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Presquevoix...
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30 novembre 2012

Le cimetière

IMG_0393Le vent était tel et les pluies si fortes que la ville était devenue un cimetière. Ils étaient partout, dans les postures les plus improbables, étalant leurs blessures et ravivant les siennes.
Les baleines tordues et les tissus déchirés hantaient ses nuits.
Ce samedi-là, quand elle est tombée sur lui, coincé entre un arbre et un poteau en bois, elle n’a pu faire autrement que de le ramasser afin de l’entreposer dans la cuisine,  près du radiateur. Là, il serait mieux...

PS : photo prise par C. P. à Venise en novembre 2012

29 novembre 2012

Le tatouage

Il avait décidé de se faire tatouer et rien n’avait pu l’en dissuader. Ni le fait de taper sur google “tatouage infections” et de voir avec lui la longue liste des problèmes qui surgiraient peut-être, ni les quatre heures allongées immobile malgré la douleur, ni le prix, ni les soins à faire pendant un mois,  ni l’idée qu’il puisse se lasser du tatouage dans dix ans, rien ! Il le voulait ce tatouage, il en rêvait. Pourquoi ? Mystère.
On n’était ni en Australie, ni en Nouvelle Guinée, ni en Afrique de l’Ouest, mais en France. Alors, pourquoi ce besoin de se faire tatouer ? Juste pour faire de son dos une oeuvre ?
Elle devait voir les choses de façon positive. Ce tatouage lui servirait peut-être de rituel de passage de l’adolescence* à l’âge adulte, et qui sait si, grâce à lui, il n’ accroîtrait pas ses forces vitales, comme le veulent les traditions tribales ?

* adolescence vient du mot latin adolescere qui signifie " grandir vers ". Il s'agit donc d’un processus et non d'un état.

28 novembre 2012

Le pantalon

Il faudrait qu'il pense à changer de pantalon. Cela faisait une semaine qu’il mettait le même et un certain nombre d'élèves commençaient à le regarder  bizarrement. Plutôt que de s’intéresser au cours, ces " imbéciles " passaient leur temps à le détailler des pieds à la tête. Il était sûr qu’ils savaient même combien de couronnes il avait dans la bouche ! Par contre, (a + b)², ça, ils s'en fichaient complètement !

27 novembre 2012

La frange

Alors que la coiffeuse se saisissait des ciseaux, elle avait eu le sursaut du désespoir.
- Ah non, pas de frange, je vais ressembler à ma mère !
La coiffeuse a juste répondu.
- Pourtant vous m’aviez dit...
- Je sais, mais je m’étais trompée, l’a-t-elle interrompue.
En se regardant dans la glace immense, sous la lumière blafarde, elle se disait qu’à 50 ans bien sonnés, elle avait de plus en plus l’impression d’être un clone de sa mère.
Elle a  fermé les yeux et ne les a pas rouvert, même lorsque la coiffeuse a dit " c’est fini "...

26 novembre 2012

L’opéra

PT292761C’était elle qui faisait le ménage de la salle et de la scène. Certains pensaient qu’il n’y avait aucun mérite à faire le ménage, pourtant personne ne le faisait mieux qu’elle et avec autant de passion. Quand elle époussetait les dorures ou  passait l’aspirateur, elle ne pouvait s’empêcher de fredonner les airs d’opéra qu’elle écoutait à longueur de soirées dans sa chambre louée à prix modique dans le quartier “ Canareggio ”. Le morceau qu’elle préférait, c’était Vissi d’arte. Une telle délicatesse, comment était-ce possible ? Son ami se moquait d’elle : est-ce qu’une femme de ménage écoute de l’opéra ?

 

Mercredi dernier, en nettoyant la scène, elle s’en était donnée à coeur joie, chantant à pleins poumons un air de Carmen. Elle avait même esquissé quelques pas de danse et avait pensé : pourquoi pas moi ?

L’éclairagiste – qu'elle n'avait pas vu - lui avait crié de s’inscrire à un cours de chant. Elle lui avait répondu du tac au tac :  perché no ?


- Ma si, certo ! Avait-il enchaîné, Perché no !

PS : photo prise par C.V au théâtre de la Fenice en novembre 2012.

