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27 février 2012

Duo

Pour ce nouveau Duo avec Caro, du blog « les heures de coton », voici les ingrédients : une citation de Eric Holder, lue sur le site de Patrick Cassagnes  - Comment expliquer... cette cassure entre vouloir et ne pas pouvoir ? -  puis ce fado, chanté par  Mariza, “ gente da minha terra ”.

Voici son texte, le mien est sur son blog.

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Un charme qui vient du nord… ou bien du sud ?

           " Comment expliquer... cette cassure entre vouloir et ne pas pouvoir ? "

 

caroElle lui avait dit qu’il pouvait l’appeler de jour comme de nuit, que cela ne la dérangeait pas. Il l’avait regardée, étonné. Vraiment ? Même à minuit ? Même au petit matin ? Même s’il la réveillait ?

Elle répondit. Non. Aucun souci. Mais est-ce qu’on croit vraiment ce que l’on dit ? Au fond, ne pense-t-on pas que l’autre va être flatté et puis qu’il oubliera ? Une sorte de bonne parole qui ne coûte pas cher.

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Il est trois heures six du mat, un dimanche, et la bonne parole se rappelle soudain à elle. Réveil en sursaut. Elle sourit pourtant. Elle a reconnu le jingle annonçant un texto de lui. Elle ne l’avouerait pour rien au monde, mais les SMS amoureux - et coquins - et même plus - l’enchantent.

Six mots l’attendent. Six mots, trois fautes d’orthographe et une baffe sentimentale. Elle ne sourit plus. Ce n’est pas la première fois qu’elle se fait plaquer. Mais par SMS en plein milieu de la nuit, c’est une première.

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Le lundi soir, elle atterrit dans un bar au look phosphorescent. Elle trinque avec Lulu qui a le même don d’aligner les aventures courtes et sentimentalement assassines. Deux heures à boire et à tournicoter autour de cette question existentielle : comment refuser un mec, comment ne pas recommencer les mêmes erreurs ? Vouloir et ne pas pouvoir, c’était un résumé lapidaire et réaliste de leurs vingt-sept années de vie, trois mois, quatre jours et des poussières de minutes.

Après avoir partagé un mètre de shooters, Lulu et elle s’étaient fait le serment de devenir des femmes fortes, de ne plus délirer sur le premier Scandinave venu. Parce que ça aussi c’était un problème. Pourquoi s’être focalisées toutes les deux sur les blonds types surfeurs avec un cul de rêve. Ça hypothéquait singulièrement leurs chances de réussite en amour. Un peu comme envoyer seulement quatre CV bien ciblés quand on habite une région sinistrée, avec 38 % de taux de chômage chez les moins de trente ans. En vidant leur dernier verre, elles avaient pris ensemble la décision symbolique de s’inscrire à des cours de flamenco. Le nouveau focus : une population masculine exclusivement brune.

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Dix jours après, elles poussent la porte du club lusophone de  Saint-Quentin. Une odeur inconnue et intrigante vient de la cuisine ; une vidéo passe en boucle. Lulu va directement vers un brun fortement décoloré. Bonjour la résolution ! Hésitante, elle finit par se planter devant la télé : une nana aux cheveux si ras, qu’elle aurait voulu être capable d’arborer la même coupe, y danse et gémit avec grâce. Elle sent les larmes rouler sur ses joues. C’est malin, pour son premier cours de fado, elle va être moche à souhait.

Et puis, cette main sur son bras. Un parfum de musc et de vanille. Elle en a la chair de poule. L’impression de s’être transformée en une statue de marbre. Quand elle entend la voix de Manuel Teixeira et qu’elle se retourne, elle retrouve ce réflexe d’enfance. Une prière muette : « Faites, mon Dieu, s’il vous plaît, que cet homme ne me brise pas le cœur comme les autres. J’ai tenu ma promesse, il est brun, pas blond comme le gars qui tient déjà Lulu par la taille. Père, je ne veux plus souffrir. » Elle ferme les yeux et les ouvre. Sa bouche s’arrondit en une cerise rouge à croquer et elle suit docilement l’homme qui la tient par la main et l’amène vers une porte au fond de la salle. Sur l’écran, les mains de la femme en noir se serrent tandis que la voix chante, pleure, sourit. Espère.

Commentaires
C
Oui avec un brun hidalgo de surcroît, nous verrons si le vent tourne et l'abordage sur l'île ait lieu tout en douceur et sans sabordage.
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D
L'ambiance est là, l'embarquement pour ces terres aussi.
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C
C'est clair Pastelle, certaines données brouillent l'esprit.
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P
aux*
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P
Vaut mieux pas se fier à Dieu pour ce genre de choix... Ni sur les culs de rêve d'ailleurs.
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