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31 octobre 2011

L’écrivain

Depuis quelques années ce grand écrivain – ou tout au moins qui se jugeait comme tel – ne lisait plus que ses livres, un hommage qu’il se rendait. Quand on lui demandait son avis sur d’autres romanciers, il souriait et répondait invariablement :  ils ne m’apportent rien !

30 octobre 2011

Le droit au bonheur

Tous les soirs c’était la même « farce », il lui déchirait les tympans avec ses solos de guitare électrique. Qu’il se prenne pour Jimmy Page, soit, mais pas à 20 heures, quand il rentrait du travail harassé ! Il lui avait dit de baisser sa sono sur tous les tons, mais rien à faire. S’il avait parlé à un chimpanzé, les résultats se seraient certainement moins fait attendre.

Quand il frappait à la porte de la chambre, un grognement lui répondait, et quand il entrait, il voyait  la longue tignasse de son fils, agitée de spasmes, qui balayait le manche de sa guitare. Des cahiers, des partitions, des feuilles et des chaussettes sales jonchaient le sol, des chemises étaient jetées en boule dans un coin de la pièce et l’encens masquait difficilement une odeur de fauve. Il ne pouvait plus le supporter. Trop dur. Il était à bout. Et s’il le renvoyait  chez sa mère ? Bon débarras après tout. Il pourrait enfin faire l’amour avec Marielle dans la salle à manger qui lui servait de chambre sans se sentir coupable et sans avoir à réprimer ses cris de jouissance. Sa mère comprendrait enfin ce que c’est que d’élever un Néandertalien de 1 mètre 80, adepte de la monosyllabe, dont les yeux ne s’éclairent que pour vous laisser entendre que vous n’êtes qu’un « vieux con » !

C’était décidé, dès ce soir il lui enverrait un mail pour lui demander de le prendre chez elle, elle avait déjà eu deux ans de tranquillité, elle ! Et tant pis pour l’année scolaire qui venait de débuter ; après tout, il avait bien droit au bonheur lui aussi !

29 octobre 2011

Décrocher la lune

Une fois la lune décrochée, elle la plierait méticuleusement dans un drap blanc puis elle la rangerait dans une valise, comme elle l'avait fait pour le reste. Une valise de plus qu'elle pousserait dans le couloir où il lui restait juste assez de place pour se faufiler.

28 octobre 2011

La vie de bureau (2)

Chaque fois que quelqu’un entrait dans son bureau, à la Direction de l’Encadrement, elle était pendue au téléphone. On l’entendait dire  « Excuse-moi, je te rappelle plus tard » et elle raccrochait en vous adressant le plus aimable des sourires. Cette gentillesse de façade pouvait faire illusion, pourtant c’était la plus redoutable des langues de vipères. Lors de son départ à la retraite, elle eut droit - grâce à un duo de choc de la Direction des affaires financières -  à une petite chanson sur l’air du « poinçonneur des lilas »

J’suis la vipère du ministère,
La fille qu’on croise et qu’on ne regarde pas,
Ya pas de secrets sur la terre,
Pas de manières,
Pour tuer l’ennui, j’ai dans ma veste,
Tous les potins du Ministère,
Et ces potins c’est du sang frais,
 De petites bombes, des gaz lacrymogènes,
Pendant ce temps c’est moi qui règne, au Ministère,
Parait que tout le monde me craint
Mais moi je sais j’ai l’air de rien

Des potins, des potins, encore des potins
Des potins, des potins, encore des potins
des potins salaces ou des d’seconde classe
Des potins, des potins, encore des potins
Des potins, des potins, encore des potins
Des p'tits potins, Des p'tits potins, Des p'tits potins, Des p'tits potins…

27 octobre 2011

L’ombre

Quand il lui avait dit, méprisant, " Tu t'es déjà regardée de l'intérieur ? ", elle avait senti que tout basculerait à nouveau. Son regard avait croisé le sien, elle lui avait souri, mais il avait répondu par un visage fermé. Alors elle avait baissé les yeux, comme d’habitude, toujours cette impression d'avoir commis une faute, mais laquelle ? Depuis l'enfance, des ombres gigantesques happaient chaque rayon de lumière qui glissait sous la porte de la cellule où on l’avait enfermée.

Il avait poursuivi.

- Tu es sale et tu ne me mérites pas. Je ne sais même pas pourquoi je reste avec toi. Je dois avoir pitié.

