Le coup du parapluie
Ah, comme elle était gentille la petite mamie aux parapluies, avec sa mise en plis dont les boucles aux reflets violets laissaient apparaître, çà et là, les plaques roses de son crâne. Tout le monde l’aimait, toujours un mot sympathique pour les uns ou pour les autres ; toujours un bonbon pour les enfants et un compliment pour les mamans. Qui aurait pu se douter de sa double vie ? Sauf qu’un jour, des lettres anonymes circulèrent. On l’accusait – mais était-ce vrai ? – de se servir de ses parapluies pour décocher les flèches empoisonnées qui décimaient les chats du quartier les uns après les autres. Combien en avait-elle tué ? Trente ? Quarante ?
Nul n’eut jamais la preuve de sa culpabilité, mais sa disparition n’était-elle pas un aveu ?
PS : photo prêtée par Patrick Cassagnes