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Presquevoix...
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26 janvier 2015

La prison

20141223_093717L’hiver faisait tomber les dernières feuilles des arbres et elle était toujours là. Chaque mardi et chaque jeudi, elle se plaçait non loin du mur d’enceinte et elle attendait qu’il lui fasse signe. Il était au dernier étage, la cellule qui jouxtait la gouttière. A travers les barreaux, il agitait un linge blanc, c’était le signal. Il  l’appelait sur un portable qu’il avait – dit-il -  récupéré auprès d’un voisin, en échange de somnifères.  Le type voulait en finir, c’est ce qu’il lui avait dit.

Cela faisait une heure qu’elle attendait dans le froid mordant, mais rien. Avait-il oublié ? La prison cadenassait les âmes. Le corps, lui, se maintenait au prix de 200 pompes par jour. A chaque parloir elle s’étonnait de ses bras qui gonflaient au rythme des mois passés en détention. Quand sortirait-il ?

Soudain un linge blanc apparut à la fenêtre de la cellule à droite de celle de son mari et le téléphone sonna.

-  Allo, dit-elle la voix sèche.

-  Bonjour, c’est Didier, le voisin de cellule de Laurent. Il peut pas appeler.

-  Pourquoi ?

-  Il est à l’hôpital. Il a voulu se suicider la nuit dernière.

Elle n’eut pas le temps de lui poser de question, l'homme avait déjà raccroché. Comment ne s’était-elle pas douté un seul instant que le type dont il avait parlé et  qui soit-disant voulait en finir, c'était lui !

 

PS : photo de gballand prise devant la prison Bonne Nouvelle à Rouen en décembre 2014

 

Commentaires
S
Je préfère me méfier d'une prison qui s'appelle Bonne nouvelle :-)
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P
Quand l'incarcération devient trOp pénible il ne reste que le suicide. <br /> <br /> Tout faire pour ne pas être dans une telle situation, derrière les barreaux .
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C
Ils ont mis l'arbre pour que les gens se pendent ? Bonne nouvelle... c'est d'un cynisme comme la santé tiens !
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A
ça, pour une bonne nouvelle, c'est une bonne nouvelle!<br /> <br /> (je veux dire le suicide raté, bien sûr ;-))
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K
Ca me rappelle le jeu "passe à ton voisin !" et je me demande si le linge blanc continuera d'être agité une fois qu'il aura atteint la dernière fenêtre du bâtiment carcéral.
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