Le pays du Vice
Nouvellement élu à la tête du pays, il avait promis au peuple une politique qui trancherait avec les précédents présidents, et ce fut fait.
Neuf mois après son élection, il fut créé une police chargée de la promotion du vice et de la prévention de la vertu. Si les médias s’en inquiétèrent, ce ne fut que pure forme, car les financiers à la tête des principaux journaux étaient liés aux narcotrafiquants.
La population fut rapidement mise au pas grâce à une police dont les effectifs furent triplés. Les policiers patrouillaient jours et nuits dans les quartiers sensibles – c’est ainsi que l’on appelait les ilots de résistance de la vertu – où des tagueurs s’obstinaient à barioler de chastes inscriptions sur les devantures des cabarets et des tripots en tout genre.
Alcool, cannabis, sexshops, films pornographiques, maisons de jeu et de passe, magasins d'armes et champs de tir menaient la danse du PNB. Lors de ses premiers voeux au pays, le Président - revêtu d'un costume bardé de décorations fantaisistes qui lui donnait un vague air d'Amin Dada - se félicita du bond de 10 % du taux de croissance et de l'explosion de l'indice de la PNB - Pulsion Nationale Brute. Il termina son discours d'un " Que le Vice soit pour nous un art de vivre !" et la garde républicaine entonna le nouvel hymne républicain sans aucune fausse note.