« Tous à poil »
La FFN avait prévu une journée « tous à poil » et il décida – sans en avertir les autorités – de faire une « randonue », seul, dans les rues de la ville.
Il n’y avait pas très longtemps qu’il s’était libéré de ses vêtements mais il était devenu très vite un adepte du « sans textile ». Quand il sortit de chez lui à 8 h 30 sa voisine de droite – 82 ans au compteur – était sûrement derrière ses rideaux mais elle se garda bien d’ouvrir la fenêtre comme elle le faisait les autres jours pour saluer son départ.
Il avait chaussé ses chaussures de randonnée et ne s’était muni que d’un sac à dos. Un petit vent frais caressa son corps dénudé et il se mit très vite en jambe. Il ne croisa personne rue de Tanger, ni rue des papillons, ni rue de Constantine, mais quand il arriva près de la Préfecture, il remarqua que les gens qui attendaient l’ouverture des portes tournèrent la tête, sans doute gênés ; des enfants sourirent en le montrant du doigt et l’un des deux policiers en faction derrière la grille rentra dans les locaux.
Ensuite, tout se passa très vite. Au bout de la rue Flaubert il entendit la sirène d’une voiture de police qui, une minute plus tard, freinait à sa hauteur. Un fonctionnaire en sortit et lui demanda de se couvrir. Il répondit très poliment que c’était la journée « tous à poil » et qu’il resterait donc intégralement nu. C’est à ce moment-là que la chose prit une tournure dramatique : deux policiers sortirent de la voiture, lui mirent des menottes et le jetèrent dans la voiture. C’est à l’hôpital psychiatrique, en chambre d’isolement, que se termina sa journée tous à poil.