Le feu
Elle a mis le feu et depuis elle se sent mieux. Tout le monde doit être mort mais ils l’ont bien cherché. Pourtant ce n’est pas faute de les avoir avertis : un jour je vous tuerai ! Leur avait-elle dit plus d’une fois.
Ils ne l’ont pas crue. Les parents pensent toujours qu’ils sont les plus forts. Elle sourit d’un air satisfait, comme si elle leur avait fait une bonne blague, mais derrière elle il ne reste rien. Elle ne se doutait pas qu’elle y aurait pris autant de plaisir ; la petite allumette et hop ! Son seul regret c’est le chien. Tant pis, l’imbécile n’a pas voulu la suivre. Maintenant ses parents ne sont plus qu’un mauvais souvenir à qui les flammes ont réglé leur compte.
Elle marche dans la forêt, les branches griffent son visage mais elle s’en fiche, elle est libre, libre, libre comme l’air. D’une main, elle tient le sac qu’elle a pris soin de cacher au fond du jardin, la veille, et de l’autre, elle vérifie de temps à autre que son cher journal est toujours dans la poche droite de sa veste. Sur la première page elle a écrit il y a longtemps : « Un jour, je les tuerai. »
C’est fait, maintenant elle va enfin pouvoir continuer le journal de sa vie.