Miss Ventre
C’était la fête du ventre et la joie régnait. Le ventre ne met-il pas tout le monde d’accord, sauf les anorexiques ?
La foule se pressait dans les allées où les « artisans » tenaient leurs stands revêtus à l’ancienne. Certaines mauvaises langues se demandaient pourtant si les produits vendus étaient aussi authentiques que les vêtements des vendeurs.
Cette année – une première - La municipalité avait décidé de sacrer une Miss Ventre. La Miss gagnerait cinq saucissons secs, un rôti de veau de un kilo, quatre neufchâtels, deux pots de tripes à la mode de Caen et deux bouteilles de pommeau.
La Mairie n’était pas peu fière de son initiative, mais les critères de sélection de Miss Ventre et la mise en place du jury avait créé de fortes tensions au sein de l’Equipe municipale et des représentants des commerçants. Il avait finalement été décidé que le jury serait composé du maire, de l’adjoint à la culture, d’un conseiller municipal de l’opposition et de trois représentants des commerçants.
Cette année-là, le prix avait sacré Aurélie, 18 ans, 75 kilos, 1 mètre 60, normande d’origine et détentrice d’un CAP boucher. La jeune Miss avait été immortalisée sur le podium par de nombreux photographes amateurs. La pauvre transpirait fort dans son corselet qui comprimait sa poitrine opulente ; une jupe de toile rayée et un bonnet serre-tête blanc complétait sa panoplie de Miss.