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Presquevoix...
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31 juillet 2015

le costume

Ce texte marque la fermeture estivale de mon blog. Retour prévu dans la blogosphère : le lundi 24 aout

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Voici une histoire lue dans le livre de Clarissa Pinkola Estés : Femmes qui courent avec les loups - histoires et mythes de l'archétype de la femme sauvage - dont je vous conseille la lecture.

" Un homme alla voir  un tailleur, et essaya un costume. Dans le miroir, il remarqua que le bas de la veste n'était pas tout à fait droit.

- Oh, dit le tailleur, ce n'est pas un problème, il suffit que vous teniez le bas avec votre main gauche et personne ne remarquera rien.

Le client obéit, mais alors il remarqua que le revers se relevait un peu.

- Oh, ça ? dit le tailleur. Ce n'est rien. Tournez un peu la tête et maintenez-le avec votre menton. Il n'y paraîtra plus.

Le client obtempéra, mais alors il remarqua que la taille du pantalon n'était pas tout à fait assez longue et que cela le gênait un peu à l'entrejambe.

- Oh, dit le tailleur, ce n'est pas un problème. Tirez un peu dessus avec votre main droite et tout sera parfait.

Le client en convint et il acheta le costume.

Le lendemain, il mit son costume neuf en prenant toutes les postures ad hoc. Tandis qu'il traversait le parc en boitant, le menton collé sur le revers, une main tirant sur la veste et l'autre sur l'entrejambe, deux vieillards interrompirent leur jeu de dames pour l'observer.

- Seigneur ! s'exclama le premier, regarde ce pauvre infirme !

Le second réfléchit un instant, puis murmura :

- Oui c'est terrible, mais vois-tu, je me demande... où donc a-t-il eu un si beau costume ? "

L'interprétation des contes est sans doute la plus belle chose au monde...

29 juillet 2015

131

Il avait poignardé sa mère de 131 coups de couteau. Pourquoi  131 ? lui avait demandé la juge. Il avait bredouillé une réponse qui l' avait laissée  médusée.

-          131 coups de couteau, parce que c’est un nombre premier et qu’elle détestait les mathématiques.

-           Oui, mais 2, 3, 5, 7, 11, 13, 17, 19, 23, 29, 31, 37, 41, 43, 47, 53, 59, 61, 67, 71, 73, 79, 83, 89 et 97 sont aussi des nombres premiers,  répondit la juge qui semblait férue de mathématiques.

L’accusé  déclara aussitôt.

-          Peut-être, mais je voulais un nombre supérieur à 130.

-          Et pourquoi ? s’obstina la juge.

L'accusé observa longuement la femme en robe noire qui lui faisait face. Ses yeux rapprochés lui faisaient penser à ceux de sa mère, un esprit étriqué dans une tête mal faite pensa-t-il immédiatement. Il réussit pourtant à se contrôler et asséna tranquillement avant de s’enfermer définitivement dans le silence.

-          Je ne répondrai plus à ces pourquoi qui ne servent qu’à mettre le monde dans des boites inutiles.

 

 

 

 

27 juillet 2015

Duo de juillet

Ce texte a été écrit en m’inspirant  également de  Nothing compares to you  et de la chanson Le petit bonheur

 

 

A la recherche du bonheur

 

A chaque fois que je veux être heureuse, il y a quelque chose qui m’en empêche, cela ne rate jamais. Je pourrais prendre n’importe quel exemple. Tenez, hier soir, je me suis couchée avec la ferme intention d’être heureuse ce matin. Mais quand mon réveil a sonné, impossible de me souvenir de ma quête de bonheur de la veille parce que je me suis énervée pendant deux minutes sur le bouton du réveil que je n’arrivais pas à fixer dans la position « off ». Il faut que je  jette ce réveil avant qu’il ne m’achève.

 Il faudrait que je décide d’être heureuse non pas le soir, comme hier, mais le matin, après que mon réveil a sonné. En me regardant avec bienveillance dans la glace, je répèterais  la phrase suivante à l’infini - “ Je suis heureuse, je suis heureuse, je suis heureuse, je suis heureuse…” - et celle-ci ferait lentement son chemin en moi, mais  à une seule condition : ne pas mettre mes lunettes afin de me voir floue.

