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Presquevoix...
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30 novembre 2010

Les Livres

Il écrivait des livres, un par an, et nous – les amis - nous les lui achetions. Jamais nous ne les lisions. A chaque livre, nous avions droit à un autographe, puis les livres prenaient gentiment leur place sur l’étagère de la cave où ils se recroquevillaient frileusement en attendant qu’un jour, peut-être, quelqu’un les lise…

29 novembre 2010

Mort

Il était mort sans la prévenir et elle lui en voulait  ; elle n’avait pas eu le temps de lui dire qu’elle l’aimait…

28 novembre 2010

La retrouvée

Il y a des gens que l'on croit reconnaître mais les reconnaissons-nous vraiment ? Pour lire le texte, c’est ici.
Le texte est de gballand  et le collage de Patrick Cassagnes.

27 novembre 2010

La mamie

Elle avait changé juste après son anniversaire - elle venait de fêter ses 70 ans -  et sa première remarque déplacée avait été pour son fils et  sa belle-fille :
- Avec un bide comme le tien Mathieu, moi, je ferai un régime ; quant à toi Marie, tu as un cul du bordel de Dieu !
Ils n’avaient rien dit mais n’en avaient pas moins pensé qu’elle perdait la tête. Leurs regards perplexes l’avaient fait pouffer de rire et depuis, elle n’arrêtait pas… Ce qu’elle préférait, en semaine, c’était faire la sortie des lycées. Juste avant midi, ou à 16 heures, elle se postait non loin de l’entrée d’un lycée parisien – jamais le même -  et multipliait les propos indécents qu’elle savourait avec bonheur sous le regard ahuri des adolescents en fleur…

26 novembre 2010

Le fils de pute

- Il m’a dit « Nique ta mère, sale pédé ! », c’est pour ça que je me suis énervé, se justifia-t-il auprès du policier qui le consigna dans son rapport.
Le policier attendit quelques instants et lui demanda :
- Et alors ?
- Alors  quoi ! Ce fils de pute, il a pas de respect ! Répondit-il en s’échauffant.
Le policier conclut :
- C’est pour ça que tu l’as roué de coups et que tu l’as laissé pour mort ?
L’adolescent s’agita sur sa chaise et bougonna quelque chose que le policier voulut lui faire répéter mais il s’y refusa.
- Au fait je dois te dire une chose :  le fils de pute, comme tu dis, il est mort ce matin à l’hôpital.
Le gamin conclut :
- Il l’a bien  cherché, il avait pas de respect ce fils de pute !

25 novembre 2010

Les opinions

Elle regardait les feuilletons à la télévision, ne lisait aucun journal et se refusait à écouter quelque opinion que ce soit, à part la sienne, de peur d'être manipulée.  Elle avait  ses opinions à elle – son petit stock hérité à la naissance – et elle les garderait jusqu'à la mort.

24 novembre 2010

La concession

Elle avait écrit une lettre touchante au maire du petit village où son chanteur préféré avait été enterré. Avant de l’envoyer, elle avait demandé à son mari de la lire, à cause des fautes, elle avait toujours été nulle en orthographe. Il la parcourut des yeux puis s’écria : 
- Tu ne vas quand même pas envoyer ça au maire ?
- Pourquoi ? C’est à cause des fautes ?
- Non, pas les fautes, mais ton idée à la noix !
Elle voulait acheter une concession près de la tombe de ce chanteur dont elle avait suivi la carrière du début jusqu’à la fin ; quel mal y avait-il à ça ?
- Tu es jaloux !
- Moi ? Jaloux ? D’un chanteur qui est mort et qu’en plus je n’aimais pas ? Mais je m’en fous complètement.
- Peut-être, mais tu es jaloux parce que je ne veux pas être enterrée avec toi !
Il la laissa parler ; il la laissait toujours parler pour avoir la paix. D’ailleurs, s’il y avait une vie après la mort, il plaignait le pauvre type. Entendre sa femme pour l’éternité, il ne le souhaitait  à personne, même à son pire ennemi.

23 novembre 2010

Les amygdales

Il lui avait dit  qu’une webcam placée dans sa molaire gauche observait ses amygdales en permanence. En ce moment des points blancs sur son amygdale droite lui causaient quelque souci et ils n’étaient pas là par hasard : quelqu’un lui en voulait !
Elle ne l’interrompit pas, mais elle se demandait s’il n’était pas temps de  le faire interner…

22 novembre 2010

Duo

Duo avec Caro-carito du blog « les heures de coton » :

il s’agissait d’écrire un texte en prenant comme point de départ, cette photo de « nuages de photo » et la chanson "Via com me" de Paolo Conte. Le premier texte est de Caro-carito, le deuxième de gballand.

