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Presquevoix...
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29 septembre 2014

La fiche

Sur la fiche  qu'elle donnait à remplir aux élèves de seconde en début d'année, elle concluait toujours par ces deux questions qui parfois leur donnaient du fil à retordre :

  1. Qu'aimez-vous le plus ?
  2. Que détestez-vous le plus ?

A la deuxième question, l'une de ses élèves avait répondu : « ma belle-mère ».

 

27 septembre 2014

Amour

Ma femme me reproche toujours  de ne pas lui dire que je l’aime. Pourtant, je le lui ai dit le jour de notre mariage, il y a 3  ans, allez comprendre les femmes…

25 septembre 2014

La végétarienne

Végétarienne depuis 10 ans, elle avait  toujours demandé aux hommes carnivores avec qui elle sortait de  se brosser les dents avant de l’embrasser sur la bouche. « Je ne supporte pas les charniers », leur expliquait-elle en réponse à leur étonnement.

 

23 septembre 2014

La bouteille

Hier matin, en regardant la maison du voisin par la fenêtre de ma chambre, j' ai eu l’étrange impression de voir un magnum de bordeaux en lieu et place de sa cheminée. Devrais-je arrêter de boire mon petit verre du soir, le verre thérapeutique - comme je l'appelle -  celui qui me donne le petit coup de fouet nécessaire au maniement des poêles, casseroles et ingrédients divers ?

21 septembre 2014

Virage

Quand je lui ai dit « J’ai viré de bord ! », Christophe a cru que je votais à droite ! L’imbécile ! Comme il me connaît mal ! Rien que ça, ça m’a découragé d’aller plus loin. Ma confidence, je la ferais à quelqu’un d’autre.
L’après midi, j’ai téléphoné à Juliette, peut-être qu’avec elle, ce serait plus facile. J’ai commencé de la même façon « J’ai viré de bord ! ». Elle s’est exclamée, d’un ton désinvolte.
- Oh, ça arrive à tout le monde !
Comment ça, ça arrive à tout le monde ! Ça m’étonnerait bien que ça arrive à tout le monde ! J’ai préféré ne pas insister et je suis passé à autre chose.
Le soir même, j’ai téléphoné à Jean, un copain que j’ai connu dans une agence d’intérim. Quand je lui ai dit « J’ai viré de bord », il m’a demandé, atterré.
- T’es devenu pédé ?
- Tout juste, lui ai-je répondu, content d’être compris.
Et il m’a raccroché au nez.

19 septembre 2014

Ambiance

Lorsqu’à la fin du cours, une élève leva le doigt pour se plaindre  de la mauvaise ambiance qui régnait dans la classe,  elle répondit.

-          Je ressens exactement la même chose que vous.  Et pour ne rien vous cacher, quand j’arrive dans ce cours et uniquement dans celui-ci, je n’ai qu’une envie : en repartir aussi sec. Hélas, je ne peux pas me le permettre. Personne ne  me signera un mot d’excuse pendant toute l’année.

Les élèves ne dirent rien, seul l'un d'entre eux remarqua - et c'était celui dont le comportement était le plus désagréable.

- Ben moi non plus j'aime pas venir ici.

- Vous voyez, répondit-elle, pour une fois nous sommes d'accord.

Lorsque la sonnette retentit, ils rangèrent leurs affaires et partirent sans mot dire.

17 septembre 2014

Duo

Aujourd’hui, avec caro-carito, nos textes se croisent en un  duo stimulant : son texte est sur Presquevoix, quant à mon texte, il  est sur son blog.
La consigne était d'écrire un texte qui reprenait cette phrase de Mia Couto, auteur Mozambicain : "les hommes qui bavent ne mordent pas"

                                                                           


 

 

No pasarán

Laura se tenait devant la pancarte d’un blanc immaculé. « Les hommes qui bavent ne mordent pas. »

Elle repensa brusquement à Maëlle, la correspondante française qui avait fait irruption un été dans la maison des Flores. L’insupportable Maëlle et son humour aussi épais que les puddings de Tia Betty.

L’adolescente blonde et effilée était arrivée la veille. Une virée à Miraflores et Larcomar, sa vitrine pour touristes, avait été décidée et la famille au complet s’était entassée dans deux ticos qui passaient par là. Le menu de bienvenue comprenait un cocktail papaye et mangue dans un, des photos d’un Pacifique aux reflets d’acier, un soleil joueur derrière la neblina liménienne et détour pour voir « el beso » . La francesita avait mitraillé la statue avec son téléphone. Oui les Flores avaient le wifi, skype et tout le reste. Non à Lima, les gens ne portaient pas de chuyos et ne parlent pas quechua, même en cachette.

Laura se souvient encore du rire de la jeune fille blonde. Un blond qui tirait sur le roux et qui étincelait dans le soir qui s’attardait au milieu des promeneurs. Un blond vulgaire comme la voix, la façon de s’habiller, les manières de  la francesa. Deux yeux verts la fixaient et une bouche dédaigneuse articula lentement pour que Laura comprenne bien : « C’est quoi ce pays de sauvages où l’on doit dire aux gens de ne pas pisser sur les pelouses. » Ce rire qui balaya la phrase, il semblait ne jamais vouloir s’arrêter.

