Reconversion
Après avoir été professeur de français - 25 ans de loyaux et fastidieux services dans un lycée public de la banlieue parisienne – elle était devenue « Maîtresse ».
Sur le blog qu’elle avait créé, elle se décrivait ainsi : « Maîtresse-femme - mûre - vous reçoit en son Donjon du lundi au vendredi, de 14 h à 17 h. Soyez le bienvenu au jardin des supplices ! ». S’en suivaient un mail, quelques photos, ainsi qu’une liste impressionnante d’instruments qu’elle avait placés dans son ancien bureau transformé pour l’occasion en scène sado-maso.
Sa petite affaire commençait à prendre tournure à raison de deux clients par jour, elle n’en souhaitait pas plus.
Tout en les fessant et fouettant – avec un sens de la mesure qu’elle calait sur une musique de Bach ou de Scarlatti - elle repensait aux heures abominables passées à faire absorber aux élèves, rétifs pour la plupart, des notions qu’ils régurgitaient aussitôt.
Par contre, avec ses clients, rien de tel. Ils lui obéissaient au doigt et à l’œil et elle en ressentait un plaisir qui n’avait jamais été égalé sur la scène pédagogique…