Et il lui avait tourné le dos. Le cycle recommençait. Cette fois-ci, elle n’avait eu qu’une semaine de répit. Elle avait remarqué que maintenant, les cycles étaient de plus en plus courts et ne lui permettaient plus de récupérer l’énergie qu’il lui arrachait.

Dans le silence de la nuit où elle vivait, elle se dit qu’un jour, peut-être, il la tuerait...

PS : texte écrit dans le cadre des "impromptus littéraires"

26 octobre 2011

Le mal de dos

Cela faisait un mois qu’il se plaignait de son dos  ;  sa femme commençait à trouver le temps long. Lorsqu’elle lui demanda de passer l’aspirateur dans leur chambre, il ouvrit un tiroir du bureau et en sortit un  certificat médical qu’il lui tendit en souriant. Elle le lut et constata, sidérée, que le médecin avait écrit.
« En raison de sa  lombalgie, M. Vivien ne pourra pas passer l’aspirateur pendant  deux mois. »

25 octobre 2011

Le tag

Quand elle récupéra sa voiture, juste après son dernier cours de 4 à 5, elle découvrit la chose. Au début, elle ne réussit pas à dire autre chose que « la chose », il fallait bien s’habituer. C’était énorme, sur sa portière avant gauche, et elle eut honte. Elle monta précipitamment, ferma la porte, mit le moteur en route et démarra. Au premier feu rouge, elle vit un piéton qui lui montra sa portière en  riant aux éclats. Elle  l’ignora mais une rougeur subite lui monta au visage. Elle pria pour que les autres feux ne passent pas au rouge. Hélas, le cinquième eu la mauvaise idée de prendre une couleur cramoisie et elle le grilla. Elle entendit une sirène et dut se rendre à l’évidence : c’était pour elle. Elle se rangea immédiatement sur le bas-côté de la route. Quand les deux policiers s’approchèrent de sa voiture et découvrirent la portière, ils ne purent s’empêcher de sourire. Elle le remarqua et enchaîna.

-    C’est pour ça que je l’ai brûlé – dit-elle en désignant la portière. Qu’est-ce que vous feriez, vous,  avec ça sur votre portière ?

-    Ah, ils ne vous ont pas ratée ! Remarqua l’un des policiers.

Et elle conclut.

-    Quand je pense que je leur enseigne les subtilités de la langue française et que ces petits connards me remercient en me taguant  une bite énorme sur la portière avant, il y a de quoi déprimer, non ?  Je me demande même si demain, j’irai travailler.

Les policiers compatirent et lui conseillèrent de porter plainte. Elle eut même droit à un petit signe amical de la main avant le départ.

24 octobre 2011

La vie de bureau

Quand elle arrivait au bureau, la première chose qu’elle faisait, c’était aller aux toilettes pour fumer un joint et mettre ses boules Quies. Ce n’est qu’à ces conditions que la journée se passait correctement. Le jeudi 20 octobre, juste avant d’entrer au Rectorat où elle travaillait depuis 10 ans, elle s’aperçut, paniquée, qu’elle n’avait pas ses boules Quies. Elle décida qu’elle irait en acheter à la pause repas. Seulement il y avait cette longue demi-journée qu’il faudrait bien passer dans le même bureau qu’Arlette ! Elle pria pour que le joint suffise…

23 octobre 2011

Les trois lunes

55Ils étaient debout, chancelants, face à la Seine, quand Kevin a dit.

- T’as vu, ya trois lunes !

Gérard lui a répondu.

- Ta gueule, t’es bourré, tu sais pas ce que tu dis. La lune, yen a qu’une, c’est prouvé !

Kevin n’a rien répondu. Gérard était vraiment trop con. Une seule chose l’intéressait : picoler ! La bouteille, c’était son biberon et il lui manquait plus que les couches.

Lui, maintenant, ça lui arrivait de ne pas boire. Par exemple le mercredi. Il faut dire que c’était le jour où il voyait sa fille. Il  y a deux mois, alors qu’il allait l’embrasser, elle lui avait dit, du haut de ses 10 ans.

- Papa, tu pues l’alcool, c’est dégoutant.

PS : texte écrit à partir de cette photo gentiment prêtée par Patrick Cassagne

22 octobre 2011

Le sourire

Il lui a demandé une baguette, elle la lui a donnée, et c’est à ce moment là qu’il a ajouté vertement.

-    Et puis vous pourriez sourire !

Drôle de monde où les clients  veulent condamner les vendeuses à sourire six jours sur sept et 8 heures sur 24…

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