Les marches
Elle lui avait dit Non, n’y va pas, je t’assure que tu le regretteras, mais il ne l’avait pas écoutée et avait grimpé les marches quatre à quatre, comme s’il avait un rendez-vous important. Elle ne l’avait plus jamais revu. Quand les parents d’Eric l’avait interrogée, elle n’avait rien pu dire.
Elle évita l’escalier pendant une semaine, d’autant plus que la police rodait dans les parages à la recherche d’indices. Le dimanche 12 juin, à 7 heures, elle revint à l’endroit même où il avait disparu. La marée était haute et la mer léchait presque les marches. Elle entendit distinctement quelqu’un crier son prénom mais quand elle se retourna, elle ne vit rien.
Cinquante ans ont passé. La volée de marches est toujours là où elle était. Il lui arrive souvent de s’arrêter devant l’escalier et d’attendre que le vent crie son prénom : Catherine ! Une fois qu’elle l’a entendu, elle rentre dans son deux pièces qui donne sur la mer. Souvent, l’après-midi, après le thé, elle reprend ce puzzle qu’elle fait et défait depuis des années…
PS : texte écrit à partir de cette photo prêtée par Patrick Cassagnes