 En y réfléchissant, je me dis qu’il y aurait bien quelque chose qui pourrait me rendre heureuse : abîmer son âme dans les petits bonheurs du quotidien. Voici une  liste indicative : vous partez au travail à vélo – une fois de plus, et vous en avez pour 42 ans et demi si tout va bien – un oiseau pousse sa trille insolite, alors vous l’écoutez et vous êtes heureuse un dixième de seconde ; vous  arrivez au travail et on vous dit que vos élèves sont absents pour cause de devoir commun, vous l’aviez oublié, alors vous êtes heureuse 20 dixièmes de seconde ; vous repartez du travail, vous chantonnez « vertige de l’amour » sur votre vélo et vous êtes heureuse trois dixièmes de seconde ; vous êtes chez vous, vous regardez le programme télé et vous vous apercevez qu’il y a un Woody Allen le soir même, vous êtes heureuse quatre dixièmes de seconde ; votre fille rentre du lycée et vous annonce que ce week-end elle ira chez sa copine, vous êtes heureuse cinq dixièmes de secondes, au moins un soir où il  n’y aura pas d’engueulades à la maison ; votre mari décide de faire les courses, c’est la première fois depuis deux ans, vous êtes heureuse vingt dixièmes de secondes. Vous rencontrez un ex petit ami - un amour de jeunesse que vous aviez presque oublié - il vous dit avec nostalgie : « Je n’ai jamais rencontré personne comme toi ». Sous l’effet de la surprise vous atteignez un total de 30 dixièmes de secondes, record absolu.  Altruiste comme vous êtes, vous évitez de le blesser en lui répondant que par contre, de votre côté, vous en avez rencontré cent aussi bien, voire mieux que lui.

 Oui, le bonheur, c’est simple, ce sont des instants qui se chiffrent en dixièmes de seconde.

Et d’ailleurs, parler du bonheur, c’est déjà le faire exister, non ?

25 juillet 2015

Duo de juillet

Voici notre duo de juillet avec Caro. Nous avons fait le grand écart entre ces deux musiques dont nous nous sommes inspirées :

 Nothing compares to you  et Le petit bonheur 

Aujourd’hui, vous pouvez lire le texte de Caro. Le mien paraîtra lundi.

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Géométrie variable

 

Du lundi au jeudi, je roule. Plus rarement du lundi au vendredi. De longues bandes grises, noires, délavées, larges et confortables, ravaudées ou crevassées. Des sentes où je me perds. Des villes, des faubourgs, gras, tristes, longilignes, des quartiers lisses comme la brique ou rugueux comme le béton. Je parcours, des départements, une ou deux régions, je traverse des rivières et parfois un fleuve. Jamais je ne côtoie la montagne ou la mer. J’arpente de long en large le territoire d’une vaste plaine, d’un plateau. Le soir, cocher un nouvel hôtel, une nouvelle fiche.

J’aligne un point à un autre, d’une à une autre ville, là où je dors, une fabrique, une succursale. J’argumente, je déballe, je convaincs, je vends ou pas, cette fois-ci ou l’année prochaine. Ne jamais décrocher. Je relie des RV, des noms, des numéros dans mon carnet de commandes.

Il y a trois ans, j’étais arrivée au bout de mes droits assedic. Le temps file vite quand on cherche du boulot. Une foule d’ateliers inutiles, le désir de travailler dans un domaine qui vous plaît. Les lettres et la motivation, les CV, les rares entretiens, décrocher son téléphone pour un face à face en tailleur strict et des tests ou pour enfin comprendre pourquoi vous n’avez pas fait l’affaire, pourquoi on ne vous répond pas. Face aux portes closes, admettre l’échec. S’accrocher quoiqu’il arrive.

Pendant ce temps, te voir me quitter. Accuser le coup. D’autres viendront.

En catastrophe, accepter ce poste de commerciale. Se perdre dans ces deux vies qui coexistent. Celle des motels, des kilomètres et des pages d’agenda toujours trop remplis. L’autre où très vite le vendredi est celui où l’on règle les dossiers, on aligne les coups de fils et les rappels, les relances, où l’on rentre chez soi, l’âme à sec, dans cette maison que tu as déserté très vite alors que j’étais au plus bas, où d’autres ne feront qu’une halte. Pour ces autres à venir, il me faudra attendre.

Ne plus savoir comment lier les jours aux autres, les matins sans réveil et les aubes grises. Où raccrocher les gants.

Allumer la radio un matin froid d’hiver et cueillir cette chanson. Pleurer dans l’aire de pique-nique qui précède la sortie 18. Décider que les kilomètres et le temps gommeront méthodiquement chaque trace de ton visage. Et quand l’un des hommes que je connaitrai après toi apparaîtra et disparaîtra de mes fins de semaine, décocher un sourire en écoutant https://www.youtube.com/watch?v=VwOvjAy7EF8 puisque, l’un et les autres, vous désertez ma vie.