Horoscope ascendant Verneau (caro-carito)

automneNormalement, c’est l’heure où je m’arrête pour prendre un café dans le village le plus proche. Après j’enclenche le rendez-vous suivant et je suis d’attaque jusqu’au déjeuner. Mais, cette semaine, je me retrouve dans le Morvan. Je ne suis pas sûr que le rade où j’ai échoué ait un nom. En tout cas, ce troquet s’est endormi bien avant la promulgation de la loi Evin, vu l’épaisseur de la fumée de clopes et de la couche de poussière qui stagne sur les étagères. J’y ai repéré une collection de bouteilles de guignolet, gnôles diverses et autres curiosités qui s’entassent gaiement entre les chiures de mouche et les dessous de bock graisseux. Je venais de fêter mes six semaines d’abstinence. Rayon fumeur. Aussitôt entré, je suis donc ressorti pour mettre, entre moi et ce lieu de tentation, quelques kilomètres salvateurs.
J’ai roulé une bonne demi-heure avant de bifurquer sur un petit chemin. Au bout de quelques kilomètres, je me suis arrêté devant un arbre à la frondaison dorée. La radio débitait mon horoscope, plutôt cœur que sexe, pas trop d’argent et une santé de quarantenaire sur le retour. J’ai ouvert la portière. Depuis trois mois, les astres me promettaient monts et merveilles, la chance au loto, le grand amour pour ce soir. Entre temps, Maryline m’avait quitté. Mon banquier aussi. Je tairais mes soucis de second ordre, clientèle ronchonneuse, voiture ponctuellement en panne, les dégâts des eaux de la mamie du dessus.
Je me suis éloigné de quelques pas. Quand je pense que pas plus tard qu’avant-hier, en désespoir de cause, je suis allé chez Lucia, qui déchiffre l’aventure, bonne ou mauvaise. Elle m’a pris deux cents euros pour me dire que j’étais ascendant Verseau. A une poignée de minutes près, il paraît que j’aurais viré ascendant cancer ou un truc plus adéquat… Mais non, c’est Verseau. « Et Verseau, m’a-t-elle dit, c’est pas pire ou meilleur. Faut pas croire. C’est juste que les astres sont muets ». Après, elle s’est envasée dans une explication à base d’étoiles et de configurations invisibles. Au bout d’un moment, elle s’est tu. Est-ce parce que je lui ai filé deux autres billets… mais en partant, elle m’a serré le bras, en me soufflant : « Faut croire en rien, c’est le meilleur chemin. »
Je m’adosse à ma bagnole. L’autoradio chantonne toujours, et je reconnais cette voix des premiers flirts, ceux qui ne s’arrêtaient pas en vous flanquant une baffe au moral. J’ai sorti de ma poche le paquet de clopes que j’avais piqué au comptoir. J’ai pensé à la peau de Maryline, tendre à ne plus savoir qu’en faire. Et là, aussi sûrement que le soleil clignotait à travers les branches rousses, aussi sûrement que l’on emballait à la pelle dès que le disc jockey envoyait un slow, j’ai su que ce temps-là ne reviendrait pas.
J’ai savouré jusqu’au bout cette p….. de Marlboro. Je me suis dit que je retournerai pour déjeuner dans ce bled oublié. Pour les murs jaunes et les moulures grenat. La blanquette inscrite à la craie comme plat du jour. Et parce que la serveuse, quand je suis entré, m’a regardé d’un air qui m’a fait baisser les yeux un cran plus bas. Et là, grisé par cette chanson ensoleillée, je me dis que, dans mes mains, ses seins seraient nacrés comme la chair juteuse des poires.
Et que j’aimerais bien y prendre un petit peu goût.

Viens ! (gballand)

automne- Allez, viens !
Mais il ne voulait pas. Il s’était allongé sur le sol jonché de feuilles mortes ; pas moyen de l’en faire partir à moins, peut-être, de le provoquer :
- Si on arrive en retard, tu vas te faire anéantir !
- Je m’en fous ! répondit-il énervé, je n’en ai plus rien à foutre.
Il finit par s'asseoir, enfouit ses mains dans les feuilles et il les fit voltiger autour de lui en riant :
- Regarde ! C’est beau, c’est l’automne qui pleure l’été.
Pourquoi ces simagrées, lui qui d’habitude n’était que raison et mesure. Il s’était à nouveau couché sur le lit de feuilles, mais cette fois sur le ventre et son corps oscillait doucement comme s'il s'unissait à la terre humide. Elle détourna les yeux. Etait-il possible que cet être raisonnable, son propre frère, prenne le chemin de la folie pure ? Elle essaya une dernière fois de le ramener à elle :
- Ca suffit maintenant. Tu me fais peur. Si tu as quelque chose à lui reprocher, dis-lui en face.
- Je parlerai jamais à ce con ! Tire-toi maintenant ! Je veux être seul.
Il se releva, les mains pleines des couleurs de l’automne, éclata d’un rire nerveux et courut vers l’arbre le plus proche dont il enlaça le tronc de ses bras frêles. Il l’embrassa  et déclara d’une voix grandiloquente :
- Maintenant, mon père, c’est toi, pas ce con  qui couche avec ma mère et qui se prend pour mon père !
Elle jeta un dernier regard à cette scène noyée de soleil d’automne, puis elle partit en courant. Elle ne pouvait plus rien pour lui, elle ne le comprenait plus, il était trop tard…

21 novembre 2010

Entre chien et loup

« J’ai toujours  entendu le hurlement des loups, aussi loin que je me souvienne… »
Pour lire le texte, c’est ici.
Le collage est de Patrick Cassagnes et Le texte de gballand.

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