Le lieu
Ils l’appelaient « le lieu » et c’était là qu’ils se réunissaient pour refaire le monde ou plutôt, pour l’anéantir. Ils apportaient dans ce « no man’s land » leurs haines ordinaires, leur soif de vengeance et leur désir de tuer.
Personne – en voyant leurs physiques d’anges blonds ou bruns – n’aurait pu imaginer que ces êtres-là étaient des machines à tuer. Pour l’instant, leurs meurtres n’étaient que virtuels, couchés sur une feuille de papier qu'ils enterraient dans une tanière secrète près de la machine à rêver, comme ils appelaient l’énorme usine au centre. Mais bientôt, ils passeraient à la phase numéro 2, la plus dangereuse, quand la vie émerge de la feuille blanche à 300 à l’heure et se termine par une explosion.
Le plus jeune et le plus blond d’entre eux disait qu’il n’était pas encore prêt, qu’il avait peur, que sa mère lui manquerait, mais les autres lui enjoignaient de fermer sa gueule. Alors il restait silencieux, mûrissant ses peurs afin qu’elles se transforment en haines…
PS : texte écrit à partir de cette photo gentiment prêtée par Pastelle