Laura ne comprit que plus tard que la lycéenne avait pensé que pisar voulait dire pisser. Pisser…  « Pisar. C’est marcher ! » Avait insisté une Laura désespérée. Mais le mal était fait, Maëlle ayant largement diffusé depuis une semaine via ses nombreux réseaux, forums et amis, ses réflexions sur ce pays tellement « arriéré ».

Six semaines après, quand Laura avait vu la francesa disparaître dans les couloirs de l’aéroport Jorge Chavez, la jeune péruvienne s’était juré de ne jamais mettre les pieds en France.

Et c’est ce qu’elle avait fait, étudiant aux États-Unis, découvrant l’Australie et la Nouvelle-Zélande, ayant fait le tour avec sa cousine Pili ou des copines de l’Amérique latine. Jusqu’à ce master, servi sur un plateau, un stage dans un service de neurologie.

Ainsi, un dimanche matin, elle se trouvait là, en banlieue parisienne, short et débardeur, avec le boomerang qu’elle avait trouvé ce matin dans sa cour. Elle allait sonner, profitant de l’occasion pour faire connaissance avec l’homme qui vivait au 18, rue des Lilas, à la beauté froide et d’un exotisme nordique opposé à ce qu’elle avait connu. Et puis il y avait eu ce panneau stupide, qui avait le goût d’une mauvaise blague, et ce jardin où chaque brin d’herbe était à sa place, tout comme les pas japonais, et le tintement délicat d’un carillon feng shui.

Laura glissa le boomerang à travers la grille et s’éloigna rapidement. Il lui semblait avoir vu le rideau de l’entrée bouger. Et ce n’est que, la porte d’entrée refermée sur elle, qu’elle se sentit tranquille et que le rire de la francesa  s’éloigna.

Tico : petit taxi très courant au Pérou

Neblina : brouillard

El beso : le baiser

La francesa : la Française.

tico

parque_del_amor

larcomar

carillon feng shui

                                                                                      

 

15 septembre 2014

Les deux hommes

Elle avait grossi de trente kilos, pour lui. Seulement, un an plus tard, il la voulut mince. Elle essaya de maigrir, en vain. Il la quitta.

Par trois fois, elle tenta de se suicider ; peine perdue, la vie lui collait à la peau comme un vieux gant usé.

Elle se résigna à vivre, triste et grosse, jusqu’au jour où elle rencontra un lanceur de couteau. Chaque soir, il faisait le tour de son corps avec ses quarante couteaux et chaque soir, elle vivait le grand frisson qu’elle n’avait jamais connu avec l’autre.

 

13 septembre 2014

Réminiscences

Pourquoi aime-t-on les histoires où les autres sont humiliés ? Voilà ce qu’il se demandait depuis qu’il avait ri de cette anecdote stupide racontée par l’un de ses copains alors qu’ils étaient tous réunis autour d’une bière, après le foot, au café des sports. Il avait un reste d’amertume dans la bouche, surtout qu’il avait rallongé la sauce en s’esclaffant, en guise de conclusion : « Elle l’avait bien cherché ! »

Il s’en voulait. Etait-il devenu comme eux ? « Qui se ressemble s’assemble », disait souvent sa mère comme pour lui signifier que ces copains n’étaient peut-être pas les bons.

Il essayait de se souvenir d’autres fois où peut-être… Oui, il y avait eu aussi cette fois-là, il y a un an, où ses copains avaient insulté une fille, mais bon, il y avait prescription… Pourtant, maintenant qu’il y repensait, il se disait que cette fois-là surtout, il aurait dû dire non, il aurait dû dire qu’on ne parlait pas comme ça des femmes. Il les avait pourtant laissés la traiter  de « pute » alors que deux jours plus tôt, derrière le bowling, il l’avait embrassée, en lui disant qu’il l’aimait.

Jamais il ne l’avait revue.

11 septembre 2014

Désirs croisés

Je pourrai  te tuer, c’est ce qu’avait hurlé Michel  quand Robert  lui avait confessé qu’il couchait avec sa femme.

Robert avait laissé passer cette colère  qu’il jugeait fort naturelle. Comment aurait-il réagi, lui, si Michel lui avait dit qu’il couchait avec la sienne, de femme ?

Une fois sa bouffée délirante apaisée, Michel se tourna vers Robert et lui dit.

-          Et tu ne t’es jamais senti gêné par rapport à moi ?

-          Si, bien sûr.

-          Mais tu as continué à coucher avec elle ! 

-          Tu sais bien ce que c’est, hein ? Ailleurs l’herbe est plus verte.

Michel se retint de sourire et lui répliqua.

-          Tu comprendras donc fort bien pourquoi, moi aussi, je continue à coucher avec la tienne, de femme !

Robert pâlit, mais l’histoire ne dit pas s’il réagit mieux que ne le fit Michel…

 

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