25 novembre 2012

Péremption

Avant-hier, sa voisine de 86 ans lui a aimablement donné une boîte de chocolat pour la remercier de l’avoir aidée à résoudre deux petits problèmes.  En rentrant, elle a vérifié la date de validité des chocolats et elle a lu : février 2010. Elle savait que sa voisine vivait dans le passé, mais à ce point ! La boîte a fini à la poubelle.
Quand sa voisine lui demanderait s’ils étaient bons, elle lui dirait : vous savez, ils n’ont pas traîné !

24 novembre 2012

FIN

Il  disait qu’il la trouvait merveilleuse, intelligente, drôle, aimante, mais il avait décidé de la quitter. Quand elle lui a posé le fatal   Pourquoi ?, il a juste répondu : je ne sais pas, ou peut-être si, tu es trop parfaite !
Hors d’elle, elle lui a décoché un coup de poing dans le nez. Il s’est aussitôt mis à saigner abondamment.
- Mais pourquoi ? a-t-il balbutié le visage en sang.
- Comme ça j’aurai au moins l’impression qu’il  y a un motif à ton départ.
Et elle a tourné les talons.

23 novembre 2012

L’installation

Au vol2_DHIl était sorti très tôt pour mettre l’installation en place et il en était  satisfait. Maintenant, il ne lui restait plus qu’à attendre : mais comment serait-elle comprise ?
Il s’était assis sur l’escalier à mi-hauteur, en plongée et il observait la réaction des gens. Quand le type en bleu est arrivé, il a tout de suite remarqué quelque chose de bizarre. Mais ce n’était rien à côté de ce qui allait suivre. L’homme s’est adressé à lui.
- C’est vous le préposé au confessional ?
Il n’a pas osé répondre que non et il a descendu l’escalier.
- Bon, comment on fait ? A demandé le type qui avait l’air pressé.
Et il a répondu naturellement.
- Eh bien vous vous asseyez aussi confortablement que possible, le dos tourné à la rue, je me mets derrière vous et je vous écoute.
En cinq minutes, le type lui avait raconté l’histoire la plus improbable qu’il n’ait jamais entendu. Ensuite, il est parti comme si de rien n’était, en emportant la chaise avec lui.
De son histoire, il en a fait un livre, épuisé aujourd’hui, auquel il a donné le titre suivant : “ confession impromptue ”

PS : photo gentiment prêtée par D. Hasselmann du blog Le Tourne-à-gauche.

22 novembre 2012

Dépression

Depuis que le médecin lui avait annoncé qu’il faisait une dépression – ce dont il se doutait depuis plusieurs mois – il se répétait en boucle, de nuit comme  de jour : pourquoi y a-t-il quelque chose plutôt que rien ?
Mercredi, en s’asseyant dans le square des papillons, non loin de l’hôpital Beauséjour, il eut LA réponse, celle d’une enfant qui sautait à la corde. Comme elle l’entendait marmonner sa question, elle s’approcha de lui tout en sautant et dit : « Parce que tu es vivant monsieur. »
D’abord il  la regarda sans la voir, puis sa voix et ses deux yeux rieurs rentrèrent dans son champ de vision alors qu’elle répétait plus fort : « Parce que tu es vivant ! »
Il eut l’impression de se réveiller d’un long cauchemar. Comme il la remerciait, elle eut un petit rire claire et s’éloigna en sautant de plus en plus vite...

PS :  Et puis cette citation de Flaubert qui ne sera pas sans vous plaire, je pense  : « Il faut tout apprendre, depuis parler jusqu’à mourir ».

21 novembre 2012

Le heurtoir

IMG_0082Il était revenu immédiatement sur ses pas pour reprendre la lettre qu’il avait glissée sous le heurtoir, mais trop tard, elle avait disparu. Il s’en voulut. Marie avait dû rentrer plut tôt chez elle. Etrange tout de même, car les publicités étaient encore là.
Il regarda attentivement le heurtoir et se sentit aussi nu que les deux angelots. Marie lui pardonnerait-elle de se dévoiler ainsi ?

PS : photo prise par C. P. à Venise en novembre 2012.

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