La démarche des vases
On disait d’elle qu’elle avait une démarche de vases - j’aurais plutôt dit d’amphores. Tout le monde la trouvait laide, sauf moi. J’en étais tombé secrètement amoureux. Son double-menton et ses joues blanches et molles m’attiraient comme des aimants. Ce lieu commun, chers amis lecteurs, vous dérangera peut-être, tout comme vous dérangera sa chair abondante, mais moi je rêvais d’y enfouir mon visage et d’en parcourir les plis, dussè-je y passer plusieurs jours.
Pourtant, ce qui me fascinait chez elle, encore plus que sa chair flasque, c’était son autorité, à laquelle je rêvais de me soumettre.
Mardi dernier, par le plus curieux des hasards, nous nous sommes retrouvés en tête à tête dans le même salon. Un moment inespéré. Elle m’a regardé de ses yeux faussement inexpressifs et je n’ai pu refreiner l’impétuosité de la sève qui jaillissait dans mon jeune corps brûlant.
- Mademoiselle, lui ai-je dit, j’ai pour vous…
Elle ne m’a pas laissé terminer ma phrase et m’a répondu d’une voix grave qui semblait prendre sa source à la naissance de son pubis.
- Monsieur, arrêtez, je sais ce que vous allez dire.
- Et que vais-je vous dire ?
- Toute l’horreur et la répugnance que je vous inspire.
- Tout au contraire mademoiselle, je ressens pour vous un étrange amour.
- Insolent ! m’at-elle-dit en me frappant le visage de ses gants de peau.
Jouissance suprême. Ce geste charmant m’a conquis. Maintenant, je ne rêve que de me glisser sous l’étoffe de sa lourde robe.
PS : pour vous amuser à créer votre couverture de livre, c’est ici.