Le forçat
C’était un vrai travail de forçat et il ne savait nullement combien de temps il pourrait encore tenir. Quelle faute avait-il donc commise ? De quoi était-il coupable au juste ?
Ses interrogations cessèrent quand une femme s’arrêta pour le prendre en photo. Il voulut lui dire combien il souffrait, combien ses questions le rongeaient, mais il n’osa pas. Elle aurait pu se moquer de lui. D’ailleurs, seul le cadrage l’intéressait et, si elle semblait le prendre en gros plan, ce n’était nullement pour découvrir son âme mais pour emprisonner son image.
Quand elle rangea son appareil, le forçat faillit crier, mais sa voix lui manqua et la femme passa son chemin, comme les autres, comme tant d’autres…
PS : photo de gballand prise à Rouen, place de la Rougemare. Prochain texte : le dimanche 28 juin !