Le fauteuil

Elle le détestait. Le jour où elle l’avait éventré et où ses veines de paille étaient apparues dans toute leur nudité, elle avait jubilé.  Elle aurait pu le garder ainsi, blessé - car après tout cette infirmité lui enlevait toute superbe - mais non, il lui rappelait trop de souvenirs. Un  soir elle avait vu rouge – le bourgogne avait sans doute trop coulé dans ses veines – et elle avait décidé de se séparer de lui. Après avoir descendu trois étages en ahanant, elle l'avait calé comme elle  avait pu dans sa voiture et l'avait transporté jusqu’ à un arrêt de bus loin du centre-ville.

Sans doute ferait-il les beaux jours des clients de la compagnie de bus locale…

 PS : photo prêtée par Patrick Cassagnes

Comments

[Cristophe]

Ce qu'elle ne sait pas, c'est qu'un fauteuil perdu ou abandonné, même à des centaines de kilomètres de chez lui, est capable seul de retrouver sa maison.

[LOU]

Afin de voir passer les coureurs à pieds gagner dans un fauteuil ! puis aux premières places prendre le bus pour éviter la voiture balai... :lol:

[Patricia Lévy]

Quand les souvenirs deviennent douloureux il faut bien trouver quelque chose pour passer son amertume !!

Le fauteuil n'y est pour rien mais il doit incarner l'autre et son auguste derrière :-)

[D. Hasselmann]

Il paraît que Voltaire se débarrassait régulièrement des fauteuils dont il laissa le nom à la postérité (son œuvre semblait pourtant bien assise).

[Adrienne]

et je vois qu'elle l'a attaché solidement de peur qu'il revienne à la maison ;-)