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21 octobre 2010

L'interdit

Elle freina devant la pancarte. « Interdit aux femmes à vélo », c'était écrit en gros. Elle décida de braver l’interdit. Sur son vélo bleu, elle pédalait de toute son âme, insensible au froid et à l'humidité. Elle allait leur montrer de quel bois elle se chauffait, elle, la fille au vélo.  Soudain, elle entendit  un hululement, puis un autre et encore un autre, mais elle continua à pédaler comme si de rien n'était, elle irait jusqu’au bout, elle se l’était promis...
Le lendemain, on la retrouva morte à la lisière du bois, juste sous la pancarte. On lui avait accroché sa chaîne de vélo autour du cou.

20 octobre 2010

Se saluer

Tous les jours, sauf le dimanche, il est assis dans le même café, à la même table, et on le salue. Passablement énervé il me dit :
- Il y en a qui ont les mains moites et dégueulasses dès le matin.  Pourquoi ils veulent tous me serrer la main ?
Lui, son idéal, ce serait qu’on le salue sans lui serrer la main, mais il a peur de se faire mal voir s’il refuse les mains tendues. Il est sûr qu’il y en a qui le traiteraient de racistes…

19 octobre 2010

Le caniche

Il n’arrêtait pas d’aboyer, l’odieux caniche, impossible de se concentrer sur Libération. Elle avait déjà fait une remarque à la propriétaire, une femme plissée et fardée jusqu’aux yeux, mais celle-ci l’avait vertement remise à sa place. Etait-elle la seule à être exaspérée par ce ridicule roquet au manteau rouge que sa  maîtresse bichonnait comme un jeune amant ?
L’animal continuait à criailler de sa voix suraiguë, elle n’en pouvait plus. La propriétaire  grattait amoureusement la tête de la bestiole  en murmurant de sa voix sucrée  « doucement mon coco, doucement, on va bientôt sortir, calme-toi. »
Elle sentait bien depuis quelques mois qu’elle développait une inquiétante allergie aux chiens. Elle en avait d’ailleurs averti son médecin traitant, mais il avait pris l’affaire à la légère :
- Ça passera, l’avait-il assurée. Le chien est l’avenir de l’homme, regardez autour de vous, vous aussi vous y viendrez ! 
Il savait de quoi il parlait, lui aussi avait un chien qui trônait sur le fauteuil à côté de son bureau.
Elle regarda la vieille d’un air mauvais et tenta une dernière remarque, sans succès.  Lorsque le caniche recommença à donner de la voix pour un nouveau solo, elle ouvrit calmement son sac, en sortit un petit revolver argenté et abattit la bête qui s’écroula sur le sol. Elle constata avec satisfaction qu’un seul coup avait suffi. Elle rangea tranquillement son arme dans son sac et dit d’une voix assurée :
- Une bonne chose de faite.
Puis elle se leva  et sortit du café, comme si de rien n’était.

18 octobre 2010

L’œil


C’était une rue sombre où des murs à la vigne vierge abondante préservaient  l’intimité de minuscules jardins privés. Elle aimait y passer, pour le plaisir de coller un œil entre deux pierres disjointes.

17 octobre 2010

La nuit n’est jamais complète

Et si la nuit n’était jamais complète ? Pour lire le texte, c’est ici. Le texte est  de gballand et le montage est de Patrick Cassagnes

16 octobre 2010

La grève

Mon ancien cerveau me manque. La dernière fois que  j’ai essayé d'aller le récupérer, ils ont bloqué les portes automatiques. J’ai eu beau frapper comme un fou, ils n’ont pas cédé.  Une voix m’a dit :
- On est en grève !
J’ai crié :
- Mais merde, vous pouvez bien faire une exception !
Et j’ai entendu le slogan suivant, en boucle, répété par un chœur de salariés : « La précarité, y’en a marre ! Les licenciements, y’en a marre ! Les salaires de merde, y’en a marre ! Les chefs et les patrons, y’en a marre ! Les inégalités, l’exploitation, le capitalisme… y’en a marre !»
Je me suis énervé :
- Et les clients ?
Et le chœur m’a répondu : « Lutte de classe contre le patronat ! Luttes sociales contre le Capital ! »
J’ai hurlé que je n’étais pas patron mais client. On m’a juste rétorqué :
- Tu te comportes comme un patron ! Et le rideau de fer est tombé.

15 octobre 2010

Le jeu

Elle lui avait dit l’air mutin :
- Tu te tais et tu obéis à mes ordres, c’est un jeu pour les hommes qui ne sont pas très sages.
Il imaginait déjà un jeu sexuel, dieu que les hommes sont naïfs. Le premier ordre qu’elle lui donna fut simple :
- Enlève ton pantalon !
Il s’exécuta, trop heureux. Puis elle ajouta :
- Va chercher la table à repasser !
- Où ? Demanda-t-il.
- A la cave !
Il faillit lui dire que faire l’amour sur la table à repasser n’était peut-être pas de la plus grande commodité mais pourquoi pas après tout ? Quand il remonta avec la table, elle avait le fer à repasser dans la main droite et la vapeur commençait déjà à fumer. Elle lui désigna un tas de linge qui attendait dans la corbeille en osier et elle conclut :
- Vas-y, tu as deux heures pour repasser tout ça !

14 octobre 2010

Les tennis

Au bord de la falaise elle avait d'abord jeté ses tennis, juste pour voir.  Rassurée sur leur sort, elle avait compté jusqu’à trois puis  s'était jetée dans le vide.
Personne n’a jamais retrouvé son corps ; mais en avait-elle un ?

PS : texte écrit dans le cadre des "impromptus littéraires"

13 octobre 2010

Les coups

Il la frappe régulièrement parce qu’elle l’énerve, oui, c’est ce qu’il a dit au juge quand celui-ci l’a interrogé. Mais la dernière fois, il l’a frappée plus fort et elle s’est évanouie, il faut dire qu’elle était allée trop loin, c’est tout au moins ce qu’il a crié.
- Trop loin ? Lui  fait préciser le juge.
- Oui, trop loin ! Elle voulait pas me donner d’argent pour les courses.
- Pas d’argent pour boire ? Vous voulez dire, répond le juge.
Et le type rétorque sans sourciller :
- Et alors, j’ai pas droit à une récompense après les courses ?
Un murmure parcourt la salle d'audience.

12 octobre 2010

Politique fiction ?

Ils étaient installés au comptoir d’un bar du 18ème arrondissement et sirotaient leur café de bon matin. Tous très bruns, trop bruns peut-être. Le plus jeune d’entre eux s’exclama :

- Moi, je te foutrais une bombe à l’Elysée et on n’en entendrait plus parler de ce connard !

Le plus âgé, à l’accent prononcé, ajouta :

- Et moi je m’occupe de sa veuve !

Le troisième conclut en rigolant :

- Allez Mohamed, va la poser ta bombe et on se retrouve au chantier.

Le lendemain, la police se présentait chez chacun d’entre eux à six heures tapantes…

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