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Presquevoix...
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21 mai 2012

La liste

Avant qu’elle ne parte chez sa mère, il lui avait dit :

-  Je peux te faire la liste complète de ce qu’elle va te dire. D’ailleurs, tiens, je te la fais  et tu cocheras au fur et à mesure.

Elle n’avait pas pris la liste, mais quand elle l’avait consultée, au retour, elle avait constaté que tous les thèmes y était rigoureusement passé, du début jusqu’à la fin. Finalement il connaissait sa mère aussi bien qu’elle

20 mai 2012

La valse

Elle faisait tapisserie quand un homme – insipide – vint lui demander si elle voulait danser. Son premier mouvement avait été de refuser. Il lui semblait plus petit qu’elle :  n’allait-elle pas se ridiculiser ? Mais elle n’avait pas le choix, il était encore plus ridicule de rester assise, seule, sur ce banc, à regarder les autres valser.

Quand elle se leva, elle se rendit à l’évidence : il faisait au moins une demi-tête de moins qu’elle. Curieusement, cela ne semblait pas le gêner. Il la saisit par la taille sans hésitation, et lui dit en souriant “Accrochez-vous !”, comme s’ils allaient s’envoler.

Ses mains étaient tièdes, sans être moites, et son pas sûr. Elle ne voyait pas ses yeux – elle n’osait pas baisser les siens – mais il savait conduire une valse à merveille. Elle l’entendit soudain dire d’une voix douce :“ Détendez-vous, faites-moi confiance, en matière de valse je n’ai pas mon pareil.”

Preque résignée, elle ferma les yeux et se laissa guider. Sa tête commençait à tourner et son corps s’alanguissait. D’un geste ferme, il rapprocha son corps du sien et sa main l’incita à se cambrer. Elle crut sentir sa bouche sur son cou et quelque chose de fulgurant  traversa son corps, comme si un souffle puissant la pénétrait.

Quand la valse se termina. Elle  ouvrit les yeux et le regarda pour la première fois.

- Merci, lui dit-elle, je n’oublierai jamais.

Il sourit et la raccompagna à sa place. Avant de partir, il  lui  tendit une carte de visite.

- Mon nom et mon numéro de téléphone, au cas où. Je suis sûr que nos corps sont faits l’un pour l’autre : trouver une partenaire de danse est si difficile !

Elle  rougit légèrement et il partit avant qu’elle ne pût ajouter quoi que ce soit.  Quand elle  regarda la carte de visite, elle  constata qu’il s’appelait Hervé, qu’il était radiesthésiste et qu’il habitait dans le même immeuble qu’elle, dans l’appartement en face du sien...

PS : texte écrit dans le cadre des "impromptus littéraires"

19 mai 2012

Les robots sexuels

Le premier hôtel avec prostitués humanoïdes venait d’ouvrir à Rouen. Les journalistes étaient venus du monde entier pour couvrir l’événement. Les hôtels affichaient complets et la mairie se félicitait de ce petit coup de publicité qui dépassait même l’expectative de l’Armada 2013 ! Cette nouvelle industrie du sexe propre – les robots étaient désinfectés après chaque acte  -  provoquaient des sentiments mêlés. Certains  soulignaient finement que l’accouplement avec un robot supprimait tout sentiment de culpabilité ; d’autres mettaient en évidence que pouvoir choisir l’origine ethnique, la langue et l’aspect physique du robot, rendait l’aventure d’autant plus pimentée. Un journaliste à l’humour caustique, avait même titré « 2 en 1 : accouplement et apprentissage des langues ! »

PS : texte écrit à partir d’un article lu dans le courrier international


18 mai 2012

Regard

Du lever au coucher, elle se  répétait  cette phrase en boucle : « J’apprends à ne pas figer l’autre dans l’idée que je m’en fais, ni même dans ce qu’il peut dire de lui actuellement. ».
La méthode Coué, elle le savait, pouvait faire des miracles. Et puis il y allait de son travail : une psychothérapeute pouvait-elle douter de la capacité de changement de ses patients ?

*phrase tirée de «Théologie de l’Espérance» de Christian de Chergé

17 mai 2012

Les cachets

Aujourd’hui, à la pharmacie, je me suis achetée des cachets pour rêver. C’est nouveau, j'ai vu ça dans Marie Claire. Il ne faut pas en prendre plus d’un par jour, m’a dit le pharmacien. Comme si je ne m’en doutais pas. Me prend-il pour une imbécile ? Il a ajouté, alors que c’est écrit sur la boîte.


-    Les roses, c’est pour un rêve d’enfance, les bleus pour un rêve d’avenir, les rouges pour un rêve sexuel, les jaunes pour un rêve de pouvoir, les verts pour un rêve d’espoir.


Je l’ai remercié en souriant, il faut toujours être aimable avec les gens, on ne sait jamais. Enfin, c’est ainsi que j’ai été élevée.  Je commencerai ce soir, mais je me garderai bien d’en parler à mon mari. Il me dirait encore une fois que je suis d’une naïveté confondante et que tout ça n’a rien de scientifique.
Je me demande quelle couleur je choisirai ce soir…

16 mai 2012

Invisibilité

Les pompes funèbres avaient oublié de mettre son nom, son prénom ainsi que sa date de naissance et de mort sur sa tombe. Pourquoi  continuait-elle à être invisible, même après sa mort ?

15 mai 2012

Le tampographe

A défaut de choisir un métier qui ne lui aurait pas plu, il s’était improvisé tampographe. Et à chaque fois il déclenchait la même surprise.


