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Presquevoix...
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30 septembre 2010

Le maquereau sur le grill

Il était maquereau comme d’autres étaient cuisiniers. Il n’avait pas la vocation, c’était arrivé comme ça, par désœuvrement,  quand il avait rencontré Maryse à Clichy. Et puis de filles en filles, il s’était construit une clientèle et son portable sonnait à toute heure du jour et de la nuit. Maintenant il faisait travailler 10 filles sur le boulevard des Belges, le soir. Jamais la journée, la journée elles se reposaient. Ce n’était tout de même  pas un négrier, et c’est pour ça qu’elles le respectaient. Elles lui disaient même :
- Avec toi, c’est pas pareil ! Et il les croyait.
Seulement, il avait commis imprudence sur imprudence. Maintenant, dans cette salle du tribunal où on le bombardait de questions, il avait l’impression d’être sur le grill et cette fois-ci, il n’échapperait pas aux braises ardentes de la justice...

29 septembre 2010

Le conditionnel passé

Elle était pieds et poings liés au conditionnel passé et  tant que les conditions ne seraient  pas remplies, elle ne pourrait jamais sortir de cette prison grammaticale...

28 septembre 2010

La jupe rouge

D'habitude quand on me bouscule  je pars au quart de tour, mais pas cette fois-là. Ce type n’était pas comme les autres.  Il est revenu sur ses pas, s’est excusé et m’a glissée :
- Vous ressemblez au petit chaperon rouge avec votre jupe.
Et, sur l'air de " Une petite fille en pleurs ", il a improvisé des paroles à la contrebasse :

Il n'y a pas de bémol avec une jupe rouge
Et moi qui suis séduit
Et moi qui suis séduit au milieu de la nuit
Mais qu’est-ce qu’elle m’a fait
Une petite en rouge à qui j’joue la grande scène
de l’homme fou amoureux
A qui j’veux faire croire que je vais la sauver !
C’est de quel côté ton cœur ?

Le plus étrange c’est que je l’ai cru et que je le crois encore. C’était il  y a 2 ans, rue Mouffetard.
Je sens encore sa main pianoter sur ma colonne vertébrale dans la nudité de ma chambre blanche. Il m’aimait toujours  en majeur et se moquait de moi en mineur. Quand il s’esclaffait, son rire accompagnait les mouvements de son corps.
- Toi tu es trop sérieuse, se moquait-il souvent, on va changer ça, tu vas voir !
C’est pour moi qu’il a composé  « la jupe rouge », en souvenir de notre rencontre. Il avait insisté pour que je la joue à la guitare avec lui, moi qui ne connaissais que sept accords. 
- Quand tu auras appris à  jouer et à sourire je pourrai partir, disait-il parfois.
Je lui répondais la mine boudeuse que  je ne voulais ni jouer ni sourire. Il me fermait la bouche d’un baiser. Il arrivait toujours à me convaincre. Un an après notre rencontre,  j’ai retrouvé le sourire et il est parti.
Samedi, j’ai joué  dans un petit cabaret non loin du Chatelet. Quand j’ai chanté la « jupe rouge »,  un grand type s’est avancé vers moi en fredonnant la chanson : c’était lui. Il était accompagné d’une femme blonde qui m’a saluée d’un signe de tête. A la fin du morceau il m’a dit :
- Tu vois, tu n’es plus un petit chaperon rouge,  maintenant tu es grande. Tu m’emmènes ?
Je ne lui ai posé aucune question. Lui non plus. On a passé la nuit ensemble  mais au petit matin j’étais seule dans mon lit. Il avait juste griffonné un mot :

Je dois partir, ce serait trop long à t’expliquer. « La jupe rouge » te va à merveille, les autres chansons aussi. Un jour je t’écrirai d’autres jupes rouges … je t’aime.

PS : texte écrit dans le cadre des "ateliers des impromptus littéraires"

27 septembre 2010

l'enfant

Il avait 15 mois et ne disait toujours pas maman. Elle s’inquiétait ; surtout qu’il disait déjà papa,  papi et même mamie. Mais quand la reconnaîtrait-il ?

26 septembre 2010

Déformation

Déformer peut nous jouer de très vilains tours… Pour lire le texte, c’est ici.
Le montage est de Patrick Cassagnes et le texte de gballand.

25 septembre 2010

L'histoire

fen_treMait_Le premier jour, elle était passée devant la fenêtre sans s’arrêter, le deuxième et le troisième aussi, mais le quatrième, elle n’avait pu s’empêcher de coller son visage à la vitre et elle avait nettement vu deux yeux noirs et un masque blanc.
Le soir même, elle en parla à sa mère. Celle-ci lui intima de se tenir à distance :
- On ne sait jamais, il est peut-être dangereux, tu sais ce qu’on dit sur lui !
Elle haussa les épaules. Un jour elle sonnerait à sa porte, elle en était sûre ; mais avant elle écrirait une histoire que lui seul lirait…

PS : fragment écrit à partir de cette photo gentiment prêtée par Maïté du blog « éclats de mots ».

24 septembre 2010

Mémoire

Il disait s’appeler comme il s’appelait mais les policiers disaient que non et il eut un doute : devait-il leur faire confiance ?

23 septembre 2010

Le Néandertalien

Tous les soirs c’était la même « farce », il lui déchirait les tympans avec ses solos de guitare électrique. Qu’il se prenne pour Jimmy Page, soit, mais pas à 20 heures quand il rentrait du travail harassé ! Il lui avait dit de baisser sa sono sur tous les tons, mais rien à faire. S’il avait parlé à un chimpanzé, les résultats se seraient certainement moins fait attendre.
Quand il frappait à la porte de la chambre, un grognement lui répondait, et quand il entrait, il voyait  la longue tignasse de son fils, agitée de spasmes, qui balayait le manche de sa guitare. Des cahiers, des partitions, des feuilles et des chaussettes sales jonchaient le sol, des chemises étaient jetées en boule dans un coin de la pièce et l’encens masquait difficilement une odeur de fauve. Il ne pouvait plus le supporter. Trop dur. Il était à bout. Et s’il le renvoyait  chez sa mère ? Bon débarras après tout. Il pourrait enfin inviter qui bon lui semblait à la maison sans se justifier.
Sa mère comprendrait enfin ce que c’est que d’élever un Néandertalien de 1 mètre 80, adepte de la monosyllabe, dont les yeux ne s’éclairent que pour vous laisser entendre que vous n’êtes qu’un « vieux con » !
C’était décidé, le soir même il lui enverrait un mail pour lui demander de le prendre chez elle, elle avait déjà eu deux ans de tranquillité, elle ! Et tant pis pour l’année scolaire qui venait de débuter ; après tout, il avait bien droit au bonheur lui aussi !

22 septembre 2010

Le forsythia

En revenant de vacances, elle remarqua que le forsythia près du balcon avait perdu toutes ses branches hautes : on lui avait fait une coupe au bol. Ce ne pouvait être l’œuvre que d’une seule personne : sa voisine.

Elle en eut la confirmation le lendemain :

- Il repartira mieux, vous verrez, lui assura sa voisine de sa voix rauque sans se préoccuper de ses états d’âme.

En attendant, elle ne pouvait plus rester assise sur son balcon sans que sa voisine ne la voie…

21 septembre 2010

L’opération

Quand le chirurgien avait entouré d’un cercle noir l’endroit à opérer, elle n’avait rien pu dire, l’anesthésie faisait déjà son effet. Elle le regretta toute sa vie...

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