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30 novembre 2014

Les scratchs

A 17 ans, il ne savait toujours pas attacher ses lacets ; forcément, il mettait des chaussures à scratch depuis sa naissance… 

28 novembre 2014

Bonheur

Il  pensait qu’il était plus facile de rendre heureux la femme d’un autre que la sienne. Il aurait facilement pu le vérifier, mais au dernier moment, il n’avait jamais réussi à sauter le pas : question d’éthique,  de culpabilité, de peur ou de confort, allez savoir !

PS : la liste n’est pas exhaustive

26 novembre 2014

La démarche des vases

couvertureOn disait d’elle qu’elle avait une démarche de vases - j’aurais plutôt dit d’amphores. Tout le monde la trouvait laide, sauf moi. J’en étais tombé secrètement amoureux. Son double-menton et ses joues blanches et molles m’attiraient comme des aimants. Ce lieu commun, chers amis lecteurs, vous dérangera peut-être,  tout comme vous dérangera  sa chair abondante, mais moi je rêvais d’y enfouir mon visage et d’en parcourir les plis, dussè-je y passer plusieurs jours.

Pourtant, ce qui me fascinait chez elle, encore plus que sa chair flasque, c’était son autorité, à laquelle je rêvais de me soumettre.

Mardi dernier, par le plus curieux des hasards, nous nous sommes retrouvés en tête à tête dans le même salon. Un moment inespéré. Elle m’a regardé de ses yeux faussement inexpressifs et  je n’ai pu refreiner l’impétuosité de la sève qui jaillissait dans mon jeune corps brûlant.

-          Mademoiselle, lui ai-je dit, j’ai pour vous…

Elle ne m’a pas laissé terminer ma phrase et m’a répondu d’une voix grave qui semblait prendre sa source à la naissance de son pubis.

-          Monsieur, arrêtez, je sais ce que vous allez dire.

-          Et que vais-je vous dire ?

-          Toute l’horreur et la répugnance que je vous inspire.

-          Tout au contraire mademoiselle, je ressens pour vous un étrange amour.

-          Insolent ! m’at-elle-dit en me frappant le visage de ses gants de peau.

Jouissance suprême. Ce geste charmant m’a conquis. Maintenant, je ne rêve que de me glisser sous l’étoffe de sa lourde robe.

 

PS : pour vous amuser à créer votre couverture de livre, c’est ici.

 

24 novembre 2014

Le déchétarien

Il faisait ses courses au supermarché, de nuit, en sautant par-dessus les murs et en fouillant les poubelles qui regorgeaient de produits périmés. Les DLC*, il laissait ça aux victimes de la société de consommation. Lui, il   mangeait  gratuit depuis 10 ans, une économie non négligeable pour qui refuse de « revendiquer » son employabilité sur le marché du travail…

 *Date de limite de consommation

 

 

22 novembre 2014

La blouse blanche

Lorsque l’élève était arrivée en cours de physique avec une blouse blanche qui lui arrivait à la taille, le professeur lui avait fait remarquer qu’il lui fallait une blouse plus  longue à cause des expériences. Peine perdue. La semaine suivante, il lui demanda son carnet de liaison afin de mettre un mot à ses parents.  « A faire signer par tes parents », ajouta-t-il.

Le jeudi suivant, l’élève lui rapporta le mot signé avec cette note de sa mère :

« Ma fille à la blouse que sa sœur a porté il y a quatre ans. Pourquoi elle convenait avant et plus maintenant ? Je vais pas acheter une blouse plus longue pour vous faire plaisir. »

Le professeur poussa un long soupir, regarda la fille qui devait faire au moins 1 m 80, puis il  écrivit sur le carnet :

"Quelle taille faisait votre fille aînée ?"

20 novembre 2014

(dialogue entre un grand-père et son petit-fils)

 

 

hervé

 

(dialogue entre un grand-père et son petit-fils)

- Dis-moi fiston, qu’est-ce que tu feras plus tard ?
- Je serai Président !
- Ah oui, et qu’est-ce que tu feras pour les Indiens ?
- Je rendrai les pauvres plus riches !
- Et qu’est-ce que tu feras des riches ?
- Je les rendrai plus pauvres !
- Et après ?
- Après ils comprendront pourquoi les pauvres n’aiment pas être pauvres.
- Et quand ils auront compris ?
- Je changerai tout et je mettrai tout le monde pareil, les pauvres et les riches !
- Et tu crois qu’ils seront heureux, les gens, quand ils seront tous pareils ?
- Je crois.
- Tu ne penses pas qu’il y en a qui voudront être plus riches  que les autres ?
- Peut-être, mais alors ceux qui veulent être plus riches devront aider les pauvres.
- Comment ?
- En leur prêtant de l’argent gratuitement.
- Alors on revient comme avant ?
- Non, parce que les riches ils auront vécu comme les pauvres, et ils sauront…

*  photo  prêtée par Hervé Bonnaveira, professeur de SVT, parti en juin 2007, dans un tour d'Asie à vélo afin de faire découvrir et vivre le développement durable.

18 novembre 2014

Le week-end

Constatant que les trois quarts  de ses élèves de seconde n’avaient pas fait le petit travail demandé pendant le week-end, travail qu’ils auraient d’ailleurs dû faire le cours précédent mais qu’ils n’avaient pas achevé en raison du degré zéro de réflexion – la flemme ! -  dont ils avaient fait preuve, elle s’exalta. L’une des élèves lui répondit spontanément.

-          Mais madame, le week-end ça sert à se reposer. J’ai jamais travaillé le week-end quand j’étais au collège.

