L’éloge funèbre

Au moment où le curé faisait l'éloge de la défunte, son fils se leva spontanément et cria : " Ce n’est pas vrai ! ». L’assistance se tourna vers lui et le curé interrompit son discours. Le fils resta debout, le regard perdu, puis il se rassit l’air accablé. Le curé revint à son éloge et l’assistance reprit son écoute attentive, comme si rien ne s'était passé…

Comments

[LOU]

Aux obsèques de mon père, nous avions fait lire un texte que nous avions écrit à deux. Les compagnons de la 2ème DB étaient là. Et le curé s'est permis de s'exprimer par "il était tout de même pas un saint !". Heureusement qu'il ne poursuivit pas, car même sous l'effet de la douleur, je crois que j'aurais eu assez d'énergie pour le remettre à sa place.

[Pastellle]

J'ai assisté récemment à une cérémonie laïque, où un des 5 enfants de la défunte a fait un "éloge vrai". Il n'a dit que la vérité, du bien, mais aussi du mal. Mais c'était la première fois que j'entendais ça à un enterrement, ça m'a fait tout bizarre...

[D. Hasselmann]

Le descendant caché de Bossuet avait de la ressource.

[personne]

corbillard -> cercueil, évidemment. pffff...

[personne]

C'est alors que la défunte se redressa à demi dans son corbillard, ressuscitée par la haine légendaire qui l'opposait à sa progéniture, et apostropha son fils en ces termes de son plus mauvais regard : "TA GUEULE PETIT CON".

Puis elle prit bien soin de refermer le couvercle de son dernier moyen de transport avant de trépasser pour la seconde fois, emportée par les échos mourants dans les alcôves des voûtes de l'église :

... eule petit con

... petit con

... con

... on

...



Le curé se sentit soudainement fort embarrassé dans le silence glacial qui s'ensuivit, la suite de son homélie à cet instant précis abordait les rapports tendres entre une mère et son fils. Il décida d'improviser un passage qui jamais n'a existé dans la bible, pour inventer une parabole expliquant sans susciter le moindre sourcillement des ouailles pétrifiées, tout ce qu'il venait de se passer, avec la plus grande logique qui soit car, au royaume de Dieuleveut, rien n'est mystère.



C'est ainsi qu'il déclama, écartant les bras et emplissant le chœur et la nef tout entiers de sa maigre voix aigrelette...



(je sens que me commentaire va faire tâche)