Ça faisait 1 mois qu’il était dans la 129. Un mois à tourner en rond, à refuser les promenades et à maudire celle par la faute de qui il était en prison. Il n’en pouvait plus des coups tapés contre les portes, des insultes et des télés qui gueulaient. « La salope, la salope, la salope… » ressassait-il comme un mantra.
Soudain, l’œilleton se leva et il entendit le surveillant dire « parloir ! ». La première fois qu’il l’entendait, ce mot, depuis son incarcération. Parloir ? Qui pouvait bien venir le voir ?
Son premier mouvement fut de ne pas y aller, et puis la curiosité fut plus forte. Il mit son sweat et suivit le surveillant qui avait déjà ouvert la porte. Le long des couloirs crasseux, il fut saisi par l’horreur d’être tombé dans cet étau. « La salope » murmura-t-il une dernière fois. On lui désigna le box et il la vit. Elle attendait les bras croisés, le visage chiffonné par la fatigue. Il s’assit face à elle et s’essuya les yeux rapidement.
- Tu croyais que je ne viendrais pas ? chuchota-t-elle.
- Je pensais que tu m’en voudrais ; tu sais c’est pas moi, c’est à cause de cette salope, c’est à cause d’elle.
Elle le regarda droit dans les yeux.
- Il vaut mieux pas commencer comme ça Jérôme. Arrête de rejeter la faute sur les autres. Cette salope, c’est quand même toi qui la dealait, non, et pas qu’un peu ! Alors assume et grandis.
Il réprima un geste de la main et tut ce qui lui brûlait les lèvres. Après tout, elle avait peut-être raison, et peut-être que la salope, au fond, c’était lui…
PS : photo gentiment prêtée par Dominique Hasselmann.