends, du concret. Un type qui ressemble à autre chose qu’à un rêve à la con.
Juliette n’a rien répondu. Elle était déjà sur son cheval blanc, traversant des steppes noyées de nuages de Margarita, et elle galopait vers un paradis qui n’existait pas…
*Ne me posez plus de questions sur cet enculé. Il m’a laissée tomber