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Presquevoix...
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17 janvier 2011

textes croisés

Aujourd’hui textes croisés : le texte que vous allez lire est de Caro-carito, du blog les heures de coton. Quant à mon texte, il  se trouve sur son blog.
La consigne était la suivante : écrire un texte à partir de la chanson « N’y pensez pas trop » de Charles Trenet - voir ci-dessus - et de cet extrait de la Rose pourpre du Caire de Woody Allen.

Pop Corn

Je dirais… l’odeur sucrée du pop corn.

Mais je crois que je confonds avec le parfum de la barbe à papa.

Je viens de m’asseoir au milieu d’une rangée. Je n’entends que le bruit des conversations et les corps qui choient sur les fauteuils rouge et râpeux. Quelques minutes à la sauvette pour ces deux-là qui se cherchent à travers le tissu de leurs vestes. Le regard systématique de cet homme entre sa montre et l’écran muet. La dame âgée à quelques mètres de la sortie de secours. L’aurais-je déjà croisée, même séance, même place, même fauteuil ?

Je plonge ma main dans le gobelet en carton, taille maxi. Une poignée vite engloutie et des souvenirs de fêtes foraines qui affluent en pagaille. Marisol, mon aînée se fraie un chemin à travers la foule. Dans son sillage vanillé, les flonflons et boniments des bateleurs me grisent. Je grimpe sur un manège, j’ai mal au cœur dans la nacelle de la grande roue. Je croque dans la chair d’une pomme d’amour. Les lumières chancellent. Nous rentrons. Je m’endors dans le sofa, tandis que le tourne-disque enchaîne des refrains rieurs, où les ennuis s’effacentquand on n’y pense pas. Parfois, la nuit silencieuse éclate et je me réveille, te surprenant, en larmes, devant un film noir et blanc ou ton préféré, celui où l’acteur sort de l’écran. Je veux me lever et tu te retournes vers moi, le visage clair. Tu pioches un serpentin de guimauve sur la table basse, un bout pour moi, un bout pour toi. « La guimauve, c’est tendre comme un cœur, comme une petite sœur » fredonnes-tu, en fourrant un peu de pâte molle et rose dans ma bouche.

La salle du cinéma se remplit un peu plus. L’homme laisse sa montre au repos. Une bande-annonce. Une publicité. Ces deux-là se touchent enfin. Deuxième bande-annonce nantie d’un gag usé, mais efficace. Je m’emmêle entre un fou rire et quelques malencontreux flocons de popcorn. Je crois deviner ta silhouette entre l’écran et la salle. Entendre ton rire dans le faisceau pailleté du projecteur.

Je dirais que, saveur de pralines et bonbons irisés, tu as recouvert ma bouche, mon regard, moi toute entière, d’un glacis sucré, d’une fantaisie légère. Tu n’es plus là, Marisol, sauf que… les traces de ton rire, le satin de ta voix, prisonniers tous deux d’une odeur fraise vanille. Le chuchotis d’un vieil écran. Et la vie pétille.

Commentaires
C
et barpapa klo !
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K
Nostalgie, douceur et brume...
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C
gballand, j'avais tellement envie d'un peu de fête pour une consign bien plus gai!<br /> <br /> Mister P, ce ne sont pas mes préférés mais les films à l'eau de rose ont un petit quelque chose de charmant.
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P
Texte gourmand pour film sucré ! Miam :D
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G
Belle atmosphère que celle que tu nous peins ici par petites touches passé/présent ; tous les sens sont sollicités, comme à ton habitude, pas de répit pour le lecteur. Et puis la tendresse, toujours... J'aime beaucoup cette réplique "La guimauve, c’est tendre comme un cœur, comme une petite sœur".
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Presquevoix...
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