« Enfermé dehors »
A 14 heures, son fils était venu le voir sur le balcon pour lui signaler qu’il partait en ville, puis il lui avait dit « A plus » avant de tirer la porte. Lui avait continué à corriger tranquillement ses copies.
Quand à 14 h 30, il avait voulu aller aux toilettes, il s’était rapidement rendu compte que la porte du balcon ne s’ouvrait plus. Comment ce crétin avait-il pu faire une telle imbécillité ? De « crétin », somme toute mesuré, il passa à « ce putain d' andouille » et, 5 minutes plus tard, il éructait contre « ce connard qui d’habitude ne pense jamais à fermer quoi que ce soit mais qui là, l’enferme sur la terrasse ! ».
Il essaya de se remettre à ses corrections de copies, mais le cœur n’y était pas. Il remarqua que des nuages noirs commençaient à s’amonceler : l’orage n’était pas loin. Il ne voyait qu’une issue, casser un carreau, mais la vision de la facture à payer retint son geste et il se concentra tant bien que mal sur ses copies.
Au moment où la première goutte de pluie tomba, il entendit une porte claquer. Il se rua vers la porte fenêtre et tambourina comme un fou. En voyant le visage de son père ravagé par la colère, le fils eut presque envie de le laisser hurler sur le balcon, mais, il se dit que de toutes façons, il faudrait bien l’affronter un jour…
PS : « l’homme est un animal enfermé à l’extérieur de sa cage », disait Valéry.