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Presquevoix...
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30 janvier 2016

Tango

20150807_204128-1C’est le dernier tango qu’il avait dansé avec elle. Ensuite, il l’avait assassinée sur la piste, sous les yeux du public avide de sensations, comme s’il s’était agi d’une mise à mort lors d’une corrida.

 

Pourquoi cette mort se demanderont certains. Il n'en avait nullement tenu la raison secrète. A qui voulait l'entendre, il se justifiait : elle l'avait provoqué en le trompant avec une femme.

 

 

 

 

PS : photo prise par GB à Avignon, sur une façade, en aout 2015

28 janvier 2016

La personnalité

Elle disait à qui voulait l’entendre qu’elle avait de la personnalité et qu’on devait l’accepter comme elle était, en bloc.

Ce qu’elle ignorait c’est que  « sa personnalité » n’était en fait qu’un monstrueux égocentrisme. A ses côtés – dommages collatéraux obligent  -  il ne restait plus personne, à part son chien, mais un chien est-il libre ?

26 janvier 2016

Le regard

20160107_141604Si le regard est franc, lui avait dit son ami, le reste suit. Ah oui ? Et comment jugeait-il si un regard était franc ou non ? Il y avait un test ? La naïveté de ce type était déconcertante.

Il se souvenait encore de cette fille dont les yeux avaient la couleur troublante des vitraux de Georges Braque. Ne lui disait-elle pas qu’elle l’aimait, les yeux dans les yeux, avec des accents de sincérité à nuls autres pareils ? Cela ne l’avait pas empêchée de partir avec son meilleur ami sans explication aucune. Ou plutôt si, il y avait bien eu une explication, mais si étonnante, qu’il n’y avait pas cru une seconde : je pars, lui avait-elle dit, parce que tu es un type trop bien pour moi et ce miroir de perfection, devant moi, en permanence, ce n’est plus possible ; ça finit par me donner une mauvaise opinion de moi !

 

PS : collage fait par GB, au temps des ateliers collages.

 

 

24 janvier 2016

« Ensaigner »

8 heures, il est affalé sur la table, sa capuche sur la tête. Le cours commence. Premier remarque. Je passe quelques photos sur Lisbonne, il est toujours affalé sur la table, sa capuche sur la tête. Deuxième remarque. Il daigne lever la tête et émettre un borborygme. Je lui redis le plus aimablement du monde d’enlever sa capuche – ce qu’il fait – et de regarder les documents visionnés car nous sommes en cours, non dans sa chambre à coucher où d’ailleurs il aurait avantageusement pu  rester. Il garde sa tête levée une minute et replonge sur la table, mais sans la capuche, non par fatigue, mais par provocation. Un petit sketch qui aurait pu me faire sourire dans un film intitulé « les profs », mais pas lorsque je fais partie du « casting ».

Résultat des courses : un rapport et une colle.

PS : et en bonus, la bande annonce de ce  film que je trouve toujours aussi étonnant : " la journée de la jupe "

 

 

22 janvier 2016

Les chauves

20151218_200457Elle avait une tendresse particulière pour les chauves, elle les voyait si nus, si démunis face aux intempéries de la vie. Alors quand ces deux chauves s’assirent juste devant elle au théâtre des arts, elle ne put s’empêcher de les photographier. Encore une fois le proverbe se vérifiait : qui se ressemble, s’assemble.

Mais qui étaient-ils ? Lui serait-il possible, en n’observant que leur crâne dégarni, d’imaginer leur histoire ? En tout cas, s’ils étaient ensemble, ils se parlaient peu. S’étaient-ils disputés juste avant d’arriver au théâtre ? Peut-être pour une question de place ? L’un aurait-il  préféré le premier balcon à l’orchestre ? Ou s’agissait-il de vieilles querelles, de celles qui ressortent à la plus petite contrariété. J’imagine que vous connaissez le processus : par une aspiration inconsciente, des faits remontent des limbes de notre mémoire pour ne plus nous laisser en paix.

