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21 mars 2010

Les comprimés

« Comment vivre sans comprimés devant soi »… ? Je n'ai pas la réponse, mais j'en ai fait un texte et Patrick Cassagnes l'a illustré. Pour le lire, c'est ici. 

20 mars 2010

L’Apocalypse selon…

Maintenant elle était prête. Elle avait fait moisson de vivres, de quelques livres, et s’était aménagée un endroit à elle dans l’abri antiatomique. Tout pouvait exploser, elle s’en foutait ; elle mourrait en lisant Madame Bovary. Elle avait presque hâte qu’une bombe pointe le bout de son ogive pour mettre la touche finale à ce qui n’aurait jamais dû être…

19 mars 2010

La montre

Hier, j’ai oublié ma montre chez moi. Je déteste oublier ma montre. Il suffit que je n’en aie pas pour avoir la sensation d’être en retard.  Quand je suis arrivée sur le quai du métro, n’y tenant plus, je me suis adressée à un type qui n’arrêtait pas de regarder la sienne et de se la mettre à l’oreille.
- Vous auriez l’heure s’il vous plaît ? Lui ai-je dit.
Question bête, je vous l’accorde, mais je manque souvent d’imagination dans la vie de tous les jours. Il m’a répondu les yeux hagards :
- Chut, ma montre me parle !
Je n’ai pas pu m’empêcher d’ajouter :
- Et qu’est-ce qu’elle vous dit  ?
Il m’a dévisagé l’air furieux, comme si je le dérangeais en plein travail :
- Elle me dit que vous devriez vous mêler de ce qui vous regarde. Et à votre place, je ferais attention, parce que s’il me prend l’envie d’appuyer sur le détonateur…
Je n’ai pas demandé mon reste et j’ai marché à grandes enjambées jusqu’à l’autre bout du quai…

18 mars 2010

Les truffes

La veille, elle avait acheté 100 grammes de truffes dans une boulangerie. Après avoir mis les 1OO g dans un petit sachet transparent la boulangère - blonde, ronde et rose jusqu’à l’écœurement - le lui montra en disant d’une voie suraiguë  :
- Voilà 100 g, j'en mets plus peut-être ?
- Non merci, ça suffira, répondit-elle d’une voix neutre.
- C'est pour offrir ?
Que voulait-elle dire avec « c’est pour offrir » ? Voulait-elle lui signifier qu’elle se montrait pingre ? Elle en aurait juré. Ce n’était pas la première fois qu’elle remarquait la petitesse des commerçants.
Elle répondit poliment « Non, c'est pour moi, merci. »
Elle paya et sortit la tête haute.

17 mars 2010

Le collectionneur de moulins à café

Depuis deux ans il collectionnait les moulins à café. Sa femme ne supportait plus ces moulins qui trônaient dans les endroits les plus improbables. Il en avait même mis un aux toilettes. Allez savoir pourquoi !
Et s’il n’y avait eu que les moulins à café, mais non ! Depuis 30 ans qu’ils étaient mariés, elle lui avait connu la passion des voitures miniatures, des capsules de bouteilles, des couteaux de poches, des boutons de manchettes, des cartes postales…
Quand elle se plaignait à sa voisine, celle-ci lui répondait avec son bon sens coutumier :
- Tant qu’il ne collectionne pas les femmes !
Mais justement, ne les collectionnait-il pas aussi ? La dernière fois, en prenant sa veste, elle avait incidemment mis la main dans sa poche et elle avait trouvé des préservatifs fluorescents. Ce n’était certainement pas avec elle qu’il allait les utiliser…

