Depuis qu’il avait dans sa classe la fille du dictateur, la peur le tenaillait. Sa femme était persuadée qu’il terminerait dans les geôles du régime. Et ce jour arriva. Il avait envoyé la petite Mirna au tableau, pour résoudre une équation du premier degré à une inconnue. Seulement, la petite s’était s’effondrée en pleurs au tableau et ce, malgré les révisions à répétition faites le cours précédent pour qu’elle réussisse ce passage au tableau. Il la rassura comme il put avant de la renvoyer à sa place.
Le même jour, à 20 heures, sa porte d’entrée fut défoncée et on le conduisit au poste de police. Sa nuit se passa dans une cellule, assis sur la pierre nue, à écouter une voix enregistrée lui répéter en boucle des heures durant :
« Une équation du premier degré d'inconnue x peut se mettre sous la forme : ax+b=0, où a et b sont deux nombres réels, et où a est non nul. »
Au petit matin il s’effondra, épuisé, mais il se réveilla aussitôt car une fanfare militaire corna dans ses oreilles l’hymne national. Il comprit qu’on voulait vraiment sa peau.