La concession
Elle avait écrit une lettre touchante au maire du petit village où son chanteur préféré avait été enterré. Avant de l’envoyer, elle avait demandé à son mari de la lire, à cause des fautes, elle avait toujours été nulle en orthographe. Il la parcourut des yeux puis s’écria :
- Tu ne vas quand même pas envoyer ça au maire ?
- Pourquoi ? C’est à cause des fautes ?
- Non, pas les fautes, mais ton idée à la noix !
Elle voulait acheter une concession près de la tombe de ce chanteur dont elle avait suivi la carrière du début jusqu’à la fin ; quel mal y avait-il à ça ?
- Tu es jaloux !
- Moi ? Jaloux ? D’un chanteur qui est mort et qu’en plus je n’aimais pas ? Mais je m’en fous complètement.
- Peut-être, mais tu es jaloux parce que je ne veux pas être enterrée avec toi !
Il la laissa parler ; il la laissait toujours parler pour avoir la paix. D’ailleurs, s’il y avait une vie après la mort, il plaignait le pauvre type. Entendre sa femme pour l’éternité, il ne le souhaitait à personne, même à son pire ennemi.