-Tampographe ? Ah bon ? Mais c’est quoi au juste ?


Généralement il s’en sortait par des approximations. Il disait qu’il vendait des tampons. Point barre. Mais son père, qui s'était rappelé à son bon souvenir après 15 ans d'absence inexpliquée, avait voulu en savoir plus. Il avait dû regretter son acharnement car après lui avoir expliqué qu’il créait des tampons que l'on pouvait offrir en cadeau, il avait ajouté.


-Tu vois, toi, si j’avais un cadeau à te faire je te donnerais le tampon suivant ; et il le lui avait mis sous le nez sans ménagement.

PS : texte écrit arpès avoir lu un article de journal présentant ce site, qui est une mine à tampons...

14 mai 2012

Le régime

Elle avait été sélectionnée pour participer à une émission de téléréalité – Qui perdra le plus de poids ? – calquée sur un concept qui existait déjà aux Etats-Unis : une année de régime sous le regard impitoyable des téléspectateurs, et avec 150 000 euros à la clef. La première semaine, elle détesta le coach, la deuxième, elle n’en pouvait plus de voir tous ces gros qui suaient autour d’elles, et la troisième, après un exercice trop poussé sur un instrument de torture, elle fit un arrêt cardiaque. La chaîne déclara trois jours de deuil, sous les huées des téléspectateurs, avides de revoir Cindy, kevin, Maud, Bernard, Mélanie, Mégane et les autres. La quatrième semaine,  la compétition  reprit, jusqu'à ce qu'un nouveau décès survienne...

PS : voici le show américain : the biggest loser ! Bientôt en France ? 

13 mai 2012

La chambre bleue

Ses amis lui avaient dit qu’il ne restait plus que la chambre bleue et qu’il valait peut-être mieux que… mais Eléonore avait répondu que ça lui était complètement égal et elle s’était installée, sans arrières pensées, dans la fameuse chambre.


Après un repas arrosé d’un vin délicieux, elle était montée se coucher la première. La tablée lui avait souhaité bonne nuit et Raphaël - un peintre fantasque dont elle était amoureuse -  lui avait murmuré.  


- Je ne te comprendrai jamais, pourquoi dormir dans cette chambre ?


 Eléonore avait répondu en souriant.


- Je n’ai pas le droit de dormir dans la chambre de celle que tu as aimée ?

Raphael n’avait rien dit et il l’avait regardée partir, mélancolique.


Une fois la porte de la chambre refermée, un premier coup avait résonné dans la penderie, un coup bref, dont l’écho s’était répercuté dans toute la chambre. Elle n’avait pu s’empêcher de trembler. Un deuxième coup avait alors retenti, plus long, suivi d’un troisième et d’un quatrième. Elle s’était ruée sur la porte de la penderie qu’elle avait ouverte d’un geste brusque.  


Une odeur de naphtaline l’avait prise à la gorge et elle avait eu un mouvement de recul. Les vêtements de Mélaine étaient encore dans l’armoire. Etrange que personne ne les ait enlevés. Pourquoi garder des traces d’un passé douloureux ?  Elle avait passé en revue les robes colorées, les ponchos, les sweats et elle avait souri en se souvenant d’elle. Elle était si gaie. Pourquoi avait-elle commis ce geste qui avait mis fin à ses jours ?


Soudain une idée absurde lui avait traversé l’esprit, elle avait pris la robe rouge et noire et elle l’avait enfilée. Elle s’était aussitôt sentie enveloppée d’une douce chaleur, comme si un autre corps se superposait au sien. Elle avait apprécié sa silhouette dans la glace et avait virevolté gracieusement mais, quand elle avait voulu enlever la robe, impossible. Celle-ci s’était collée à son corps au point de former une deuxième peau qui semblait vouloir l’aspirer.


C’est à ce moment-là qu’elle avait entendu un sanglot, puis un autre, suivi de pleurs réguliers qu’elle-même avait accompagnés sans pouvoir les réfréner. Ensuite, quelqu’un avait chanté, une voix de femme, grave et envoûtante. On aurait dit l’une de ces mélopées délicates qui appellent les vivants à accoster sur les rives de la mort.


Le lendemain, c’est Raphael qui trouva le corps d’Eléonore inanimé,  allongé sur le couvre-lit blanc, dans la robe rouge et noire de Mélaine. C’est aussi lui qui lui ferma les yeux en murmurant.


- Voilà ce qui arrive quand on veut prendre la place des morts.


Les conclusions du médecin furent formelles : Eléonore était morte d’un arrêt cardiaque.


Depuis cette date, la chambre bleue fut condamnée.


PS : texte écrit dans le cadre des " impromptus littéraires"

12 mai 2012

Le nom

Il s’appelait Lecul, un nom difficile à porter, même si l’on y met toute la légèreté du monde. Il s’était vraiment rendu compte de l’étendue du drame quand il avait pris l’avion à l’aéroport de Roissy le dix mai 2012. Arrivé en retard à cause d’un embouteillage, il avait entendu son nom résonner plusieurs fois dans l’aérogare 2D.


-    Monsieur Lecul est appelé d’urgence au comptoir d’enregistrement, Monsieur Lecul s’il vous plaît, Monsieur Lecul. Je répète Monsieur Lecul est appelé…


Suite à cet appel, il avait nettement entendu un éclat de rire généralisé dans le hall 2D. Mortifié, il ne s’était pas présenté au comptoir d’enregistrement et il avait raté son avion.

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