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Presquevoix...
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20 mars 2012

Le ronflement

La nuit passée, son mari avait ronflé,  un ronflement tellement strident que ça l’avait réveillée. Progressivement, il s’était  transformé en locomotive à vapeur, non la locomotive poussive que l’on peut encore supporter, mais une locomotive nerveuse, décidée à enfumer le monde.  Aussitôt elle avait réagi en essayant la méthode éprouvée du sifflement*.  Rien à faire. Elle lui avait alors caressé sa tête, espérant que la douceur... mais toujours rien. En désespoir de cause, elle lui avait donné un magistral coup de coude dans les côtes. Elle avait enfin eu la paix.

* En prime, cette scène extraite de la Grande Vadrouille

La Grande Vadrouille

19 mars 2012

L’île

Des marteaux piqueurs m’ont fait sursauter, mais quand j’ai voulu regarder le réveil, rien. La table de chevet avait disparu, le lit aussi ;  j’étais allongée sur le sable.  Je me suis levée et j’ai grimacé en plissant les yeux. Trop de lumière tue la lumière, ai-je murmuré. J’étais sur un plage déserte. Face à moi la mer, derrière moi le désert avec quelques taches vertes  - des arbres sans doute – et pas un bruit, juste des marteaux piqueurs dans ma tête.

Où étais-je et pourquoi seule alors que la veille, j’étais chez ma belle-mère. Une soirée qui avait démarré de  méchante façon puisqu’au bout de 10 minutes de conversation mon mari m’avait fusillée du regard pour un mot malheureux. Une heure plus tard, alors qu’on mangeait une salade mal assaisonnée, il me reprochait de trop boire et me donnait un terrible coup de pied sous la table parce que je rappelais avec tact, à sa mère, que l’écoute n’était pas son fort.

L’apogée, ce fut au fromage, lorsque j’ai remarqué que le chien était mal élevé,  il venait juste de chaparder une deuxième tranche  de pain sur la table. Ma belle-mère a tiqué et mon mari m’a sévérement remise à ma place en me disant que si j’avais élevé mon fils comme le chien de sa mère on n’en serait pas là ! Mon fils a baissé la tête et moi j’ai accusé le coup.

Je me souviens maintenant que c’est à ce moment précis que j’ai  appelé Dieu à l’aide, vous savez ces prières un peu bêtes que l’on fait quand on est dans une impasse. Je lui ai dit : Mon Dieu, si vous existez, emmenez-moi loin d’ici, sur une île déserte, sans belle-mère, sans chien,  sans mari et sans fils. Et voilà, j’étais sur l’île, pour de vrai. Il ne me restait plus qu’à l’explorer...

PS : texte écrit dans le cadre des “ impromptus littéraires ”

18 mars 2012

Le lapin

Au salon de l’agriculture, il avait repéré une petite fille qui caressait un petit lapin blanc. Il s’est approché. Les enfants l’avaient toujours fasciné, lui qui n’avait jamais été enfant. Il s’est arrangé pour se trouver tout près d’elle et il lui a murmuré, doucereux.


- Tu aimes bien les lapins ?


Et la petite fille a hoché la tête, avec un grand sourire.


- Et tu sais ce qui va arriver à ce petit lapin quand il grandira ?


La petite fille l’a regardé de ses yeux étonnés et a secoué la tête.


- Eh bien on va le tuer,  l’emmener chez le boucher et toi, tu  le retrouveras dans ton assiette.


Après avoir vu les larmes briller dans les yeux de la petite fille, il est parti.  Il ne pouvait pas s’empêcher de faire pleurer les enfants …

17 mars 2012

Les femmes

Il chosissait des femmes de plus en plus laides. A son ami qui s'en étonnait, il répondit.

- Plus elles sont laides, plus elles me sont reconnaissantes, tu piges ?

