L’ange gardien
En contemplant Antoine - l’enseignant dont il avait la responsabilité - l’ange se disait que le déni avait du bon. En tout cas, c’était tout ce qu’il avait trouvé d’efficace pour son protégé et il n’en était pas peu fier quand il en parlait au GPA - Groupe de Parole des Anges - du dimanche soir. Ces derniers temps, l’ange se posait souvent sur l' épaule d'Antoine pour l’observer, mais celui-ci ne le sentait pas, il faut dire que l’ange ne pesait pas plus qu’une plume.
A coup de déni renouvelé, l’ange évitait à Antoine d’ouvrir les yeux. S’il les avait ouverts, il aurait remarqué que la plupart de ses élèves étaient plus "chiants" qu’ « attachiants », et que seuls quelques-uns daignaient faire des « efforts », un mot prononcé du bout des lèvres dans les salles de classe, de peur de choquer élèves et parents.
Grâce à son ange gardien, Antoine survivait. Nulle envie de se jeter par la fenêtre, nul désir de s’immoler, nulle velléité de se bourrer de médicaments, tout au plus quelques nuits d’insomnie et des somatisations fréquentes, mais il ne savait pas pourquoi…