PS : texte écrit après avoir vu la collection de moulins à café de Latil

16 mars 2010

Pluie phobique

Il pleut. Impossible d’aller à mon rendez-vous : je suis phobique. Une seule goutte d’eau me met dans un état indescriptible. La dernière fois que j’ai eu une crise, c’était avec mon mari – mon ex-mari devrais-je dire - nous étions au mois de juillet et nous venions de fêter notre première semaine de mariage. Nous avions décidé de célébrer les semaines et non les années car nous étions convaincus que cela fortifierait notre amour : nous nous trompions.
Donc nous sortions du restaurant, moi dans la robe rouge qui lui avait plu lorsqu’il m’avait vue sur les quais pour la première fois, et lui en jeans. Nous avons marché jusqu’au fleuve et, à l’endroit exact de notre première rencontre, il m’a embrassée. C’est à ce moment là que j’ai senti la première goutte de pluie ; j’ai frissonné violemment. Mon mari, lui, pensait que son baiser… je ne vous raconterai pas la suite, vous ne me croiriez pas. En tout cas, dès le lendemain de cette pluie d’été, il partait ; notre mariage a totalisé huit jours de vie commune.
- Les hystériques, très peu pour moi !
C’est tout ce qu’il m’a dit en faisant ses valises. Il a même emporté - et je lui en ai voulu - ce joli foulard en soie, bleu et rose, qu’il m’avait donné le lendemain de notre rencontre. Je n’ai pas essayé de le convaincre de rester, à quoi bon retenir un homme qui a peur ?
Depuis son départ, je ne cesse de rencontrer des hommes : les petites annonces du journal local font merveille ; Meetic aussi. Je me suis fixée une règle à laquelle je ne déroge jamais : un homme par mois. Jusqu’à présent je n’ai pas été déçue mais ai-je vraiment le temps de l’être ? Je les reçois souvent chez moi - phobie oblige - et je les fais parler d’eux, les hommes adorent parler d’eux, et moi j’aime les écouter, surtout quand ils parlent de leur femme. C’est étrange de les entendre parler de celle que j’aurais pu être moi aussi. Parfois je fais parler leur corps, si leur corps me parle…
Après chaque rencontre je prends des notes sur ces hommes qui naviguent sur l’esquif de ma vie. Eux, ils  descendent au premier port alors que moi je continue mon voyage, seule. Un jour j’écrirai sans doute un roman. Il s’intitulera : « Pluie phobique ou la passion des hommes ».
Si jamais je suis éditée, je vous avertirai, peut-être voudrez-vous le lire ?

15 mars 2010

Le lanceur de couteau

Elle avait grossi de trente kilos, pour lui :
- J’aime les femmes bien en chair, lui avait-il dit.
Un an plus tard, il la voulut mince. Elle essaya de maigrir, en vain. Il la quitta. Par trois fois, elle tenta de se suicider, peine perdue, la vie lui collait à la peau comme un vieux gant usé.
Elle se résigna à vivre, triste et grosse, jusqu’au jour où elle rencontra un lanceur de couteau. Chaque soir, il faisait le tour de son corps avec ses quarante couteaux et chaque soir, elle vivait le grand frisson de la vie.

14 mars 2010

Le cimetière sous-marin

Sur le blog jedoubleun photomontage de Patrick Cassagnes illustré par un texte de gballand

Une statue immergée peut parfois en dire  très long… Pour en savoir plus, c’est ici.

13 mars 2010

Le directeur de cabinets

Il est Directeur de cabinets en sous-sol, place de la Calende. Oh, de tous petits cabinets – il y en a peut-être quatre - et souvent, il remonte à la surface pour prendre l’air. Je le sais car je l’observe de la fenêtre du salon de Thé où je déjeune le lundi. Il faut dire que les odeurs de désodorisants et de désinfectants doivent prendre à la gorge : on ne se débarrasse pas comme ça du Canard WC !
Parfois, je me demande à quoi ça ressemble une vie de Directeur de cabinets…

12 mars 2010

Le peintre

Plus il regardait son tableau, plus il le trouvait laid. Ces sapins rachitiques et cette neige trop blanche lui devenaient odieux. Peut-être que si la forêt avait été plus touffue, les troncs plus gros et les feuillages moins verts... peut-être que si la neige avait été moins blanche…  Mais ne l’avait-il pas déjà touché et retouché mille fois ? L’épaisse couche de peinture était là pour en témoigner. Non, ce tableau le déprimait, il ne pourrait plus rien en tirer ; il ne voulait plus le voir. Après le repas, il le descendrait à la cave, comme les autres.
Et si désormais il peignait dans le noir ? N’était-ce pas son regard qui l’empêchait de peindre ?

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