Le geignard
Je le croise tous les jours - ou presque. Il suffit que je lui serre la main pour qu’il s’épanche et me fasse part de l’état catastrophique du monde. A croire qu’une simple pression des doigts met sa machine à plaintes en route : la gauche – incapable ; la droite – à côté de la plaque ; les chômeurs - feignants ; le respect – inexistant ; les transports – catastrophiques ; ses voisins - épouvantables ; sa famille – ingrate ; son médecin – incompétent ; sa femme – une emmerdeuse ; ses collègues de travail – des laxatifs ; son chef de bureau – un médiocre !
Je me demande si, tout au fond de lui, il n’éprouverait pas une secrète jubilation à constater que tout va mal. Oui, tout va très mal, et tout ira de plus en plus mal, voilà d’où il tire sa force !