16 mars 2012

Le pari

P7260055Tous deux contemplaient la ville de l’autre côté du fleuve ; tout est toujours plus beau de l’autre côté se disait Pedro. Oui, tout renaissait parce que la lumière retirait à la ville la crasse qui d’habitude l’assombrissait. Soudain,  son ami lui annonça d’une voix froide.


- Tu sautes du haut du pont, ce soir !
- C’est tout ce que tu as trouvé ? Répondit Pedro.


L’autre lui lança un regard courroucé.


- De toute façon, on a parié et tu as perdu


Pedro embrassa tendrement la ville du regard. Après tout, pourquoi pas ! Qui le regretterait ? Elle ? Certainement pas, elle ne voulait pas choisir. Et c’est bien parce qu’elle ne voulait pas choisir qu’ils avaient fait ce pari stupide : l’un d’entre eux devait disparaître.


PS : texte écrit à partir de cette photo prise à Porto par C.V. en 2008

15 mars 2012

Facebook

Il avait fait un accident cardiaque et avait été transporté d’urgence à l’hôpital. Trois jours plus tard, il  parlait en long et en large de son aventure cardiaque sur Facebook…

14 mars 2012

Les moutons

Aujourd'hui, j'ai ramassé un mouton de poussière juste à côté de la table de chevet. Bien mal m’en a pris, en me baissant j’en ai trouvé un autre, puis un autre et encore un autre et j’ai passé ma matinée à plat ventre, en train de ramasser des moutons. Du coup, je me suis couchée tôt, épuisée. Pourtant, à minuit, je ne dormais toujours pas. En désespoir de cause, j’ai commencé à compter les moutons…

13 mars 2012

Lettre anonyme

Mon amour,

Oui, c’est à toi que cette lettre est destinée.
 
Personne ne te connait mieux que moi. Je suis le vent qui agite les voiles de lin aux fenêtres de ta chambre. Combien de fois mes yeux ont parcouru ton corps. Tu ne me crois pas ? Pourtant je n’ai pas inventé ce grain de beauté blotti  au creux  de ton nombril, ni cette cicatrice scintillante que ma bouche parfois dessine dans la douceur de la nuit.

Je sens que tu as peur. Peut-être même as-tu déjà fermé ta porte à double tour et tiré les rideaux. Mais rassure-toi, jamais je ne te ferai de mal. Je me contenterai de te regarder en silence, comme je le fais depuis si longtemps.

Maintenant, chaque nuit, dans la transparence de tes draps bleus, tu penseras à moi, à ces mots qui ont souvent caressé ton corps avant que je ne les couche sur ce papier glissé sous ta porte. Sans doute suis-je un fantôme qui glisse sur les êtres et les choses sans que ma trace ne s’inscrive nulle part. On dit souvent que les fantômes savent de l’amour des choses que les hommes ignorent. Il paraît même que sous le souffle de leur désir les forêts virginales ruissellent de jouissance. Je crois que je suis de ceux-là...

Surtout, ne cherche pas à savoir qui je suis ou le charme se romprait. J'attendrai dans le silence de l’ombre...

Le fantôme anonyme

PS : texte écrit dans le cadre des impromptus littéraires

12 mars 2012

Le bouton

Elle ne voulait plus sortir. Tout ça, à  cause de  ce bouton énorme qu’elle voyait sur le bout de son nez, sans même se regarder dans la glace. Cela faisait une semaine qu’elle restait cloîtrée et  hors de question de mettre le pied au lycée ! Elle ne voulait pas être la risée de tous…

11 mars 2012

Le rêve

Aujourd’hui, au petit déjeuner, j’ai dit à mon mari qu’il avait fait une apparition dans mon dernier rêve. Il m’a tout de suite demandé.
-    Et j’ai servi à quoi ?
-    Oh, tu étais figurant, lui ai-je répondu évasive.
Il n'a rien rétorqué, mais en voyant sa mine déconfite, j’ai eu un énorme sentiment de culpabilité. Il faudra que je surveille mieux mes rêves…

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