Elle déglutit difficilement devant ce qu’elle considéra – peut-être à tort – comme une provocation, puis elle répondit.

-          Ah bon, vous n’avez jamais travaillé le week-end ? C’est contraire à vos principes certainement. Mais maintenant, il va falloir changer de principes, hein,  sinon vous risquez d’aller droit dans le mur, et ça va faire très très mal !

Elle se demanda si elle ne devrait pas convier les parents à assister au cours quand ils le souhaitaient, juste pour qu’ils voient leurs chers petits en action… ou plutôt, à l'état larvaire.

 

16 novembre 2014

Le médaillon

A sa mort, elle avait voulu que l’on mette quelques-unes de ses cendres dans un médaillon qu’elle portait à son cou jour et nuit. Certains avaient qualifié son choix de morbide. Elles les avaient laissé dire. Ses enfants eux-mêmes ne l’avaient  pas comprise.

-  Franchement, à quoi ça rime ? lui avait dit sa fille.

Elle avait préféré garder ses raisons pour elle. Inutile de les alarmer…

 

14 novembre 2014

Duo de Novembre

A nouveau Barbara et sa solitude comme source d'inspiration :

 

 Partir

« J’avais poussé la porte. Tu étais assis au piano dans le salon aux murs  blancs. Tu m’attendais, silencieux comme souvent, et ton visage dessinait l’ovale d’une profonde tristesse. J’avais une robe noire, un collier de perles blanches et mon visage était  dévoré de larges cernes bleus que tu avais aussitôt oubliés car ma bouche écarlate te rappelait ces fraises  que nous gardions pour étancher notre soif… »

Elle considéra d’un œil critique ces lignes écrites la veille. Sélectionner, supprimer ; elle fit mourir le paragraphe sans état d’âme. Il lui fallait un texte sobre, dépouillé, quelque chose qui lui ressemblerait, car elle entretenait avec la narratrice des liens incestueux.

Si seulement il lui avait laissé le temps... si seulement. Mais il avait choisi l’abîme, la mort et seule lui restait la solitude.

12 novembre 2014

Duo de Novembre

Nouveau duo d'écriture avec Caro. Cette fois-ci, notre source d'inspiration est Barbara avec : " La solitude ".

Sous la vidéo, vous pourrez lire le texte de Caro. Le mien paraîtra vendredi 14 novembre.

 

 Au Jean Bart

Je crois que ce jour-là, il venait de pleuvoir.

César venait de me larguer. Il ne s’appelait pas César, c’est le nom que je donne à mes ex, les conquérants. Après eux, après le saccage, ne restaient que des lieux dévastés où plus rien ne pouvait repousser.

Les pavés étaient luisants. Si vous êtes biturige, vous connaissez, l’automne maussade qui se traîne rue Bourbonnoux, les feuilles grises noyées au fond de la fontaine George Sand. Au Jean Bart, j’ai commandé un verre. Fernand m’a servi un petit vin du Languedoc. Après la fuite du cinquième empereur, il m’avait conseillé ce cru ensoleillé qui chassait les idées bancales et les cœurs en capilotade. Ce soir-là, alors que j’avais perdu le compte des héritiers de mes dynasties amoureuses, je l’ai vue pour la première fois. Une vraie gueule de carême. Une petite chose fripée, rencognée dans un coin. Fernand a apporté une assiette avec quelques tranches de saucisse sèche et de cantal. Il m’a resservi un verre.

Je l’ai retrouvée chaque fois que mes aventures tanguaient, chaque fois qu’elles partaient en quenouille et me filaient entre les doigts. Quand invariablement exsangue, j’atterrissais dans la grande salle à moitié éclairée, au milieu des habitués du soir. Je prenais un verre comme je tombais amoureuse. Je m’accrochais à des bruits de comptoir, à cette ligne rouge et liquide qui roulait sous mes doigts et ma paume. Je mélangeais tout, toujours ; j’étais incapable de résister à mes envies. Respirer un peu de vie dans une peau à l’approche, me perdre dans un détail, tiens la lueur entrevue dans un regard, ou un mot que je fantasmerai longtemps. Là, à fond de cale, je me noyais dans ce verre sans fond. Mirage ? Il suffisait que Fernand soit là et le fasse disparaître d’un coup adroit.

Tiens. Elle était encore là, la petite chose ratatinée, tapie au fond de la salle. Devant elle, un paquet de cigarettes intact, comme son verre. Je pourrais me raccrocher à ce regard qui fend la salle, mais il y a cet homme qui se retourne. Finalement, il ne se passe rien. Je rentre, et laisse derrière moi le souvenir de l’homme et le sourire cerné qui ne m’avait pas quittée.

C’était juste après Noël. Je me tenais dans la porte cochère et regardais les flocons qui glissaient le long des pierres d’hiver de la cathédrale. J’allais partir de chez moi, je ne supportais plus ce silence qui allait et venait dans les pièces. Pourtant, je ne bougeais pas. Il y avait ces larmes froides que je sentais venir et que rien, ni le sourire bougon de Fernand, ni l’éclat de la robe rouge du Fitou ne pourraient éloigner.

Et elle se tenait là, dans le creux d’ombre près du réverbère. Je l’ai laissée approcher, grise et menue. Je l’ai laissée m’embrasser. C’était doux comme des étrennes qu’on a oublié de vous donner, troublant peut-être. En tout cas il y avait juste ce qu’il fallait d’étincelles. Et dans ces yeux qui brillaient comme deux châtaignes, une flammèche où se consumaient tous les César.

Caro Mennesson Bougrat – 4 novembre

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