Une fois la bande FM allumé, dans ma bagnole ou chez moi, rattraper le chemin en me tricotant un long fil d’Ariane souple et semé de notes claires. Oui, ne pas me perdre, mais t’avoir perdu, toi.

 

23 juillet 2015

Le routier

Il roulait 100% Jésus et, afin que tous le sachent, il avait affiché un autocollant sur le parebrise  de son énorme camion qui écumait les routes d’Amazonie.

Miracle, depuis que Jésus était au coeur de sa vie, rien n’arrêtait la course de son « géant » sur les routes boueuses de la transamazonienne…

 

 

21 juillet 2015

Le funambule

20150707_214613Certes, ils avaient un peu fumé ce soir-là mais ce type  l’avait tout de même surprise. Il avait soutenu qu'il pouvait parfaitement passer d'un immeuble à l'autre en marchant sur l'arc que le ciel avait  tendu. Elle l’avait laissé dire. Ce n’était pas le premier à lui tenir des discours absurdes après avoir fumé quelques joints. Pourtant, elle aurait dû se méfier, car il lui avait fait une confidence qu’elle avait  préféré oublier :

-    Ma mère est morte et mon  père m’a foutu à la porte. Tu peux me dire quel sens ça a ?

Ce soir-là il faisait chaud. La température était montée à 33 degrés à l’intérieur de l’appartement et ils avaient copieusement abusé d’un petit vin  frais. Allongée sur  le tapis rouge, elle s’était laissée embrasser par le funambule qui lui avait demandé de l’encourager pour sa traversée du ciel. Après, elle ne se souvenait de rien.

Quand les policiers l’interrogèrent, avec  les six autres occupants de l’appartement, elle ne sut répondre à aucune de leurs questions. Ils insistèrent. Secouée de sanglots, elle ne pouvait dire qu’une seule phrase : j’avais trop bu et trop fumé, je ne me rapelle rien.

Une fois la police partie, elle essaya de repenser à la scène mais aucun détail ne lui revint en mémoire, aucun, à part l’obstination du funambule qui voulait traverser le ciel.

Maintenant il était mort. S'il avait ouvert les portes du ciel,  la vie avait peut-être retrouvé un sens, qui sait ?

 

PS : photo prise par gballand

 

19 juillet 2015

Réponse

Lorsque quelqu’un parlait, elle avait toujours la sale habitude de penser à la réponse qu’elle ferait. Autant dire qu’elle écoutait rarement. Pourtant, elle était psychologue…

 

17 juillet 2015

L’œuvre

20150707_174606-1Quand elle passait dans cette rue, elle contemplait son œuvre. Elle ne comptait pas le nombre de fois où elle avait failli se faire  arrêter par la police des mœurs. Pourtant,  elle avait toujours réussi à s’éclipser, tel était son désir de secouer le joug de la répression sexuelle imposée par la dictature en place. Dans les "milieux autorisés" on l'avait  surnommée " septième ciel ".

A chaque passage, elle saluait son personnage d’un signe de tête  et elle lui disait solennellement, en hommage à la révolution de mai 68 : «  jouissez sans entraves ».

Jusqu’au jour où un homme l’entendit et la fixa d’une façon qu’elle jugea lubrique. Elle ne put s’empêcher de lui dire : « De toutes façons, si j'avais envie de jouir, je ne m’adresserais certainement pas à vous ! »

Puis elle partit sans demander son reste, satisfaite de lui avoir rivé le clou.

 

PS : photo prise par gballand à Bruxelles.

 

 

 

15 juillet 2015

Le questionnaire

Il voulait tomber amoureux à tout prix. Comment lui en vouloir, à son âge ? Elle lui proposa la chose suivante.

-  Tiens, voilà un questionnaire magique ou presque, tu le fais avec celle que tu auras choisie et en principe, cela devrait marcher.

Elle ne  le revit que six mois plus tard. Sans doute avait-il trouvé la femme de ses rêves.

Dans sa logorrhée inimitable, il lui apprit qu’il avait bien rempli le questionnaire avec la femme de son choix, mais que le lendemain de leur troisième jour de vie commune, elle avait disparu sans laisser d’adresse. Une fois sa confession faite, il s’effondra en pleurs dans ses bras. Elle le consola comme elle put…

 

PS : n'oubliez pas d'essayer le questionnaire avec le partenaire de votre choix !

 

 

 

 

13 juillet 2015

Immortalité

Il venait d’avoir 150 ans, et il commençait à s’emmerder sérieusement…

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