Le tatouage
Ce matin-là, quand elle s’est réveillée, elle a constaté avec stupeur qu’elle ne pouvait plus bouger. Ses pieds, ses cuisses, ses bras étaient attachés avec des cordes aux nœuds serrés ; seule sa bouche était libre et un baiser est venu s’y coller aussitôt qu’elle a ouvert les yeux.
- Bon anniversaire ma chérie, lui a dit l’homme masqué en plaquant ses lèvres humides sur les siennes.
Elle l’a regardé, hébétée.
- Ne me dis pas que tu ne me reconnais pas !
Elle n’a rien répondu et l’homme a conclu.
- Qu’est-ce que tu dis de ma surprise ?
Au prix d’un effort qui lui a semblé surhumain, elle a articulé.
- Qu’est-ce que vous me voulez ?
- Je voudrais simplement que tu me dises : « Je t’aime ».
- Je t’aime.
Il a fait la moue et a ajouté.
- Mieux que ça, avec le ton, s’il te plaît.
Elle s’est exécutée. Il a souri satisfait et, avant de la détacher avec le couteau qu’il tenait à la main, il lui a dit.
- J’aurais pu te violer, tu sais.
Comme elle restait silencieuse, il a repris.
- Ne me remercie pas ; de toute façon, je ne bande plus. Ah, je savais bien que je n’aurais jamais dû me marier avec toi !
Puis le type a disparu aussitôt.
Quand elle est allée porter plainte au commissariat, le policier qui l’a reçue lui a dit.
- Vous pourriez me décrire cet homme ?
Mais elle ne se souvenait de rien, à part du tatouage sur son bras droit, un tatouage qui représentait un nœud coulant qu’elle avait déjà vu quelque part, mais où ?
Soudain tout s'est éclairci, elle l’avait vu il y a plus d’un mois, sur le bras d’un cadavre étendu sur la table du médecin légiste. Le type avait été tué de 20 coups de couteau ; il n’avait tout de même pas ressuscité ?
PS : texte écrit dans le cadre des "impromptus littéraires"