Elle n’eut pas le temps de réfléchir plus avant au problème. Les musiciens arrivèrent, les lumières s’éteignirent et la musique fut.

PS : photo prise par GB

20 janvier 2016

Le zoo

Mais pourquoi tu t’énerves comme ça ? Lui disait-il souvent. Fais  comme si tu étais au  zoo en train d’observer des animaux dans leur élément naturel. Une fois que la visite sera terminée,  tu rentreras chez toi, dans ta petite cage à toi, là où personne ne viendra te déranger, à part peut-être quelques visiteurs…

18 janvier 2016

L’attente

20160107_141517En voyant son collage, il lui avait demandé pour quand c’était. Elle n’avait pas su lui répondre ; elle n’était pas Dieu.

Il avait insisté.

-          Tu pourrais t’informer ?

-          Auprès de qui ?

-          Je ne sais pas moi, il y a bien un service pour ça.

Elle avait souri et l’avait laissé parler. Incroyable comme ce type parlait toujours pour ne rien dire. De toutes façons, un jour il se calmerait. Un jour d’ailleurs, il ne dirait plus rien, forcément. Et ce jour-là, enfin, elle pourrait se reposer !

 

 

 

PS : collage réalisé par GB il y a des siècles...

 

 

16 janvier 2016

Madame JE

Dans la famille, tout le monde l’appelait Madame JE. Il y avait plus de 20 ans qu’elle racontait le même roman familial à qui voulait l’entendre – roman aussi loin de la réalité que Neptune l’est de la planète terre.

Dans cette épopée à sa gloire, ses enfants avaient du mal à la reconnaître, mais  ils reconnaissaient encore moins le portrait qu’elle dressait de leur père - cet être qui « l’adorait » comme elle le clamait en permanence -  et avait eu le bon goût de disparaître avant elle afin de n'apporter aucune contradiction au roman qui s'écrivait.

La mort - aide de camp charitable -  avait paré son mari de toutes les vertus et  permettait à Madame JE de ranimer sa flamme avec un entrain que personne ne lui avait  connu lorsqu'il  était  vivant...

 

 

14 janvier 2016

Pédagogie

20151206_143517

 

La pédagogie, c’est la stratégie des couches, et elles s’écaillent très vite, trop vite. Alors il faut gratter,  puis repeindre, encore et toujours, jusqu’à épuisement…

 

 

PS : photo prise à Rouen sur le lieu de démolition d’une assez jolie maison, dommage ! 

12 janvier 2016

L’identité

Marilyn travaillait au service accueil de l’hôpital psychiatrique depuis trois ans et son œil aiguisé était capable de détecter en un clin d’œil qui était malade et qui ne l’était pas. L’hôpital étant un lieu ouvert – des esprits malveillants disaient même un moulin à vent – elle devait se montrer vigilante, au cas où.

Ce jour-là, à 16 heures, elle vit sortir un type revêtu d’une drôle de  tunique longue et chaussant des tongs. Après un rapide coup d’œil, elle décida d’intervenir.

-          Monsieur ?

L’homme se retourna. Une barbe mal taillée mangeait son visage éclairé d’un sourire.

-          Mademoiselle ?

-          Vous pensez sortir en ville vêtu de cette façon ?

-          Je rentre chez moi, voyez-vous, et je pensais donc que je pouvais m’habiller comme bon me semblait. Je suis psychiatre.

Elle rougit légèrement mais à elle, on ne la ferait pas, elle avait l’habitude des hurluberlus qui se prenaient pour Jésus, Marx ou le général de Gaulle. Elle continua imperturbable.

-          Vous avez votre carte du service ?

Le sourire de l’homme ne s’altéra pas et il lui montra sa carte de médecin psychiatre. Elle se confondit en excuses et le psychiatre conclut.

-          Vous pourriez me montrer la vôtre, aussi ? Qui me dit que vous êtes bien hôtesse d'accueil ?

Elle ne sut que répondre et s’excusa poliment.

 

 

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