La patience du photographe
Il était détective, mais avant tout photographe amateur à ses heures perdues. Sa devise tenait en une seule phrase : « la patience est la première arme des bons chasseurs ». Son appareil en poche, il arpentait la ville de long en large, profession oblige. Il mettait un point d’honneur à ce que cadrage et lumière soient parfaits, même si ses clients - sa petite entreprise fonctionnait à coup de maris et de femmes trompés - se fichaient éperdument de la qualité de ses clichés.
Ce samedi-là, à 7 heures, quand son chien découvrit le corps sur la plage - la tête avait disparu et il ne restait plus qu’un tronc et une partie des membres inférieurs - il ne put s’empêcher de sortir son appareil, sans doute pour conjurer la mort. Après avoir pris un nombre incalculable de photos, il avertit la police. Deux semaines plus tard, celle-ci cherchait toujours le nom de la victime. Les meilleurs clichés du corps étêté, ils les avait conservés dans le premier tiroir de son bureau et ce, pour deux raisons simples : il connaissait la victime - une amie d’enfance qui avait su un temps chasser l’angoisse de ses nuits sans sommeil - et il connaissait le meurtrier… seulement, serait-il assez fou pour se dénoncer lui-même ?
PS : Merci à Pastelle pour le titre suggéré