La visite
Quand on a sonné à la porte. J’ai préféré ne pas ouvrir, un pressentiment. Mon mari, lui, s’est précipité avant que j’aie pu lui dire quoi que ce soit ; le malheureux attend toujours quelque chose. Cette fois il n’a pas été déçu : c’était Dieu en personne. Dieu ne nous avait pourtant jamais parlé, ni à moi ni à lui.
Il lui a fait un sermon qui a duré deux heures ; j’ai même eu le temps de préparer le repas, de manger et d’écouter le journal de la 2 présenté par Pujadas.
Quand Simon est rentré, il était livide. J’ai bien essayé de lui tirer les vers du nez, mais pas moyen, le mutisme total, et ça a duré cinq jours. Le sixième jour il m’a fait un sermon et le septième jour, il a disparu en me laissant un mot que j’ai encore sur ma table de nuit :
« Je pars avec quelques apôtres pour prêcher la vérité. Je prierai pour toi. Simon, dit Pierre. »
Je me demande pourquoi il a changé de nom aussi brusquement. L’autre lui allait bien. Ça fait deux ans qu’il est parti et hier, par la poste, j’ai reçu un paquet que j’ai hésité à ouvrir. A l’intérieur, il y avait un livre que je n’avais pas commandé : le nouveau testament.