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Presquevoix...
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20 mai 2013

Le coq

coqQuand il était en vacances, il achetait toujours un cadeau à sa mère, souvent laid, exprès ; il ne pouvait  s’en empêcher. Non pas que sa mère ait été plus mauvaise mère qu’une autre, mais  il voulait l'encombrer, la gêner, allez savoir pourquoi !


Après 15 ans de vacances dans les endroits les plus divers, il  se souvenait de presque tous les cadeaux qu’il lui avait faits. Elle les avait acceptés sans se plaindre, et même l’avait à chaque fois gentiment remercié. Certains étaient d’ailleurs exposés, comme des trophées,  dans les différentes pièces de sa maison. Les sortait-elle de la cave lorsqu’il lui rendait visite trois fois par an ?


Le premier cadeau de la série, il l’avait acheté  en Espagne, à Malaga, ville hideuse s’il en est, hérissée d’immeubles, qui déroulait sa disgrâce le long de la côte sud. En se promenant dans la vieille ville,  il s’était  arrêté dans une boutique de souvenirs rafraîchie par un ventilateur qui tournait avec un bruit abominable. La ventilation aidant – il faisait 40 degrés à l’extérieur – il était resté 15 minutes dans la boutique et s’était presque cru obligé d’acheter un souvenir pour justifier une présence aussi longue : il opta pour une bouteille en forme de toréador que sa mère avait toujours dans son buffet depuis 10 ans.


Puis vinrent le phare bleu pétrole de Concarneau, les trois sets de table avec le coq de Barcelos, La petite lampe de chevet – sans doute le cadeau le plus laid – en  coquillages de Noirmoutier, l’assiette avec la basilique de Lisieux, Le bol de Paimpol avec son prénom – Jacqueline – peint en bleu, le rond de serviette – dont elle n’avait nul besoin puisqu’elle mangeait la plupart du temps en tête-à-tête avec elle-même – avec trois cigales roses, du Lavandou, le plateau avec les vaches normandes, d’Etretat, et il y en avait eu bien d’autres…


Son dernier cadeau – et c’était bien le seul qui ait eu cet effet-là – l’avait légèrement indisposée. Il l’avait remarqué à la petite crispation de sa mâchoire. Il lui avait acheté, à Majorque, un immense chapelet avec des grains si gros qu’ils avaient la taille de mirabelles. Sa mère avait juste dit.


- Merci Bertrand, c’est gentil de ta part, mais tu sais que je n’ai plus de place pour mettre tous tes cadeaux.


Il avait souri en concluant.


- Tu sais maman, ça me fait plaisir de te faire plaisir.

 

PS : coq de Barcelos.



Commentaires
C
- Cette maman ne sait plus où elle va ranger tout ces cadeaux, pas de problème... <br /> <br /> Ce gros chapelet aura sa place dans son cerceuil ... si j'ai bien compris le message LOL.<br /> <br /> Les cadeaux sont rarement "bienvenus" vous me faites penser à mon cadeau pour la "crémaillère" de petit fils : Un magnifique "kensia" très belle plante s'il en est... mais voilà elle est morte.... de soif !! Quant à ma fille qui elle, a offert un dessus de canapé euh... Il a en horreur les motifs OUPS... sous le canapé le couvre canapé LOL. Quant à moi j'ai reçu Noèl dernier un service de table assiettes carrées et très lourdes à porter à laver ... La bonne idée de vaisselle pour une mémère de 76 ans!! MDR mais je ferais l'effort de m'en servir une fois .... euh... à Noël 2013
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S
Mais comment a-t-il pu oublier la tour Eiffel en plastique et la statuette de la vierge de Lourdes dans sa boule à neige...
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C
quand je pense aux horreurs que j'ai acheté à ma mère, moi aussi!!
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P
Je vois que tu as beaucoup voyagé!!! Y aurait-il du vécu dans ton récit, cadeaux à une tante, une belle mère, une mauvaise copine????
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A
comme dit Patrick, il y en a qui aiment ça ;-)
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